Algérie

Ahmed Ouyahia déjuge son ministre et tire sur les partisans du boycott



Au gouvernement il n'y a, semble-t-il, aucune cohésion. Les ministres avancent des choses et le Premier ministre les dément pour affirmer le contraire. C'est ce qui apparaît, en tout cas, à travers l'annonce de cette fameuse instruction du Premier ministre Ahmed Ouyahia adressée aux membres de son gouvernement et dans laquelle il leur recommande « de geler les projets non prioritaires ». La révélation de l'existence de cette instruction a été faite, dimanche dernier, par le ministre de la PME-PMI et de l'Artisanat, Mustapha Benbada. Promptement, Ahmed Ouyahia dément l'information et déjuge ainsi son ministre. « Il n'y a aucun projet à geler. Au contraire, nous sommes en train de crapahuter pour que les projets soient achevés à temps », déclare-t-il à la presse en marge de la réunion de l'Alliance présidentielle (FLN-RND-MSP), tenue hier à Alger. Selon lui, même le ministre des PME-PMI « avait démenti cette information » pourtant publiée lundi dernier par plusieurs journaux nationaux en reprenant les propos de M. Benbada. Revenant sur la présidentielle d'avril prochain qui était l'unique point à l'ordre du jour de la réunion de l'Alliance, Ahmed Ouyahia cache mal les appréhensions du gouvernement et de la coalition. Alors, il se déchaîne sur les partisans du boycott du scrutin présidentiel du 9 avril. « Ceux qui appellent au boycott du scrutin ne vont pas décrédibiliser l'élection, mais ils veulent nuire à l'image de l'Algérie à l'étranger », estime-t-il. Le secrétaire général du RND ne remet pas en cause le pouvoir qui, selon les observateurs de la scène politique nationale, est à l'origine du refus « des grosses pointures » de s'engager dans la course électorale. Pour lui, ceux qui ont tourné le dos à la présidentielle l'ont fait pour une seule raison : ils ne peuvent pas réunir les 75 000 signatures nécessaires. « Pour rassembler les signatures, il faut un appareil bien structuré », juge-t-il, oubliant que beaucoup de personnalités politiques nationales qui boudent cette élection avaient pu recueillir les parrainages nécessaires pour participer aux précédentes consultations populaires. Ahmed Ouyahia tente de convaincre encore que le gouvernement et la coalition, dont son parti est membre, ne craignent pas le spectre de l'abstention.Mais, il appelle à « une mobilisation maximale pour assurer un fort taux de participation ». Justement, concernant la participation à l'élection, son collègue du FLN, Abdelaziz Belkhadem, dit que sa formation « table sur un taux de 65% » qui serait, selon lui, « un score excellent ». Le scénario des législatives de 2007, estime-t-il, ne se reproduira pas. Car, ajoute-t-il, « la présidentielle mobilise plus d'électeurs que les législatives ou les locales ». Ce faisant, A. Belkhadem tente d'anticiper sur un éventuel fort taux d'abstention. Un tel cas de figure ne devrait pas, souligne-t-il, considérer « comme une adhésion au boycott et comme un acte politique ». Toutefois, il s'emmêle les pinceaux en essayant de définir l'abstention. Pour lui, ceux qui ne se sont pas inscrits sur les listes électorales ne sont pas des partisans du boycott. Ainsi, il donne l'impression de quelqu'un qui ignore totalement que n'est considéré comme électeur que celui qui est inscrit sur la liste électorale. A la question de savoir si le candidat Abdelaziz Bouteflika présentera un certificat de bonne santé exigé par la loi, il se montre encore peu convainquant : « Le meilleur certificat de bonne santé de Bouteflika sera sa présence, jeudi prochain, à la Coupole pour annoncer sa candidature. Personne n'a une garantie de bonne santé à vie. »


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