Algérie

Aïn Allah (Dely Ibrahim) 13 familles expulsées



Aïn Allah (Dely Ibrahim)                                    13 familles expulsées
Délogement - Un contentieux oppose des travailleurs à leur employeur, l'ambassade de France.
Il y avait foule, hier, à Aïn Allah. Il y avait également un important cordon de sécurité, plusieurs ambulances de la Protection civile pour faire évacuer 13 familles de «leur» logement, dont des membres travaillent ou ont travaillé à l'ambassade de France.
Ces familles ont passé la nuit d'hier à la belle étoile et leurs meubles ont pris une destination inconnue, si ce n'est un transporteur qui a rassuré l'une des personnes délogées, qu'il allait les mettre à sa charge dans un lieu sécurisé.
Ce sont au total 70 familles menacées d'expulsion de «Houmat Legouar», où elles habitent depuis 17 ans. L'ambassade les a en effet poursuivies au tribunal de Bir Mourad Raïs, demandant la restitution de ces logements de fonction.
Pour plus de précisions, nous rappelons que les occupants, étaient des agents de bureau dans les différents services ou employés chez des particuliers, dans l'enceinte de l'ambassade, comme jardiniers, femmes de ménage, éducatrices, cuisiniers, entraîneurs, peintres, chauffeurs ou plombiers. La plupart exercé depuis le milieu des années 1995.
La cité Aïn Allah a été construite au début des années 1980. Quatre bâtiments ont été par la suite utilisés par l'ambassade comme logements de fonction au profit de son personnel français et étranger en détachement. Le 3 août 1994, cinq Français, dont trois gendarmes, ont été assassinés à l'entrée du quartier par des terroristes. De ce fait, les bâtiments ont été évacués et les logements étaient restés vides.
Pour éviter leur squat, l'ambassade a proposé, individuellement, à une partie de son personnel algérien de s'y installer à titre de gardiennage. «Mon responsable m'a demandé si je voulais avoir un logement, j'ai dit : ''bien sûr !'' J'ai visité la cité et j'ai choisi moi-même un F2», raconte un locataire.
Avant de s'installer, les nouveaux habitants ont dû procéder à des travaux de réfection. «La cité était délabrée. Il a fallu faire des travaux pour réparer toutes les dégradations subies. La remise en état des appartements s'est faite nos frais, les services de l'ambassade nous ayant autorisés à le faire», ajoute-t-on. Outre les opérations de réhabilitation qu'ils ont prises en charge, ils ont dû également honorer les factures laissées par les anciens locataires français concernant les consommations en eau potable et en électricité pour y avoir accès. Mieux : les nouvelles factures (gaz, eau, électricité) sont délivrées en leurs noms et continuent de l'être à ce jour. En été 1997, le gardiennage s'est transformé en location. Le montant de celle-ci est arrêté à 10 % du salaire brut autorisé, indépendamment de la surface du logement occupé. La somme est prélevée à la source et mentionnée sur la fiche de paye.
Quatorze ans après, soit en 2009, évoquant la crise économique, l'ambassade se sépare de quelques-uns de ses employés algériens.
Ceux-ci ont perdu leur contrat de travail à durée indéterminée. Ils continuaient toutefois de verser le loyer directement à l'ambassade contre un simple reçu de paiement. Par la suite, c'est par le biais de la poste qu'ils ont été invités à s'en acquitter.
Entamée à 6 heures du matin, l'opération de délogement, menée par les forces de l'ordre en présence d'un huissier de justice, s'est achevée vers 22 heures.
La police a procédé à l'arrestation de 4 personnes dont l'une a tenté de se suicider en menaçant de se jeter de la terrasse d'un immeuble, pour se lacérer ensuite le corps à l'aide d'un couteau.
Les autres familles concernées par la procédure d'expulsion, devraient, selon les concernés, attendre la décision de justice qui devrait être prononcée le 4 octobre prochain.


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