Algérie

Aïn Defla - La couverture végétale rétrécit, la désertification s’installe





La couverture végétale du territoire de la wilaya de Aïn Defla accuse un déficit dont la tendance est à l’accroissement. Le taux de couverture actuel est estimé entre 28 et 30% alors que la norme prescrite est fixée à 40%. Ce déficit est comblé par une désertification qui s’installe.

Il semble que ce n’est pas le désert qui monte à l’assaut de la bande verte du nord du pays comme on pourrait le croire mais ce sont les actions menées ici et là qui portent atteinte à la couverture végétale vitale qui créent cette désertification.

En effet, c’est un faisceau de facteurs qui sont à l’origine de ce phénomène. Chaque année, les incendies de forêt ravagent des centaines d’hectares, une déforestation à des fins de charbonnage ou pour les besoins des entreprises de construction (poteaux de soutènement des dalles), des montagnes incendiées par le sommet ce qui ne permet pas la régénérescence des végétaux, entraînant parfois des glissements de terrain à l’image de celui de Aïn-Torki, en octobre 2008 où 5 personnes avaient péri, emportées par un torrent de boue noire de cendre, en plus des habitations détruites.

A ces facteurs vient s’ajouter la frénésie de la construction qui fait que des vallées verdoyantes jadis ont laissé place au béton armé, constructions individuelles et de promotion immobilière qui érigent de grands ensembles sous la poussée effrénée de la demande, l’emprise des voies de communication, routes, autoroutes et voies de chemin de fer.

Pour ce qui est du reboisement, le taux demeure dérisoire eu égard au déboisement. Il suffit qu’un arbre gêne une échoppe pour que le propriétaire le détruise sans qu’aucune autorité n’intervienne.

L’Etat quant à lui s’est désengagé des grands projets de reboisement à l’image du fameux barrage vert d’une certaine époque construit par les jeunes du service national.

Selon les services de l’environnement, on plante mal, n’importe quoi et n’importe comment. Pour preuve, ces «faux poivriers» résineux insalubres, et allergisants. On s’en est aperçu a postériori et maintenant on échafaude un plan pour s’en débarrasser, particulièrement en milieu urbain. Quand on sait qu’un arbre demande 50 ans pour devenir adulte, on imagine l’ampleur de la perte de temps.

Cependant, dans nos cités, depuis peu des budgets considérables sont engloutis dans des opérations d’amélioration du cadre de vie urbain et ce par l’aménagement d’espaces verts, très souvent non entretenus, abandonnés et dans la majorité des cas saccagés par l’incivisme de certains à qui on n’a pas inculqué cette fibre d’amour pour la verdure et pour l’arbre.

Récemment, nous avons constaté qu’une équipe œuvrait à réaliser un espace vert et même à planter du gazon dans un ensemble d’immeubles.

Un habitant nous dira «avant de planter du gazon il faut faire face à la saleté, éradiquer les amoncellements des ordures, sources de prolifération, de microbes et de moustiques…. à quoi cela sert-il de planter du gazon qui va être piétiné par les enfants et même les adultes, du gazon coûteux qui va très vite dépérir faute d’entretien?»

S’agissant des moustiques qui font des ravages, un autre citoyen nous dira «à quoi cela sert-il d’épandre des pesticides en juillet et août alors que les services communaux ont oublié que les traitements doivent être appliqués au niveau des foyers pendant la période d’éclosion, c'est-à-dire en février?»

Le directeur de l’environnement, M. Bounebab, résume ainsi la situation «Ce n’est pas le désert, c’est la couverture végétale qui recule».

Karim O.


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