Ahmadinejad au Liban : Le choix de la résistance

Huit ans après le réformateur Khatami, la visite tumultueuse du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, au Liban n'a laissé personne indifférent. Et pour cause, les enjeux internes, liés à  l'équilibre politico-institutionnel, et régionaux en relation avec les luttes de leadership fondent les appréciations différenciées des acteurs libanais criant à  l'ingérence et des puissances alliées hantées par l'intrusion en force dans le pré-carré occidental. Dans un Liban en crise, marqué par la bataille en sourdine orchestrant le feuilleton du Tribunal spécial (TSL) instrumentalisé, la percée iranienne se conçoit comme une marque indélébile de soutien et un «message d'unité» en dépassement des querelles intestines. Au moment où l'épée de Damoclès est suspendu sur la tête du Hezbollah, l'entrée en scène de l'allié iranien précieux, voué tout aussi bien à  l'isolement international, conforte le front de la résistance contre l'ennemi sioniste commun qui se légitime par le formidable accueil populaire et officiel chaleureusement réservé à  l'hôte du jour. «L'enjeu est de savoir s'il vient appuyer la cause du Liban ou utiliser le territoire libanais en un tremplin pour ses propres intérêts», s'interroge la directrice du département politique à  l'Université Saint Joseph de Beyrouth, Fadia Kiwane.En tous les cas, l'emprise iranienne, forte de la solidarité exprimée lors de l'agression israélienne contre la souveraineté libanaise en 2006, se renforce par l'effort de reconstruction (1 milliard de dollars) du Sud et des faubourgs de Beyrouth sauvagement détruits. Des projets de modernisation du réseau électrique vétuste et hydrique s'ajoutent aux accords de prêts (450 millions de dollar) et de coopération consentis au Liban qui s'apprête aussi à  attribuer en 2011 des licences d'exploration de ses eaux méditerranéennes.Cette dynamique inquiète et ravive les inquiétudes occidentales qui, par la voix des Etats-Unis, prônent le maintien de «Â l'équilibre à  l'intérieur du Liban » et se déclare opposé à  «tout effort visant à  déstabiliser ou à  attiser les tensions.» Lors de son séjour, Ahmadinejad rendra visite aux villages martyrs de Kana et de Bint Jebeil, symbole de la résistance libanaise victorieuse.