Algérie

AHMED OUYAHIA AU FCE «Arrêtons de nous mentir »


Tout en soutenantla mise en oeuvre de mesures incitatives et en plaidant en faveur d'allégementsfiscaux au profit de l'entreprise, le secrétaire général du Rassemblementnational démocratique (RND) a tenu à prévenir qu'en matière de réformeséconomiques «la démarche ne peut être segmentée mais doit répondre à unedynamique d'ensemble». Rien à avoir avec le chef du gouvernementqu'il a été de deux fois rejetant toute augmentation des salaires, acceptant deponctionner la maigre bourse des travailleurs et traquant les cadres en menantune chasse aux sorcières bien organisée. Ahmed Ouyahia, le secrétaire généraldu RND, promet tout de go des mesures attractives, incitatives et autres aideset soutiens pour assurer la performance de l'économie nationale. Invité hierpar le FCE à l'hôtel El Aurassi, il tracera avec un pragmatisme qui lui estcependant habituel son plan conceptuel et de mesures à cet effet. Leshydrocarbures étant «volatiles», a-t-il commencé par dire, il faut quel'entreprise nationale - publique ou privée - se mette à développer laproduction et la productivité. Il ne fait pas une telle demande sans engarantir les moyens à condition que ce tout économique corresponde à «unedémarche (qui) ne peut être segmentée mais doit répondre à une dynamiqued'ensemble».  Il veut en premier dans ce cadre que «lacohésion nationale soit renforcée» parce que, dit-il, «elle ne l'est jamaisdéfinitivement puisque les Algériens ont fini par s'entretuer». L'améliorationde la situation sociale des populations devient de fait impérative. Il finitpar lâcher: «Arrêtons de nous mentir, une économie de marché est porteuse deconséquences universelles.» Ouyahia semble du coup changer de fusil d'épaule etdit oui à une augmentation des salaires «sur la base de certains critères». Ilplaidera aussi pour «la solidarité nationale» à condition qu'elle ne se confondepas avec «mendicité et aumône». Il tient à améliorer le pouvoir d'achat enbaissant la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) qu'il veut «sélective au profit dela production nationale». Ouyahia est pourdes aides publiques au loyer, des bourses scolaires, des primes pour lesfonctionnaires parce que, admet-il, «l'élite est nécessaire pour faire marcherle pays». Il veut en même temps «s'occuper de la pauvreté» avec en face assurerla création de richesse. «Des percées ont été faites mais il en faut d'autres»,estime-t-il. Il promet: «Nous contribuerons à un débat pour améliorer laproduction et la productivité.»  Ouyahia fait état des mesures que son parti aretenues pour assainir l'économie nationale. En tête de liste «lutter contre lafraude et l'argent mal acquis». Il titillera en douceur les hommes d'affairesqui sont venus nombreux l'écouter. «Si vous continuez à faire quel'import-import en culbutant vos marchandises à trois fois le prix, on s'ensortira pas». a-t-il lancé. La lutte contre la fraude devra selon lui êtremenée à tous les niveaux et au sein de tous les corps, police, gendarmerie... En abordant le sujet des impôts, Ouyahiareconnaîtra que «c'est l'administration la plus archaïque du pays». Là aussi, ilécorchera «amicalement» les privés en les exhortant «à syndiquer tous lespersonnels pour avoir des informations et pouvoir lutter contre le crimeéconomique avec des lois plus radicales». Le SG du RND prescrira d'autrespromesses en promettant une baisse des charges à l'exemple de l'IRG (impôt surle revenu global) en plus de celle de la TVA qui insistera pour faire valoir àcet effet son caractère «sélectif pour qu'elle devienne incitative pour laproduction et la consommation». Ces baisses des charges qu'il défend neseront pas «une catastrophe pour le Trésor public» parce que, dit-il, «si lescaisses perdront des recettes, l'Etat peut intervenir pour les compenser etainsi ce qui est placé aujourd'hui sera