Algérie

Ain el Hammam (Tizi Ouzou) - Les montagnards face aux hivers rigoureux



Ain el Hammam (Tizi Ouzou) - Les montagnards face aux hivers rigoureux




"Même si certains nous envient nos paysages touristiques, la vie n’est pas toujours facile", dit un retraité de Ain El Hammam qui juge que l’hiver «frappe au moment où on s’y attend le moins». Il est imprévisible. Si par expérience les habitants des contrées montagneuses s’y préparent à l’avance, ils ne sont jamais à l’abri de surprises.

Les neiges de 2007 et de 2012 où les étagères des commerces se sont vidées en un clin d’œil, en sont une parfaite illustration. Les ménagères qui disposent toutes de stocks de denrées alimentaires les renouvellent périodiquement, en prévision d’une éventuelle mauvaise période.

«Il fut un temps où il était mal vu, sauf en cas de nécessité absolue, d’attendre la neige pour s’approvisionner en bois ou en semoule», raconte le vieil homme pour insister sur les réflexes que doit avoir un bon père de famille.

C’est pourquoi les magasins sont pris d’assaut avant l’arrivée de la neige dès que la météo l’annonce.

Connaissant les difficultés de rallier la ville sous la neige, les réserves sont, ces derniers temps, complétées par du lait en sachet dont la pénurie ira grandissante à mesure que durera la neige.

Il faut aussi faire face aux prix que certains commerçants, sans scrupules, saisissent l’occasion de monter en ces moments là au détriment des petites bourses mises encore à contribution.

Malgré la multiplication des rotations des engins de déneigement, la circulation automobile devient dangereuse. Seuls les véhicules tout-terrain s’aventurent sur les routes, désormais occupées par les piétons qui parcourent parfois jusqu’à dix kilomètres en longues processions. On se redécouvre des dons pour la marche.

Les vieux balluchons redeviennent à la mode. Certains trainent derrière eux des jerricans de fuel ou une bonbonne de gaz qu’ils ont pu se procurer. Les grosses neiges, en effet, ne permettent pas aux camions de Naftal de circuler surtout que le centre de distribution se trouve sur un site exposé aux intempéries.

Clairvoyants les villageois, comme au temps de leurs ancêtres, prévoient des stocks de bois de chauffage. D’ailleurs, les nouvelles constructions sont dotées de cheminées de secours, en attendant le fameux gaz de ville qui ne semble pas pressé d’atteindre tous les foyers. Ce «luxe» comme l’appellent les nostalgiques de l’ancienne époque n’est pas permis à tous ni à ceux qui habitent des HLM. La grande difficulté réside dans la distribution d’électricité pour cause de pannes parfois, difficiles à réparer qui surviennent en cette période.

La rupture d’un câble ou l’effondrement d’un pylône sous le poids de la neige peut entrainer une coupure de plusieurs heures, voire de deux à trois jours.

Pour limiter les désagréments, les habitants commencent à doter leurs maisons de minuscules groupes électrogènes qui se vendent, d’ailleurs, de plus en plus.

Toutes les administrations fonctionnent au ralenti. En dehors des chefs, la plupart des employés préfèrent rester chez eux, sachant que, de toute façon, les usagers ont d’autres préoccupations que d’aller se faire délivrer des «papiers».

Par précautions, les élèves ne rejoignent pas les établissements scolaires, tout comme les professeurs d’ailleurs, dont bon nombre réside loin du lieu de travail. Qu’à cela ne tienne! Malgré toutes les difficultés les gens gardent le sourire et les cafés sont bondés.

Dans les foyers, pourvu qu’il y ait de l’électricité et qu’on soit au chaud, les mères de famille ressortent les bons plats chauds d’antan comme thachepat, thighriffines, thichoufthines et autres, au grand bonheur de tous. S’ils ne demandent pas aux «chefs» de changer le climat, ils exigent en revanche, le minimum de conditions de vie.

«Quelle que soit la quantité de neige qui s’abat sur la région, la vie doit continuer, si possible avec le minimum vital», conclut un citoyen.

Nacer Benzekri



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