Algérie

Aïn Sefra se souvient de son fils, le père François Cominardi



Une soirée commémorative a été organisée dans la soirée du jeudi à Ain-Sefra à la mémoire du père François Cominardi. Dans une communication faite lors de cette veillée, I’intervention de Khelifa Benamara est à elle seule un devoir de mémoire envers le père Cominardi.
Cet homme, membre de la Communauté des pères blancs, fondée au siècle dernier par le cardinal Lavigerie, va s’occuper d’un secteur essentiel de l’économie : la formation des jeunes aux différents métiers et c’est ainsi que sous la direction de François Cominardi, un centre d’apprentissage voit le jour, d’où sortiront des centaines de mécaniciens, électriciens, soudeurs, plombiers, peintres, maçons, menuisiers, etc. Cominardi, qui n’est alors qu’un jeune homme débordant de vitalité et de bonne volonté, s’investit tous azimuts dans les actions caritatives en se rapprochant, en toute humilité, des couches les plus défavorisées de la population. “Ce sont des centaines de gens de Aïn-Sefra qui, mieux que moi, pourront témoigner de la constante disponibilité et de la générosité de l’homme”, dira Khelifa Benamara, romancier auteur de Grande Mue. Au milieu des années 1960, une autre facette du personnage se révèle : Cominardi s’intéresse à la préhistoire. A partir de 1967, se succèdent des découvertes de nouvelles stations rupestres dans le Sud/Ouest, notamment dans les régions de Tiout, Boussemgnoun et Arbaouat et ses communications sur les outils à graver, notamment au bulletin de la société d’archéologie et de géographie d’Oran. Ses recherches sur le terrain aboutissent finalement à l’élaboration du mémoire présenté à I’Institut de paléontologie humaine de Paris en 1980, une somme de travail impressionnante des recherches de fonds que n’ont pu mener des chercheurs pourtant plus réputés, qui I’ont précédé, parce que ne disposant pas du temps suffisant. Dans ce remarquable mémoire Cominardi apporte des informations essentielles, des hypothèses pertinentes et parfois un nouvel éclairage sur le néolithique. Il y traite de problèmes ardus relatifs à la question de datation, comme, par exemple, le problème de superposition de gravures, établit une carte réactualisée des stations existantes, effectue un recensement détaillé du bestiaire du préhistorique, situe les proportions de représentation de l’espèce humaine par rapport à l’espèce animale, donne des informations importantes sur l’environnement des gravures, aux différentes époques, définit de nouveaux traits de gravures, propose de nouvelles théories sur l’outil à graver, dégage des pistes de recherches originales relatives à la signification des scènes et à la position des personnages gravés. Grâce à cet homme patient et particulièrement méticuleux I’on dispose à présent d’indications de grande valeur sur l’appartenance radicale des gravures et donc sur la population qui vivait au Sud/Ouest aux millénaires précédents. La présence des dizaines de nécropoles du tumulus atteste, certes, d’une sédentarité très ancienne dans la région. Le mérite de Cominardi en la matière a été, grâce à de longues et patientes fouilles sur le terrain, notamment à Chellala Dahrania, étude publiée par la revue Lybica, Paris, 1994, de démontrer qu’il y a une ressemblance frappante et donc une continuité très nette entre les vestiges d’habitat de la fin du néolithique et ceux de la période berbère.




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