Yennayer, une fête qui ressuscite Timidement, mais bon gré malgré, la population témouchentoise se prépare pour fêter Yennayer, une tradition séculaire célébrée de père en fils depuis bien longtemps. Très tôt, les commerçants annoncèrent l’événement en présentant les produits alimentaires sur des étals regorgeant de fruits secs, amandes, noix, dattes et raisins secs et pour l’incontournable plat de «cherchem», c’est plutôt les légumes secs, fèves, pois chiche et blé. Tout pour cela pour marquer cette période de germination de la graine. Généralement le blé ne se vend pas, ce sont les familles d’agriculteurs qui offrent cette céréale, essentielle pour le «cherchem» qui est servi le premier jour de Yennayer, soit le 11 janvier. Ce repas sain se compose d’un mélange de blé trempé la veille, clairsemé de pois chiche et fèves, et bouilli à la vapeur. Le soir de cette journée appelée «leïla el barda», nuit froide, les parents et leurs enfants s’attablent pour manger dans une ambiance extrêmement conviviale, le M’Khalate, un cocktail de fruits secs accompagné d’oranges et de friandises. Chaque enfant reçoit sa part dans un petit sac confectionné à l’occasion, de la taille d’une main adulte (Zewada), qu’il préfère entamer le lendemain matin. Il est à signaler l’existence du palmier nain (Doum), symbole de l’attachement irréductible à la terre. Les membres adultes de la famille veilleront la nuit en sirotant le thé à la menthe. La deuxième nuit, 12 janvier, appelée «Leïla El Hamia», nuit chaude, on égorge un poulet pour accompagner le plat de trid ou raggag. Saisissant cette occasion, les grands-mères racontent des histoires mythiques qui expriment l’extinction d’une année et l’arrivée d’une autre pleine de bonheur et d’espoir. Cette fête de Yennayer est célébrée à l’intérieur des foyers sans aucune manifestation publique. Toutefois, ce rite a résisté durant les années 90 à une tentative de déracinement par des allégations supposées religieuses, à l’ère de la montée de l’islamisme. Une dérive qui a assimilé cette fête à une invention contraire à la morale islamique (Bidaâ). Or, selon l’auteur Saïd Bouterfa, dans son livre Yennayer, ce rite existait dans le bassin méditerranéen. Il a écarté sa relation avec la victoire du roi berbère Chachnaq sur les pharaons, puis il argumente l’étymologie, Yennayer signifie en berbère premier et lune donc la pleine lune qui peut apparaître pendant les 12 mois de l’année et non en janvier seulement. Pour l’auteur et contrairement à l’opinion générale, Yennayer est un héritage d’un passé séculaire fêté par les paysans de la Méditerranée. Il découle de Inauar qui signifie chez les romains le dieu janus. Il est symbolisé par deux portes. Cependant, jusqu’à un temps récent, l’on croyait que les parents fêtaient les 11 et 12 janvier pour marquer leur distance des us et coutumes des colons chrétiens pendant la fin de l’année. Il reste à souligner que la culture locale à Aïn Témouchent fut d’origine bédouine, bien que la berbérite l’ait anticipée. A cette occasion, la Maison de la culture d’Aïn Témouchent a concocté un programme festif riche et varié comprenant une exposition d’arts plastiques, une autre des plats culinaires traditionnels que présentent les habitants d’Aïn Témouchent et un gala musical animé par la troupe Ghiwan du genre gnawi. Une troupe qui fonctionne sous la houlette du chef Hamada Ghazli et qui est à sa première apparition sur scène, après une rupture de plusieurs années. Et pour égayer les enfants, la Maison de la culture régalera les bambins de fruits secs et M’Khelate.
Posté Le : 11/01/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com