Algérie

Ahmed Adghirni, le démocrate impénitent



Par : MOULOUD LOUNAOUCI
Indomptable militant, homme de rigueur et de ténacité, homme de terrain et de réflexion, Ahmed Adghirni était un homme au caractère trempé comme seuls le sont les hommes de conviction. Démocrate impénitent, militant sans concession, incisif et déterminé, Ahmed était de tous les combats.
Je l'ai connu, pour la première fois, en 1992, à l'université d'été d'Agadir où j'ai été invité à un colloque sur la question amazighe. Je l'avais trouvé, à l'époque, relativement discret, avant de découvrir, plus tard, l'homme fougueux et acharné quand il s'agissait de défendre ce qui lui tenait le plus à coeur, les droits de l'Homme, parmi lesquels les droits linguistiques, culturels et identitaires, qu'il considérait comme partie intégrante.
Pour mémoire, il faut rappeler qu'il a participé au congrès des droits de l'Homme de Vienne en 1993. C'est précisément, à ce titre, qu'il est devenu une figure aimée et respectée du mouvement amazigh marocain et qu'il a accepté d'être membre fondateur du Congrès mondial amazigh.
La citoyenneté n'était pas, pour lui, un vain mot. Les devoirs étant égaux pour tous, les droits le doivent être également. C'est ainsi qu'il a, toujours, caressé le rêve d'une Afrique du Nord unie respectant toute la diversité. Nul ne doit se sentir étranger dans son propre pays quels que soient sa langue, sa culture, sa religion, son sexe ou sa classe sociale.
Pour cela, il n'a pas fait l'économie de ses efforts. Il s'est fortement investi dans le militantisme associatif et culturel. Ecrivain, il s'est essayé à plusieurs domaines de réflexion (société, culture, politique...). Avocat de profession, il a rédigé un dictionnaire juridique français-tamazight. Editeur, il a été le fondateur de deux revues en tamazight (Tamzdayt et Tamazight). Romancier, il a été auteur de Les larmes de l'ogresse et La ville de la fin.
De son propre parcours, il tira une conclusion, rien ne peut avancer sans lutte politique. En 2005, il créa le Parti démocratique amazigh marocain qui sera interdit en 2008. Cette nouvelle voie aura tout de même fait de nombreux émules auprès des jeunes Marocains. Ils ont compris que la "culture culturaliste" est un bel euphémisme. Ils ont compris que le champ politique doit être investi pour lutter à armes égales contre ceux qui refusent le bon sens, celui de la justice et de l'égalité citoyenne.
J'ai connu cet homme attachant avec lequel je n'étais pas toujours d'accord sur la forme et la méthode, mais avec qui je partage toute la problématique. J'ai apprécié sa générosité, sa franchise et son courage. Aujourd'hui, il est allé rejoindre les nombreux militants partis avant lui, et tous applaudiront de là-haut, tous ces jeunes, d'ici-bas, fiers de reprendre le flambeau. Bon voyage cher ami.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)