Algérie

Aïcha la contrebandière et les enfants élevés aux senteurs de l'alcool Opération coup-de-poing de la gendarmerie



Contrebande, immigration clandestine, commercialisation et consommation de kif à outrance, vente illicite de boissons alcoolisées à l'intérieur même des demeures familiales, agressions à l'arme blanche... est l'ambiance qui règne à travers des localités de Tlemcen une fois la nuit tombée.
Pendant le jour, la capitale des Zianides fait miroiter à ses visiteurs une certaine sérénité dont le caractère dit conservateur de ses habitants serait peut-être à l'origine.
Cependant, aux premiers instants suivant le crépuscule, les réseaux du crime organisé s'agitent au niveau de cette partie de la frontière algéro-marocaine, la pègre sort de sa réserve pour imposer son diktat, les milieux de vente illicite d'alcool sont pris d'assaut par une clientèle altérée et rendue avide en raison du manque criant de débits de boissons légaux à Tlemcen.
Nous l'avons constaté de visu en accompagnant les gendarmes du groupement de cette wilaya, lors d'une opération coup-de-poings, effectuée dans la nuit de dimanche à lundi. Une descente pendant laquelle rien n'a été laissé au hasard.
Tracé frontalier investi par la totalité du Groupe des gardes frontières (GGF) dont plusieurs se sont mis en position d'embuscade guettant le moindre mouvement des contrebandiers, axes routiers et sentiers non classés ciblés par un contrôle minutieux des automobilistes, différents quartiers du centre urbain et plusieurs localités de la périphérie de Tlemcen passées au peigne fin.
En compagnie du capitaine Mourad Banai, nous sortons du siège du groupement de la Gendarmerie de Tlemcen aux environs de 18h en ce dimanche 16 septembre particulièrement chaud. Destination : la localité de Remchi, située à une quinzaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya.
Cette localité côtière limitrophe avec la wilaya de Aïn Témouchent se décrit, selon les propos de l'officier de la Gendarmerie, comme étant «un point de transit de la contrebande de toute sortes de produits, y compris le kif». Il précisa que cette agglomération de 180 000 âmes est aussi réputée pour ses multiples endroits de vente illicite de boissons alcoolisées implantés à Aïn Youcef, El-Fhoul et Sbaâ Chioukh.
D'où viennent les ressources des contrebandiers '
A peine arrivé sur les lieux, le capitaine Benai est informé au talkie-walkie de l'arrestation d'une jeune fille de 26 ans, accusée de contrebande.
Dénommée M. Aïcha, la jeune femme revenait de Maghnia avec 24 couffins chargés des kaftans. La jeune femme investie dans la contrebande ne dira mot sur l'origine de l'argent avec lequel elle a acquis cette marchandise onéreuse, dont le montant global avoisine, au bas mot, une quinzaine de millions de centimes.
Elle s'est abstenue aussi de révéler l'identité de ses acolytes au moment de son audition à l'intérieur de la brigade de Ramchi où elle été retenue en garde à vue.
Elle révélera seulement que la marchandise que les gendarmes ont saisie était destinée à être écoulée à Oran. Au moment où l'interrogatoire de la jeune Aïcha se poursuivait, on apprend qu'à Tlemcen, les gendarmes venaient d'arrêter un groupe de délinquants en flagrant délit d'agression d'une étudiante. Quelques instants après, le capitaine Benai était informé de la découverte d'une cache de boissons alcoolisées dans l'une des demeures à Aïn Youcef, dans la daïra de Ramchi.
Le destin ruiné des enfants des frontières
Une fois sur les lieux, on découvre une habitation de fortune menaçant ruine à tout moment. A l'intérieur résident trois familles, visiblement nombreuses en raison des nombreux bambins qui se promenaient pieds nus et suivaient d'un regard innocent le mouvement des gendarmes qui récupéraient les fardeaux de bières, bouteilles de vin et de pastis.
Le spectacle est désolant, insoutenable.
L'esprit se pose des questions quant à l'avenir, assurément sombre de ses chérubins élevés à l'intérieur d'un «dépôt» illicite de vente de boissons alcoolisées.
«La scolarité de ces enfants est déjà compromise», s'écrit un confrère. «Il arrive que ces gosses goûtent aussi à l'alcool», renchérit de son côté un gendarme, appuyant son propos en évoquant l'une des perquisitions effectuées dans un autre domicile au moment où tous les membres de la famille dînaient d'une loubia (haricots secs) en s'abreuvant à une bouteille de vin exposée sur la table.
Il se rappelle aussi que suite à l'interpellation des adultes de cette même famille, pour le motif de commercialisation illicite de boissons alcoolisées, c'est leur progéniture en bas âge qui a «assuré» la continuité de cette activité.
A Maghnia, des gendarmes ont opéré une perquisition à l'intérieur d'une ferme où étaient vendues des boissons alcoolisée et où vivait une famille d'une douzaine d'individus. Leurs enfants sont impliqués, d'une manière où d'une autre dans la vente d'alcool, assure-t-on sur place. Et pas seulement.
Il est établi, en effet, que la quasi-majorité des ados de cette ville, plaque tournante de la contrebande par excellence, sont enrôlés dans les réseaux de contrebande en particulier ceux des carburants dits les hallaba auxquels ils servent «d'éclaireurs».


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