L'été a débuté il y a un mois, la récolte
de la pomme de terre de pleine saison est achevée. Le prix de détail à la
consommation oscille actuellement entre 25 et 35 DA le kg selon les places.
Un prix jugé acceptable et qui fait le
consensus entre producteur, commerçant et consommateur. Nous sommes donc loin
des 70 et 80 DA le kg de certaines périodes passées. A noter aussi que
l'importation du tubercule de consommation a cessé depuis des années, ce qui
n'est pas rien quand on se rappelle que l'Algérie en importait par bateaux
entiers au grand bonheur de producteurs étrangers et des intermédiaires qui se
«sucraient» au passage. C'est pour, affirme la direction des Services agricoles
de la wilaya de Aïn Defla, protéger le consommateur et le mettre à l'abri de la
spéculation sans vergogne de certains commerçants peu scrupuleux, mais aussi
pour protéger le producteur qui s'investit dans la bataille pour la production
et assurer tout au moins pour la pomme de terre l'auto-suffisance alimentaire.
‘'Une bataille que nous devons gagner», nous dit à ce sujet Mr Achour Merzak,
le DSA. C'est donc dans ce but, maintenir l'équilibre entre l'offre et la
demande, seules manière de réguler le marché et assurer la stabilité des prix,
indique-t-on, que le Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles à
large consommation) a été mis en place pour la 2e année consécutive. Selon les
promoteurs de ce système qui a démontré déjà l'année dernière son efficience et
son efficacité, il s'agit d'éviter la diminution de l'offre au cours de la
période septembre octobre, période intervalle entre la récolte de saison et
d'arrière-saison, une période où on assistait à une envolée des prix.
Ainsi, dans le cadre de ce système, à ce jour, 22 000 tonnes sont
stockées sous froid avec un objectif de 25 000 tonnes rien que sur le
territoire. Le déstockage, la mise en vente, se feront sur ordre de la DSA qui
a mis en place 2 cellules de surveillance et d'observation du marché et après
avis de ces cellules. Il (le déstockage) débutera, prévoit-on, le 10 septembre
prochain, une semaine avant l'Aïd, les besoins durant le mois de Ramadan, qui
débutera le 19 ou le 20 août, n'étant pas important.
La vente du kg est fixé entre 30 et 35 DA
et ne doit, assure-t-on en aucun cas dépasser les 40 DA. Concomitamment, la
campagne de culture d'arrière-saison a commencé. Selon les prévisions, ce sont
7.000 ha qui seront ensemencés, ce chiffre est revu à la baisse pour 3 raisons
au moins. D'abord, les agriculteurs se tournent vers la céréaliculture, le prix
à la vente du blé étant devenu plus attractif à raison de 4.500 DA le quintal
pour le blé dur. Vient ensuite le problème du manque de disponibilités de
différents engrais qui se sont raréfiés ces derniers temps où les arrivages
viennent très tardivement pour moult raisons dont la baisse de la production
chez Asmidal ou/et encore la réglementation mise en place devenue très
contraignante. La 3ème raison, et la plus importante, est l'élément essentiel,
voire vital : l'eau. A ce sujet, on rappellera ici que la wilaya de Aïn Defla,
l'une des plus nanties pour ne pas dire la mieux pourvue, dispose de 5 barrages
avec une capacité théorique de 580 millions de m3 avec un taux de remplissage
de quelque 250 à 300 millions de m3 selon les années avec, en plus, un millier
de forages destinés à l'irrigation des différentes cultures. La wilaya de Aïn
Defla dispose d'une superficie agricole irrigable de quelque 40.000 ha dont 20
300 formant le périmètre irrigué du Haut Chelif auquel il faut ajouter le
périmètre irrigable aussi, celui d'El-Abadia El-Amra (ouest de Aïn Defla) qui
s'étend sur 8.500 ha. Sur ces 2 périmètres, ce sont les cultures intensives qui
sont pratiquées, cultures grandes consommatrices d'eau et sur une grande
période de l'année. La wilaya de Aïn Defla est une zone agricole par excellence
qui a démontré chiffres à l'appui ses grandes capacités de production, à
l'irrigué : pommes de terre, semences, céréales, arbres fruitiers, fourrage
vert et maraîchages. On compte dans la wilaya de Aïn Defla 90 000 ha de
céréaliculture dont 15 000 ha avec une irrigation d'appoint. 27.500 ha de
maraîchage dont 20 500 ha de pomme de terre pour les 2 saisons, 14 500 ha d'arboriculture
fruitière (noyaux et pépins) 2.300 ha d'agrumes et 1.000 ha environ de fourrage
vert.
Un
plan de culture très important donc qui nécessite, exige même, sans quoi les
pertes sèches des investissements colossaux consentis seraient inévitables, au
moins un volume d'eau estimé à quelque 100 millions de m3/an. Or, selon les
informations que nous avons pu recueillir, non sans peine, les dotations
allouées n'ont jamais dépassé les 60 à 70 millions de m3. Par ailleurs, selon
d'autres sources, sur un besoin formulé de 120 millions de m3 pour cette année
le quota alloué n'a été que de 40 millions de m3. Toujours selon ces sources,
sur ces 40 millions les volumes réellement livrés sont de l'ordre de 17 à 20 %.
Ou va le reste ? Les agriculteurs, les associations d'irrigation attribuent ces
pertes à la déficience des réseaux même ceux fonctionnels parce que de nombreux
réseaux bien que neufs n'ont jamais servi. Lors d'une réunion, certains ont
même évoqué «la mauvaise gestion des secteurs de l'ANRH (Agence nationale de
l'irrigation) et même de l'ANBT (Agence nationale des barrages des transferts).
Un agriculteur se demande «veut-on nous pousser à procéder à l'arrachage de nos
arbres et à la destruction de nos vergers ? D'ailleurs, ici et là, certains
vergers sont devenus du bois mort». L'heure n'est plus aux reproches ou aux
critiques à l'encontre de personnes mais au fonctionnement de certains
organismes en charge de fournir de l'eau d'irrigation au bon moment, en
quantités suffisantes et de proscrire le gaspillage de l'or blanc.
La bataille pour l'auto-suffisance
alimentaire se fera avec toutes les parties concernées et la conjugaison, la
concertation, l'harmonisation des efforts de tous, faute de quoi, la bataille
sera perdue pour tous aussi.
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Posté Le : 27/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M N
Source : www.lequotidien-oran.com