Algérie - Hommage


Ahmed Lahlou
• “Abrid Abrid” Recueil de poésie de Ahmed Lahlou
On ne peut parler d’une littérature si elle n’est pas productive et ne s’est pas frayé un chemin dans les maisons d’édition et sur les étals de librairies ou de bibliothèques. Parler de littérature kabyle, pour éviter un tant soit peu le nom générique amazigh, n’est plus un tabou et ne sera jamais une chimère ; des productions littéraires dans tous les genres, bien que peu nombreuses, marqueront de leur empreinte, l’histoire de la littérature algérienne, et pourquoi pas universelle.
Et si la poésie se taille la part du lion, cela ne doit pas être perçu comme un signe de déséquilibre ou de faiblesse, mais synonyme d’un attachement à un genre qui facilite le message, sachant que la poésie peut être beaucoup plus fluide et ses supports nombreux. Certes, tout ce qui est publié en poésie n’est pas en général d’une qualité à propulser notre culture aux hautes sphères, mais d’autres le sont suffisamment et ne souffrent d’aucune ambiguïté.
“Abrid Abrid”, ce recueil de Ahmed Lahlou, n’est pas une simple plaquette comme beaucoup d’autres qui sortent, et dont les textes ont été écrits à temps mort pour servir d’appât à quelques considérations farfelues.
“Abrid Abrid”, comme le résume d’ailleurs son titre, est un chemin sinueux mais sûr, bien que long, à l’instar des chemins de la vérité. Il relève également d’un acte militant, répondant à un besoin moral et viscéral.
A travers ses 21 textes, le poète nous fait visiter mille et un espaces, mêlant morale et enseignements qui nous font en quelques moments, oublier les constats et les lamentations routiniers contenus dans la plupart des recueils déjà parus.
Dans “Akken Yebghu yili lhal (quel que soit le cours des évènements”, la poète repousse les limites du cœur le plus loin possible. L’amour, selon Ahmed Lahlou, il ne lui résiste aucune clôture, aucune impossibilité.
Akken Yeghu yili hal/Ulikh dberr n tayri/
uli-k urdhi d ignewan/ ur t-id tetthaz tyersi/
Ur t- tthuzzun yimegran/Deg-s tudrin d lexlwi/
Deg-s tiziri d yetran.
(Quel que soit le cours des choses/ton cœur fait office de terrain d’amour/
C’est aussi les cieux/ épargné d’intrigues/
Il échappe aux faucilles/ lui qui regroupe champs et villages/ lune et étoiles)
Lire ou écouter Ahmed Lahlou, on ne peut s’empêcher de penser que la poésie recèle un côté magique et mystique. Cet art revêt donc son aura du temps, des baroudeurs du verbe de différents horizons. Autant alors lire et écouter sans cesse ce fils de Ighil Ali de Béjaïa. On comprend vite que quand on est du même sang que Jean El Mouhoub Amrouche ou encore sa sœur Taos, la muse finit par nous rattraper et nous épouser.
La lune de miel de notre poète avec Polymnée, la muse de la poésie hyrique, est consommée sur la scène du TR Béjaïa ou encore celle de la Maison de la culture de Tizi Ouzou, lors de festivals ou autres rencontres poétiques. Dans sa préface, Abdesselam Abdennour note : “La mesure est vite engloutie dans la profondeur de l’énoncé. Les mots s’engrangent et donnent le besoin de suivre l’aventure racontée par le poète”. Et d’ajouter : “La poésie chez Lahlou n’est pas un refuge. Il la veut une piste menant l’objectif à bon port”.
A travers ses poèmes, Ahmed Lahlou ne s’encombre pas de l’obligation de la rime. Il a compris que celle-ci n’est pas une fin en soi, mais la force des mots, la recherche, la thématique, la rhétorique s’y mêlent pour garantir une poésie riche dont la portée dépasse de loin le bout du nez. Cependant, cet ouvrage édité à compte d’auteur aurait pu être pris en charge par un éditeur, matériellement, surtout pour sa distribution.
S. Amrane
La Dépêche de Kabylie : 17 Octobre 2006
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