La brève, caniculaire, sordide et légendaire saison estivale sur les exécrables plages de la contrée d'Aïn El Turck s'achève avec le bec dans l'eau, dans les deux sens du terme, et cède le témoin à l'entame polissonne de la période automnale. N'ayant duré qu'un mois et moins d'une semaine et ce, en raison de l'interdiction d'accéder aux plages, dont certains passages ont été benoîtement emmurés, promulguée à titre temporaire par les autorités sanitaires, la laconique période des trempettes s'est finalement envasée dans une épaisse couche de mélasse. Presque toutes les activités commerciales, autorisées et/ou informelles, naviguant dans le sillage du balnéaire ont flirté avec la débine. Le coup de starter actionné le 15 août, date qui, ironie absurde du sort, coïncide avec la célébration de la fête de la fin des plages, a provoqué un rush mémorable d'estivants en quête d'un bol d'air iodé et des embouteillages nocturnes monstres au retour obligatoire sur la sombre route de la corniche supérieure, enfantés par un bonasse arrêté, relatif à un nouveau plan de la circulation routière, aussitôt annulé fort heureusement.Toujours est-il que la considérable ruée des estivants sur les plages a rendu la tâche extrêmement difficile sous un soleil de plomb aux forces de sécurité, gendarmerie et police, chargées de veiller au respect des mesures de distanciation et des gestes barrières. Gendarmes et policiers ont eu énormément de pain sur la planche, pas à voile, au cours de cette période caniculaire. Du coup c'est une ambiance singulière, quelque peu morbide, qui a chassé la morosité ayant prévalu depuis le début de l'été, s'est installée en cette deuxième semaine du mois écoulé sur les plages jalonnant cette côte. La zone englobant le site des Andalouses, Bomo plage, les lieudits la Grande plage et l'Etoile, de par la beauté de leur paysage, ont constitué le point de chute de familles venues de différentes zones de la capitale de l'Ouest et de ses localité limitrophes. Certaines d'entre elles ont exploité cette occasion pour entamer des prospections dans le but d'une éventuelle location de courte durée dans cette contrée avant la rentrée des classes.
« Un changement d'environnement afin de nous permettre de récupérer après un éprouvant confinement partiel dans le béton s'avère nécessaire» a expliqué un père de famille, qui venait de louer une habitation pour quelques jours dans la localité de Bouisseville. Cet argument a constitué la principale justification mise en exergue par d'autres vacanciers abordés à ce sujet. Ces derniers justifient, en effet, presque à l'unanimité, l'importance d'une sortie sur ce littoral pour leur progéniture surtout. « Mes enfants avaient grandement besoin de souffler. Ils étouffaient dans la cité dortoir où nous résidons. Un petit séjour sur la côte ne pourra que leur faire du bien» a commenté avec humeur l'un de nos interlocuteurs. Il importe de noter dans un autre registre que la crise sanitaire a également décuplé les affres de l'indigence chez les tributaires de l'emploi précaire dans le chef-lieu, à l'instar des trois autres municipalités de la daïra d'Aïn El Turck. Cependant, selon les témoignages glanés par Le Quotidien d'Oran, les mesures édictées durant le confinement, notamment l'interdiction d'accès aux plages, ont encore confronté nombre de ces tributaires d'emplois saisonniers à un dilemme insoluble. Ce dilemme a affecté particulièrement ceux qui survivent grâce à des misérables recettes rapportées par des activités saisonnières, autorisées et/ou informelles. « Nous souhaitons nous aussi avoir les moyens de nous protéger du virus… tout en assurant notre survie et celle de nos proches » ont fait remarquer des marchands d'un ton laborieusement sarcastique.
D'autres témoignages ont été formulés à ce propos par des cafetiers, des restaurateurs et des hôteliers, qui n'ont finalement pas échappé à la péroraison en queue de poisson de la saison estivale. « Le tourisme balnéaire local battait déjà de l'aile bien avant la crise sanitaire et maintenant il traîne beaucoup de plomb. L'hiver s'annonce sous de mauvaises auspices pour nous autres, qui travaillons en été afin de tenter d'épargner un peu d'argent pour le budget hivernal » ont péroré à ce sujet, avec une humeur bilieuse, des riverains de la localité de Saint Germain.
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Posté Le : 23/09/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rachid Boutlelis
Source : www.lequotidien-oran.com