Ce vendredi, lors de la conférence de presse animée à l'issue des travaux du 4e conseil national du parti, le patron du RND a reproché au quotidien El Watan ainsi qu'à deux autres journaux dont il ne cite pas les noms d'être, en même temps, médias et acteurs dans les événements qui secouent ces derniers mois le pays. Si l'on se réfère au raisonnement de M. Ouyahia, il est apparemment interdit à un quotidien de se positionner par rapport à une actualité quelconque ou brûlante.
Mais alors, est-ce que les organes étatiques, dont le doyen de la presse, n'ont pas de rôle à jouer dans la vie publique ' Qu'on le veuille ou non, ce journal à la solde du pouvoir est un média et un acteur à part entière. Peut-on conclure que ce qui est toléré pour le public est mal apprécié pour le privé '
Dans son évaluation de la presse privée, le patron du RND a révélé qu'il sait très bien qui sont les actionnaires et les propriétaires de certains journaux. Dans la foulée, Ouyahia a même osé décrire la tenue vestimentaire d'un journaliste d'El Watan qui, selon lui, s'est permis de commenter, sur une chaîne étrangère, ce qui se passe en Algérie.
Ce sont pour Ouyahia deux fonctions diamétralement opposées ! Autre exemple : le Premier ministre dit connaître qui se cache derrière certains journaux : «Le directeur du Quotidien d'Oran est un proche et un fervent défenseur du programme du président de la République. Dans le même journal, il existe un militant du RND, mais le comble est que le journal renferme un journaliste responsable qui est militant des droits de l'homme et qui fait dans l'opposition», s'étonne-t-il, ne comprenant pas ce paradoxe et ce chevauchement dans les rôles.
Ouyahia vide son sac en titillant d'autres directeurs de journaux qui, hier, ont fait campagne pour Bouteflika et aujourd'hui se comportent en opposants et en acteurs, animant la vie politique nationale.
Rappelons qu'en 2010, devant les députés, Ouyahia n'avait pas manqué de cibler les écrits et les commentaires de la presse. Sans distinction aucune, le Premier ministre tire sur la presse privée de manière générale en évoquant le phénomène de la corruption et les affaires Khalifa et Djezzy : «Ceux qui parlent de corruption actuellement n'avaient aucunement évoqué le problème de Khalifa et de Djezzy à l'époque où ces deux groupes étaient florissants. Ils ont d'abord mangé la publicité et ont, ensuite, critiqué Khalifa et Djezzy quand leur problème est devenu public.» Seulement, Ouyahia affirme à chaque fois qu'il voue un respect inégalé à la presse algérienne et aux journalistes, attitude paradoxale : «Je consulte tous les quotidiens et je m'attarde sur trois journaux. J'ai un grand respect pour la presse de mon pays.»
Abordant les revendications professionnelles et sociales des travailleurs de la corporation, Ouyahia regrette que certains organes de presse (qui sont-ils ') du secteur privé «écrivent beaucoup et souvent sur la liberté, la démocratie et les droits de l'homme, mais versent un salaire ne dépassant pas les 5000 DA à certains de leurs employés».
Il a estimé, dans ce cadre, qu'il existe une «contradiction» entre les pratiques de ces entreprises de presse privées et les écrits qu'elles publient. Tout en reconnaissant l'existence de spécificités propres à chaque secteur (public et privé), Ouyahia défie les journalistes : «Il n'existe pas dans la presse publique de salaires mensuels de moins de 15 000 DA», ajoutant que les travailleurs de ce secteur sont dans l'attente des conventions de branches.
Reconnaissant l'existence de «lacunes» dans le cadre juridique actuel, Ouyahia a indiqué que la famille de la presse nationale a des revendications «communes» comme le code de l'information, la liberté de la presse et le droit à l'assurance sociale pour l'ensemble des hommes et femmes de la presse et qui concernent toutes les entreprises de presse.
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Posté Le : 10/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nabila Amir
Source : www.elwatan.com