Algérie

Ahmed Bensaada



Ahmed Bensaada
"Un écrivain digne de ce nom doit critiquer, certes, l'Algérie ou son peuple, mais il doit l'aimer aussi. Il ne peut se dissocier de son peuple, du terroir et de sa culture."Ces propos ont été tenus par Ahmed Bensaada, l'auteur de l'essai Kamel Daoud : Cologne contre-enquête (sorti récemment aux éditions Frantz-Fanon), dans la soirée du samedi 25 juin, lors de la conférence-débat qu'il a animée à la librairie Chaib Dzaïr, à Alger. Ce dernier a, en outre, expliqué que l'écriture de son livre "s'est imposée surtout après les deux écrits de Daoud sur les événements de Cologne", le poussant alors à en savoir davantage sur le chroniqueur en matière d'articles et autres écrits. Cette approche a d'ailleurs permis à M. Bensaada de "s'intéresser à plusieurs volets", tels que "la notion du néo-colonisé", "la marque du pluriel" privilégiée par Kamel Daoud, qui aurait tendance à présenter le peuple algérien comme "une masse sale, édentée, ne connaissant pas les bienfaits de la modernité", mais également la question des "fetwas", "le rapport du colonisé avec sa langue" et "les défenseurs" de l'auteur de Meursault contre enquête. "Je reproche à Kamel Daoud de considérer l'arabe comme une langue du colon et de ne pas dire que la langue qu'il utilise, c'est-à-dire le français, est celle de l'ancien colonisateur", a soutenu l'intervenant, laissant entendre que le chroniqueur porte un discours raciste et essentialiste, si cher aux Bernard-Henri Levy (BHL) et compagnie. Plus loin, ce dernier a observé l'existence non plus seulement de "fetwa religieuse", comme celle émise en 2014 par Abdelfattah Hamadache, autoproclamé chef salafiste, mais aussi des "fetwas laïques" apparue et diffusée de l'autre côté de la Méditerranée, des "fetwas journalistiques, en lisant Daoud" et des "fetwas guerrières" émises par BHL, celui-là même qui "s'est investi dans la guerre en Libye". Dans le registre des "défenseurs" de Kamel Daoud, Ahmed Bensaada a cité notamment BHL, mais aussi et surtout le Premier ministre français, Manuel Valls, qui s'est manifesté sur ce sujet sur "sa page facebook et lors d'une rencontre avec le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France)". Au cours du débat, l'auteur de Kamel Daoud : Cologne contre-enquête a fait remarqué que "chez Daoud, il y a une constance : la critique négative, le dénigrement" où "l'Arabo-musulman" est décrit sous des traits "dégradants". "Parfois, on a beau vivre en Algérie, en portant des lunettes déformantes", a encore indiqué Ahmed Bensaada, en informant au passage qu'il a envoyé un exemplaire de son essai au chroniqueur. Ahmed Bensaada, pour rappel, est titulaire d'un doctorat en physique de l'université de Montréal. Il a quitté l'Algérie pour le Canada, pendant la décennie noire, après l'assassinat de son frère par le terrorisme islamiste. Cet enseignant-chercheur et conseiller pédagogique, distingué et honoré, est aussi l'auteur des livres à succès, Arabesques américaines et Enquête sur le rôle des Etats-Unis dans les révoltes arabes. Par ailleurs, il a écrit des articles visant notamment à démonter les faux clivages culturels. Dans son dernier livre, le message que veut passer M. Bensaada est le suivant : "Attention au néocolonialisme ! Tout ce qui l'intéresse, c'est l'aliénation et le ressentiment, voire le dégoût, envers sa propre culture et ses semblables." En tout cas, lors de la soirée du samedi, son essai n'a pas laissé l'assistante indifférente. Bien au contraire !Hafida Ameyar


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