Ahmed Ouayahia met en garde contre les tentations populistes

À quelques jours de la tenue du 3e congrès de son parti, les 25, 26 et 27 juin, Ahmed Ouyahia était, jeudi, l’invité de la radio Chaîne II. Durant une heure et demie, le chef du RND, qui aborde l’échéance organique, la fleur au fusil, étant sûr qu’il sera réélu, a fait un survol des questions qui font l’actualité du pays. Changement de gouvernement ou pas ? Il ne s’avance pas, se contentant d’une lapalissade. “Cela arrivera un jour”, en estimant que “le plus important n'est pas d'attendre ce remaniement, mais de travailler davantage”. Même réserve sur la révision constitutionnelle. Il s’est dit convaincu qu’elle aura lieu un jour.  Concernant la révision de la Constitution, le responsable du RND a dit être “sûr” et “convaincu” qu'elle aura lieu, mais que sa date dépend du président de la République, seul habilité par la Constitution. M. Ouyahia a mis un bémol à ses critiques contre le gouvernement, le créditant même d’avoir pris de bonnes mesures telles que les dernières mesures agricoles de soutien à la production de blé, à la création d'emplois, ajoutant que “plus d'efforts devraient être consentis pour faciliter et encourager l'investissement national”. En revanche, pour les augmentations des salaires des fonctionnaires, il reste fidèle à sa position. Il rappelle d’abord une vérité, à savoir que le budget de fonctionnement de l'État dépasse actuellement 2 000 milliards de DA, estimant que “si à l'avenir le prix du pétrole baisse, on sera alors confronté à la problématique du payement des salaires des travailleurs”. C’est pourquoi, il prône les vertus du travail. “Le plus important est de travailler”, car “même si aujourd'hui les réserves de change sont environ de 120 milliards de dollars, augmenter les salaires avec un taux de croissance qui ne suit pas risque de poser des problèmes à l'avenir”. “La plus nécessaire des réformes pour l'Algérie, c'est d'abord la réforme de la mentalité de tous les Algériens, celle des responsables et du peuple au même titre”, a-t-il dit. Sur la question sécuritaire, M. Ouyahia a réitéré les positions de son  parti, appelant à davantage de vigilance pour vaincre “ce qui reste du terrorisme”.  M. Ouyahia a dit dans ce contexte ne pas partager l'avis de ceux qui appellent à récupérer les armes réquisitionnées par l'État dans les années 1990, estimant que cela “mettrait en danger la vie de ces citoyens, le terrorisme n'étant pas complètement achevé. Appeler à récupérer ces armes, c'est appeler les terroristes vers ces régions, et c'est aussi comme demander la levée de l'état d'urgence”, a dit  M. Ouyahia à ce propos. Au sujet de l’évangélisation, M. Ouyahia a plutôt surfé en rappelant que la Constitution algérienne reconnaît la liberté de culte, que l’Algérie assume les salaires des représentants officiels des églises catholiques et protestantes. Il a également relevé que la pratique du culte en Algérie est régie par la loi et doit se faire dans la “transparence” et “non dans des hangars et des garages”.
Une bonne partie de l’émission est consacrée au prochain congrès un “événement important dans la vie du parti” et que la résolution politique qui en émanera sera “sans surprise”. “Il n'y aura pas de révolution dans les positions du RND”, a-t-il précisé, indiquant cependant que les congressistes ont décidé d'élaborer “une résolution spéciale sur les questions économiques et sociales”.  Il a ajouté qu'après 11 années d'activité, le RND a acquis une expérience qui lui a permis de préparer ce troisième congrès “avec sagesse et sans incident en impliquant tous les militants par le biais d'un questionnaire”. “Parmi les 180 000 militants du parti, 78 000 ont pu se réunir et s'exprimer”, a expliqué M. Ouyahia, ajoutant que son parti a organisé 8 congrès régionaux  et qu'un 9e aura lieu à Alger, dans le courant de la semaine prochaine, pour les militants établis à l'étranger.