Algérie

Aïn El Hammam, un jour de marché



A huit heures, la ville dort, encore. Debouts sur le seuil de leurs échoppes, les commerçants s'essuient, encore, les yeux et vous répondent d'une voix enrouée qui en dit long sur leur programme de la veille. Eux, savent que le gros de leur clientèle n'arrivera qu'à partir de neuf heures. C'est la raison pour laquelle ils calquent leurs horaires sur ceux des administrations. En dehors de quelques lève-tôt qui ne dérogent pas à leurs habitudes, la plupart des Micheletois ne commencent à hanter la ville que tard dans la journée. Ils y resteront jusqu'au soir. Ce qui explique qu'ils ne sont pas pressés de faire leurs courses. Ce n'est que vers dix heures que la bousculade commence. Par expérience, c'est de la rue qui domine le souk, qu'on repère les endroits intéressants du marché des fruits et légumes. Les attroupements s'effectuent, généralement, autour des marchands dont les prix sont attractifs. Ceux-là viennent de loin et doivent liquider leur cargaison avant treize heures et repartir à vide. Leurs cris, vantant la qualité de leurs produits, se font de plus en plus insistants, défiant les voisins qui, à leur tour, se sentant agressés, répliquent par une baisse de prix pour s'aligner sur les prix du provocateur, sous l'oeil vigilant des « affairistes ». Les allées, toujours encombrées par de petits camelots, permettent, par endroit, tout juste le passage d'une seule personne. Les gens, en file indienne, se croisent, se saluent et, inévitablement enchaînent une discussion. On se donne des nouvelles, on commente les derniers événements de la scène locale ou un match de foot, avant d'arriver au sujet du jour, qui les a attirés en ces lieux.La mercuriale est vite passée en revue. Ils trouvent rarement le marché à leur convenance. Les prix abusifs sont vite comparés à ceux de Draâ Ben Khedda ou de la route d'Azazga, pour la pomme de terre. Ils (les prix) ne diffèrent pas de ceux pratiqués dans les villages par les marchands ambulants. Un mouvement interminable de va et vient commence autour des étals. Ce n'est qu'après plusieurs tours pour repérer les étals intéressants que les clients fixent leur choix. C'est au nombre de couffins et à leurs poids que l'on reconnaît les pères de familles nombreuses. Ils se mettent à plusieurs pour transporter leurs achats, en dehors de l'enceinte du marché vers la grande rue, déjà noire de monde. En dehors des fruits et légumes, c'est le domaine des revendeurs d'autre genre. Sur la grande rue, on trouve de tout. Du briquet à la pièce détachée d'occasion, en passant par des produits de quincaillerie, de biscuiterie et autres insecticides. Ici, l'anarchie atteint son maximum. Les trottoirs et la chaussée ne peuvent pas canaliser cette marée humaine. Il n'y a pas suffisamment de place pour tous. Les tables des revendeurs, empiètent sur la chaussée, ne laissant que l'espace nécessaire au passage d'un véhicule. Il suffit d'un seul arrêt pour créer un bouchon. Les automobilistes ne s'en sortent qu'au prix d'un concert d'avertisseurs sonores qui aura duré plus d'un quart d'heure et parfois plus.


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