Algérie

Ah! Si la loi pouvait...



Ah! Si la loi pouvait...
On joue du couteau. La défense réclame la clémence. La partie civile va à la «tentative de meurtre».Si le procès-verbal d'audition de la police évoque une tentative de meurtre dans cette affaire, la qualification n'a pas dépassé les coups et blessures ayant entraîné un arrêt de travail de trente jours, sauf complications... Djemaï B. et Adel M.,deux gus qui n'ont jamais expliqué la provocation, ont, le 4 novembre 2013, vers 13h, selon des informations parvenant aux policiers qu'un suspect a tenté d'assassiner Djallal Med qui se trouvait à bord de sa voiture de couleur noire qui roulait vers Zéralda et l'hôpital précisément s'apercevant qu'ils étaient poursuivis, le chauffeur et son compagnon accélèrent en vue de semer les agents lesquels ont eu la présence d'esprit de surveiller une éventuelle tentative de fuite du suspect. Aussitôt pensé, aussitôt réalisé: le suspect est vite maîtrisé et conduit au poste où l'identité fut vérifiée. Il s'agit de Djemaï B. et Adel M.L'histoire d'agression à l'aide d'arme blanche est reconnue mais une tentative de meurtre est vite balayée par le suspect qui a de suite mis en avant la provocation.Mohammed Hallal, la victime de 23 ans, a déclaré avoir été attaqué sur la voie publique le 8 juillet 2013, vers 18 heures environ. «Il m'a pris par les épaules pour être violent.» Et l'agression a été commise par un instrument piquant et tranchant qui a, selon le certificat médical du légiste de Zéralda, occasionné entre «deux plaies linéaires, et abdominales, trois graves blessures du membre supérieur gauche, à la face antérieure de la cuisse gauche et à la face postérieure de la cuisse droite». Trente jours d'incapacité ont été prescrits sauf complications. D'ailleurs, au cours de son admirable plaidoirie, Maître Ahmed Ladjel évoquera dans le détail la région latéro-cervicale gauche à la région pectorale suturée par endroits. Il a ajouté que la plaie longue de trois centimètres environ profonde, compliquée d'une éviscération du colon transverse ayant nécessité une exploration avec ce douloureux commentaire: «Comment Madame la présidente voulez-vous que ce crime de tentative de meurtre ne soit pas retenu puisque les intestins ont été mis à jour hors du ventre! Tout à l'heure en examinant ce dossier, vous ne pourrez prononcer que l'incompétence!» soulignera Maître Laâdjel l'avocat de la partie civile. Mohammed Hellal, blessé, décortique les termes du certificat médical en mettant un accent grave, une gestuelle dont il possède le secret. L'inculpé détenu, du haut de ses cent quatre-vingt-cinq centimètres, était probablement en train de revivre ce qu'a appelé l'avocat de la victime une tentative de meurtre et donc exit les coups et blessures volontaires «seulement». Rappelant que les faits remontent au 8 juillet 2013 alors que nous étions le jeudi 21 novembre 2013, le conseil a mis au défi l'inculpé de prouver que le 8 juillet 2013 il était à Oued Souf, soit plus de 800 km de Chéraga! Enfonçant encore plus le détenu Maître Laâdjel va jusqu'à évoquer le délit de fuite que les policiers ont consigné sur le procès-verbal d'audition. Allant encore plus loin, l'avocat parle de la mise en scène.Il s'accroche à la gravité des faits car sur le certificat il est noté 15 jours de réanimation et des intestins sortis du ventre au-dessous du nombril. «Ce qui est en soi un acte effectué pour tuer...avait encore ajouté l'avocat brun, lequel, malgré un poli rappel à l'ordre de Dahmani, la juge qui désirait que le défenseur fasse court et donc aille aux demandes, continua une demi-douzaine de phrases avant d'aller vers les demandes rudes, en sa qualité de victime.200.000 DA de dommages à titre provisoire et surtout l'incompétence du tribunal, car il s'agit de tentative de meurtre. Maître Nouasria Junior entre en scène. L'avocat de l'inculpé enfourche le cheval des déclarations contradictoires de la victime et fonce...Le jeune défenseur se veut réaliste. Il refuse beaucoup de termes sortis de la bouche de la victime qui a toujours soutenu qu'il n'a jamais vu l'arme blanche sortir de la poche de la veste. «Aujourd'hui, il déclare tout bonnement parler de tout sauf des faits. Maître Nouasria Junior avait vite envie de démonter la catastrophique plaidoirie de son aîné qu'il avait si dramatisée, que la belle Sarah Tabarout, la procureure, demanda une peine d'emprisonnement ferme de cinq ans. Des demandes franchement assommantes, mais effectuées en droite ligne avec la fourchette prévue par la loi.Naïma Dahmani, la juge du jeudi de Chéraga (cour de Blida), avait envie de crier: «Au secours!» en voyant avancer vers la barre Maître Laâdjel, Maître Nouasria et Maître Réda Bekkat, trois monstre sacrés des juridictions qui n'ont jamais froid aux yeux en voulant arracher de bonnes décisions en faveur de leurs clients ce qui va être prenant dans ce dossier de coups et blessures volontaires appuyé d'un arrêt de travail de 15 jours. Mais, car il y a un mais et même trois. Pour Maître Laâdjel, l'avocat de Mohammed H. partie civile n'est pas d'accord avec les faits et leur qualification. Pour les défenseurs de l'inculpé, le «mais» est que la victime délire et raconte tout et n'importe quoi. Faisant une tête d'un ado qui venait de recevoir une fraîche sacrée raclée, la victime Hallal racontera les minutes atroces qu'il a vécues: «Surtout lorsque j'ai vu un morceau d'intestin pendre hors du ventre. C'était hallucinant!» avait-il articulé.Plus tard, Maître Réda Bekkat, le second défenseur de Djemaï dit «Adel» qui risque une demi-décennie d'emprisonnement ou plus si jamais Dahmani décide d'aller vers l'incompétence donc la criminelle, s'était appliqué à expliquer que son client était plutôt innocent en allant jusqu'à faire une lourde révélation sur, précisément, le comportement immoral du plaignant. Au milieu de toutes ces interventions, il faut rappeler que l'inculpé, tout comme la victime se sont bien tenus à l'audience, car généralement, lorsque deux antagonistes sont à la barre où de graves trucs sont débités c'est plutôt le «souk» et pas un procès régulier. Et si cette situation a prévalu, c'est grâce, non seulement à la vigilance et à la rectitude de Dahmani, mais aussi et surtout à la «vista» de Maître Nouasria Junior, de Maître Laâdjel et Maître Bekkat toujours élégant et souriant...La juge a bien suivi et comme elle l'a toujours fait, elle ne perd pas de temps. Elle invite l'inculpé à prononcer le traditionnel dernier mot que la loi permet et met en examen le dossier juste de quoi décider avec sérénité, loin du tapage des avocats qui auront joué le rôle qui leur est dévolu. L'inculpé, lui, est debout mais «absent». Il sait ce qu'il l'attend si toutefois il est prouvé coupable, surtout que maître Laâdjel ne fait pas la fine bouche. Il a réclamé peu de chose: une requalification des faits en «tentative de meurtre». Rien que cela.




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