Ahmed Boukadoum. Président de l’APC de Sidi Mezghiche: A/S de la décharge communale «Qu’on me prête seulement un bulldozer»

Ahmed Boukadoum est l’un des rares présidents d’APC de la wilaya de Skikda à faire l’unanimité. C’est certainement l’un des meilleurs maires. Issu du Parti des travailleurs (PT), il a au moins le mérite d’avoir fait de sa commune la plus propre de la wilaya. Et c’est déjà un exploit, sachant que cette ville n’a pas de budget faramineux, juste quelques dinars et beaucoup d’abnégation. Il a accepté de revenir sur le problème de la décharge qui enlaidit le paysage de sa commune.

- Ne pensez-vous pas que la présence de cette décharge risque de ternir et de réduire les efforts consentis pour améliorer le cadre urbain de Sidi Mezghiche?

Cette décharge constitue, c’est vrai, une tache noire. C’est le grand problème de Sidi Mezghiche. Depuis 1962 à ce jour, tous les déchets de la commune ont été déversés en ce lieu, sans parler de la décision prise, il y a une année, de permettre à la commune de Beni Oulbène de l’utiliser aussi. Je suis d’accord quand vous dites que cela risque d’entacher nos efforts.

- Mais qui cause ces épaisses fumées? La commune y brûle-t-elle ses propres déchets?

Non, la commune n’a jamais brûlé le moindre déchet. Au contraire, on a fait appel, et à plusieurs reprises, aux sapeurs-pompiers pour venir nous appuyer pour éteindre ces incendies. Je peux vous garantir que ce sont des gens qui viennent d’autres régions. Ils mettent le feu pour bruler les anciens déchets et comme ça, ils arrivent à localiser toutes les nouvelles arrivées de déchets. Ils nous rendent la vie difficile, croyez-moi.

D’ailleurs pour vous dire, durant le mois de Ramadhan, il était très difficile aux fidèles de la mosquée Ennour, à titre d’exemple, de faire leur prière de Tarawih dans de bonnes conditions. Il y a même eu quelques soirées où le brouillard engendré par ces fumées était si épais que la visibilité devenait impossible à plus de 5 mètres. Ces fumées incommodent les habitants qui se retrouvent souvent obligés de fermer leurs volets. Je suis constamment interpellé par les habitants qui me demandent de fermer cette décharge.

- Pourquoi ne pas fermer cette décharge?

Vous conviendrez qu’il ne suffit pas de fermer une décharge pour solutionner un problème. Nous attendons la mise en service prochaine du centre d’enfouissement technique de Hermala qui accueillera les déchets de notre commune ainsi que celles de Tamalous et d’Oum Toub. D’après mes informations, sa mise en service ne saurait tarder, ce qui nous permettra de nous débarrasser enfin d’une tache noire vieille de 54 ans.

- Mais en attendant, les habitants suffoquent…

Nous serions en mesure de limiter momentanément ces nuisances, mais il nous faudrait disposer d’un bulldozer pour ce faire. Malheureusement, nous ne disposons que d’un rétrochargeur. Nous avons demandé à ce qu’on nous prête un bulldozer pour quelques jours seulement afin que nous puissions procéder à quelques aménagements sur la décharge, de façon à limiter toute tentative d’incendie. Mais à ce jour, aucune commune disposant d’un tel engin n’a daigné nous répondre. Le bulldozer nous permettrait de compacter et de mettre de la terre sur un grand espace de la décharge pour en faire un espace vert ; on ne laisserait que 200 à 300 mètres carrés pour la mise en décharge des déchets. Cela permettrait de mieux gérer cet espace en le réduisant, en attendant l’ouverture de la nouvelle décharge contrôlée. Seulement faut-il encore nous donner un bulldozer pour quelques jours seulement.

Khider Ouahab