récupéré dans 5 ans». Dans ce cas, le RNDrecourt au code de l'investissement et plaide par la voix de son SG pour lerégime dérogatoire pour les investisseurs qui veulent bien aller dans les hautsplateaux et le Sud. «Ce qui coûtera quelques sous mais stoppera le délugehumain qui coûte 25 fois plus», fait-il remarquer. Il en vient au foncierindustriel pour soutenir «un encouragement sur les coûts des terrains». Et àceux qui pensent que «Ouyahia est devenu laxiste», il répond: «Non, nous devonsréduire le prix actuel de 5 fois moins, c'est comme ça que la Malaisie qui aréussi encourage la réalisation des infrastructures».  Les difficultés d'accès aux crédits ferontdire à Ouyahia «benoîtement que ce n'est pas une question de réformes sinonpourquoi on n'est pas content quand on va à Société Générale ?». Pour lui, ilest plus recommandé d'augmenter le capital des banques publiques. «Dans lesbanques publiques, il y a 1.000 milliards DA mais ce sont des dépôts qui sontneutralisés par la Banque d'Algérie», dit-il en soutenant la mise à dispositionpar le Trésor de crédits tout en initiant des mesures d'encouragement auxgestionnaires des banques «parce que c'est un métier à risques». Surtout qu'ilreconnaît avoir des échos sur «la tétanisation des banquiers» après l'affaireKhalifa.  Il recommande en même temps que cesincitations «quelques punitions aux entreprises qui ne veulent pas se mettre àniveau». Ouyahia propose sans ambages: «Mobilisons 20 milliards de dinars paran pour la mise à niveau des entreprises, donnons un crédit à 0% en plus peut-êtrede subventions directes et s'il le faut faire bénéficier du régime dérogatoirepour investir dans des bureaux d'études et une formation gratuite de vospersonnels». Mais, prévient-il, «si vous ne voulez pas vous mettre à niveau, jene pourrais pas vous donner de crédits». Sa vision de laprivatisation ? Il veut que l'Etat garde les entreprises stratégiques commeSNVI, ENGOA et les entreprises de matériels agricoles. Pour leur garantir unpartenariat, il faut selon lui «alléger leurs dettes parce que personne neprendra SNVI avec un découvert de 42 milliards DA. L'Etat doit mettre des souset ne garder que 49% du capital». Tout le reste, «les PME publiques doiventêtre cédées», affirme-t-il. Aux repreneurs privés, il promet de les fairebénéficier du code des investissements mais il leur recommande de garder lepersonnel «pour une paix sociale et pour que la privatisation avance». Ilretient par ailleurs dans son programme le logement social, l'aide à celuirural, «mais il faut travailler pour la création d'un marché immobilier, céderle terrain à un taux quasi symbolique, réduire les charges, bonifier lescrédits, assurer la solvabilité de la clientèle par d'autres allégements». Pour les exportations hors hydrocarbures,Ouyahia veut acquérir des espaces africains «parce qu'il ne faut pas seleurrer, ce n'est pas l'Espagne qui prendra nos téléviseurs». Il est pourl'ouverture de zones de libre-échange avec l'Afrique de l'Ouest. Il appelle au développement de lignes decrédits fournisseurs. Il affirme être contre l'ouverture de bureaux de change«et je le maintiendrais parce que les 80 milliards qui donnent le vertige auxAlgériens ne resteront pas trois ans». Il est pour la privatisation desbanques. A propos de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, il dira: «Il fut un tempsoù c'était l'enthousiasme chez nous, aujourd'hui, nous commençons à tâter et àvoir la complication, négocions et n'insultons pas l'avenir en nouscompromettant dans des accords qui seront difficiles à honorer.» Il soutientaussi l'ouverture de l'enseignement supérieur au privé. «Qu'est-ce que ça coûtede laisser la concurrence s'établir ?», a-t-il interrogé. «Reste à l'Etatd'assumer ses fonctions et la responsabilité de ses choix politiques»,estime-t-il.
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