Algérie

Ahmed Ouyahia à Oran: «Les Algériens et les Marocains n'ont pas besoin de médiateurs»



Fidèle à sa réputation de grand orateur, M. Ahmed Ouyahia, qui a troqué hier, le temps d'une visite à Oran, sa casquette de Premier ministre contre celle de secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), à l'occasion du 15ème anniversaire de la création du parti, a rendu un vibrant hommage aux «martyrs de la révolution et du devoir national». Un hommage qui prend tout son sens en cette journée coïncidant avec la célébration de la journée nationale du Chahid. La qualité des personnalités présentes à ce meeting d'anniversaire était à la hauteur de l'événement qui a eu comme cadre le somptueux Centre des conventions d'Oran (CCO) «Ahmed Benahmed». Parmi ces personnalités, il y a lieu de citer Abdelkader Bensalah, président du Sénat, Aboubakr Benbouzid, ministre de l'Education nationale et Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. Il y a avait aussi les militants du parti venus des quatre coins du pays pour assister à une rencontre qui intervient à moins de trois mois d'une importance échéance pour le parti, les élections législatives, prévues le 10 mai 2012. «Célébrer la journée nationale du Chahid, rendre hommage aux militants du Rassemblement et fêter le 15ème anniversaire de la création du parti», voilà donc les trois volets auxquels a été consacrée cette rencontre. L'assistance a pu suivre, avec intérêt et parfois de l'émotion, une projection retraçant le parcours du parti depuis sa création en 1997. Les scènes montrant des extraits de discours de feu Abdelhak Benhammouda, une des figures emblématiques du parti et un des ses membres fondateurs, furent d'ailleurs un des moments les plus émouvants. Est venu ensuite le discours d'Ahmed Ouyahia pour rappeler les valeurs de son parti : «des valeurs inspirées de la déclaration du 1er Novembre, des valeurs démocratiques et républicaines». En cette année 2012 marquant le cinquantième anniversaire de l'indépendance, le patron du RND n'a pas manqué de rappeler les sacrifices consentis par le peuple qui a dû payer un lourd tribut pour conquérir sa liberté, avec plus de deux millions d'Algériens tués au cours de 130 années d'occupation coloniale. «L'Histoire n'a pas lieu d'être révisée pour des besoins purement électoralistes», a indiqué Ahmed Ouyahia, allusion aux campagnes et aux lois adoptées en France pour donner au colonialisme une dimension faussement civilisationnelle. «Nous, en tant qu'Algériens, invitons la France à relire ce qu'ont écrit les maréchaux français eux-mêmes sur les atrocités commises par l'armée coloniale. La colonisation a été sauvage et barbare du début jusqu'à sa fin», a-t-il dit. Avant d'enchaîner en commentant la loi française pénalisant la diffamation et l'injure envers les harkis, adoptée en ce début du mois : «Célébrez vos traîtres, nous célébrons nos martyrs». Abordant le parcours du parti depuis sa création en 1997, M. Ahmed Ouyahia dira que le Rassemblement national démocratique s'est imposé sur la scène politique algérienne en tant que parti incontournable grâce «à la constance de ses principes prônant la justice sociale, la solidarité et la suprématie de la loi sur tous». Le chef du RND a, par ailleurs, défendu les choix politiques difficiles qu'il a eu à prendre au nom de son parti par le passé, au moment où il était beaucoup plus aisé de prendre des décisions populistes. «Notre fierté ne peut être que plus grande aujourd'hui, avec pas moins de 500 entreprises publiques assainies, financées avec plus de 1.000 milliards de dinars et relancées avec plans de charges», a-t-il expliqué. On peut aussi être fiers, a-t-il ajouté, avec la relance agricole et la création de près de 100.000 mini-entreprises en seulement deux ans. Dans ce même ordre d'idées et défendant le bilan de son parti, Ouyahia dira à la veille des prochaines législatives : «C'est naturel qu'il y ait un pouvoir et une opposition dans toute démocratie. Faire partie du pouvoir doit nous rendre fiers parce que nous avons participé aux réalisations du président Bouteflika : effacement d'une dette de 30 milliards de dollars, la réadoption de la règle d'investissement des 51-49, entre autres. Et de noter : «Le pays est en train de se reconstruire avec les Algériens et en toute souveraineté». M. Ouyahia a, par ailleurs, mis l'accent sur les dernières réformes politiques, notamment celles ayant trait à la loi sur les partis politiques et le nouveau code de l'infirmation qui consacre le principe de l'ouverture de l'audiovisuel. En réponse à une question du Quotidien d'Oran à sa sortie du CCO, sur sa lecture politique à propos du «réchauffement diplomatique» actuel entre l'Algérie et le Maroc, il dira sans ambages : «Il n'y a pas de réchauffement diplomatique proprement dit. Je vous signale que cela fait plus de deux ans que nous échangeons des délégations ministérielles. Nous espérons que la rencontre, qui s'est déroulée hier et aujourd'hui à Rabat, entre les Maghrébins nous permette de décoller», et de préciser : «Nous ne voulons plus, de mon point de vue, recréer des situations de grandes espérances sans assises solides. L'Algérie a déjà vécu ça avec nos frères au Maroc. Et les Marocains ont également vécu ça avec leurs frères en Algérie. Nous voulons désormais arriver à quelque chose de raisonnablement préparé et qui soit durable parce que les Algériens et les Marocains sont frères. Ils n'ont besoin d'aucun médiateur et, tôt ou tard, la frontière finira par être rouverte et le Maghreb arabe finira par se construire».




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)