Nombre de familles, demeurant dans les localités côtières du littoral
ouest, subsistent grâce aux produits de la pêche artisanale.
Cependant les petits pêcheurs, membres de ces familles, sont confrontés
depuis près d'une décennie à une disette, engendrée, dénoncent-ils, par les
pratiques qualifiées de frauduleuses perpétrées par certains chalutiers. «La
multiplication des atteintes à la flore et à la faune marine sont à l'origine
de la rareté, voire la disparition de plusieurs espèces de poissons », a
commenté l'un d'eux, domicilié dans la localité de St Germain. Et de renchérir :
«à titre d'exemple, le mois de mars est par excellence la période du calamar, mais
malheureusement on ne le trouve plus sur nos côtes». Un autre parle de
«massacre» de la faune : «une minuscule sardine, proposée à la vente à 150
dinars, dans les marchés et ce, au vu et au su de tous, sans que personne ne crie
au scandale». Cet état de fait a suscité le courroux des amateurs de la pêche
artisanale activant sur ledit littoral. Ils ont, une fois de plus, pointé un
doigt accusateur en direction de certains chalutiers qui continuent d'utiliser
des chaluts en dépit des mises en garde du ministère de tutelle. Disposant
d'une petite embarcation et d'un équipement sommaire, le tout acquis à la
faveur d'une formule d'aide de l'Etat où pour la plupart en cassant leur
tirelire, ces petits pêcheurs dénoncent «les pratiques perpétrées en violation
à cette mesure d'interdiction de pêcher dans des zones définies à l'aide de
filets spécifiques, qui entravent plus particulièrement la reproduction du
poisson». La grande majorité d'entre eux, issus de familles nécessiteuses, tentent
de subvenir aux besoins des leurs, dans des conditions difficiles. La plupart affirme «n'avoir pas pu bénéficier de la précieuse
subvention de l'Etat pour diverses raisons, parmi lesquelles figurent notamment
les critères draconiens exigés par l'Administration pour prétendre à ce crédit.»
Nos interlocuteurs révèlent qu'ils ont été dans l'obligation d'emprunter de
l'argent pour ce besoin. «Il n'y a presque plus de poissons sur nos côtes ! Des
chalutiers contrevenants continuent à faire fi des règles en vigueur en rasant
tout sur leur passage à l'aide de leurs filets. Beaucoup d'espèces de poissons
seront exterminées si aucune mesure n'est prise pour arrêter le massacre ». Faute
de mieux, ces amateurs de la pêche artisanale exposent leurs maigres prises à
la vente, sur des tréteaux de fortune, dans les différents marchés essaimés sur
le territoire de la daïra d'Aïn El Turck. Généralement, ils sont taxés de revendeurs à la
sauvette, car ne disposant ni de lieu et encore moins d'une autorisation leur
permettant d'exercer leur activité. «On s'interroge sur l'indifférence éprouvée
à notre égard. Nous vivons dans des conditions très difficiles et si cela
continue nous ne pourrons plus subvenir aux besoins de nos familles. Je ne sais
pas faire autre chose», a fait remarquer un jeune pêcheur associé à trois
autres jeunes de son âge dans cette activité. «Nous ne pouvons exercer durant
la saison automnale et hivernale en raison des mauvaises conditions
météorologiques. Nos petites embarcations ne tiennent pas la mer lorsqu'elle
est en proie à une houle. Nous chômons souvent jusqu'à sept mois par année. Ces
derniers jours avec le retour du beau temps nous tentons de récupérer» a
renchéri l'un des ses trois compagnons. Et d'affirmer : «trois d'entre nous ont
disparu en mer voilà plusieurs mois. Leurs corps n'ont pas été retrouvés. Ils
avaient l'intention de remonter leurs filets au large de la localité de St
Germain. Ils n'étaient pas assurés et leurs proches n'ont pas bénéficié d'un
capital décès. Le plus grave est que leur cas n'est pas isolé.»
Ces révélations suscitent nombre
d'interrogations par rapport aux instructions de la tutelle, relayées par des
discours, qui sont essentiellement axés sur la promotion des petits métiers
plus particulièrement la pêche. Hamid, un amateur de
la pêche côtière exhibe des requêtes adressées aux instances concernées pour
tenter d'attirer leur attention sur ce qu'il qualifie de «pillage de la faune
marine.» Notons qu'un grand nombre de férus de la pêche à la ligne, fréquentant
les plages du littoral ouest, ont exprimé leur solidarité avec ces pêcheurs.
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Posté Le : 20/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rachid Boutlélis
Source : www.lequotidien-oran.com