Aïn El Hammam : le tapis de Ouaghzen menacé de disparition

Lorsqu'on évoque le tapis berbère, on pense souvent à celui d'Ait Hichem, fort connu dans la région, voire au-delà.Pourtant, à moins de dix kilomètres de là, se trouve le petit village de Ouaghzen dont le tapis n'a rien à envier à celui de son voisin. Bien que reconnu, on en parle peu et personne ne semble intéressé par son devenir. Son cachet particulier (on parle du «motif de Ouaghzen») en fait un élément important du patrimoine culturel berbère à préserver.
C'est dans les années 1970 que le centre artisanal destiné à former des tisseuses a vu le jour à Ouaghzen sous la direction de la défunte Na Taous Ath Abdeslam, une artiste en tapisserie. En plus d'avoir créé le motif de Ouaghzen, elle a formé plusieurs générations de jeunes filles qui, aujourd'hui, mères de familles, vivent du produit de leurs mains.
La plupart des filles de la région du arch d'Ath Menguellet, rejetées du système scolaire, y trouvaient refuge pour une formation qui, plus tard, devait leur permettre d'assurer leur subsistance.
Le départ à la retraite de la doyenne des tisseuses (Na Taous en l'occurrence), ainsi que la disparition de sa remplaçante, ont sonné le glas de «l'artisanat », comme aiment à l'appeler les gens de la région. Les métiers à tisser sont remisés ou plutôt, comme l'affirme notre source, «déplacés ailleurs». Il ne subsiste alors que la section couture. Si certains doivent évoquer le manque d'engouement des filles, les habitants rétorquent que celles-ci n'y trouvent aucun encouragement. Si les responsables ayant à c?ur de préserver le patrimoine culturel local en général et l'artisanat de Ouaghzen en particulier, ils devraient éviter de raisonner en termes de rentabilité.
Aux dernières nouvelles, un budget de deux milliards de centimes serait dégagé pour l'aménagement du centre artisanal. La population attend avec impatience le retour du tapis.