Oui, nous pouvons
relever le défi ! Après l'audition présidentielle du ministre de l'Agriculture
et du Développement rural, les dernières appréhensions sont tombées tels des
épis broyés par une moissonneuse-batteuse.
En dépit des
oracles des contempteurs de tout bord, la campagne agricole 2009 a engrangé et
le produit agricole et du crédit pour un secteur étiqueté, jusque là, de
traditionaliste ou de franchement archaïque.
Il est loin le temps où la ferme pilote de
Zéralda hantait l'écran de la télévision. A ferme pilote, moyens pilotes bien
entendu ! La belle marmande n'était destinée qu'à l'entourage immédiat de
l'exploitation agricole. Rachid Benaissa persiste et signe : « La plupart des
wilayas atteindront, voire dépasseront, pour cette campagne, les objectifs
fixés dans leurs contrats de performance 2009-2014. Les premiers résultats,
atteints en 2009, laissent entrevoir une action structurée qui consolidera la
mise en synergie des différents efforts en milieu rural, notamment au niveau
communal et infra communal. Ces opérations iront en s'amplifiant dans le cadre des
Projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI) ». Le mot est lâché
et c'est peut-être là, tout le secret. Enfin, un objectif opérationnel :
Projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI). Pourquoi ? Pour un
objectif institutionnel : le renouveau agricole. Quelle en serait la finalité ?
Assurer au pays une sécurité alimentaire à même de le mettre à l'abri des aléas
nutritionnels charriés, par une globalisation qui ne fait déjà plus de cadeaux
aux plus faibles. La feuille de route plait assez aux autorités locales, même
si elle les astreint à la performance ; vocable jusqu'ici éludé par ceux en
charge des affaires du citoyen. Stratifié (PPRI), il visualise jusqu'à la
topographie communale et infracommunale. Il fonctionnalise la synergie dans
tout ce qu'elle a d'interactif. La terminologie généraliste usitée jusqu'à lors
: renforcement des capacités, imbrication des potentialités, encouragement du
fellah par des moyens matériels et financiers sont tombés depuis longtemps dans
le domaine public et ne font plus recette, y compris dans le microcosme agraire
lui-même. A présent, il n'est jamais question que de partenariat.
On redécouvre un pan entier de l'économie
nationale qui, moyennant une démarche se prévalant de lisibilité prospective,
peut à moyen terme éloigner le spectre de la dépendance vis-à-vis des
hydrocarbures. La facture alimentaire n'était-elle pas constituée de céréales,
de légumes secs et de lait ? En plus des actions axiales, les actions
collatérales entreprises en guise d'assises de confortement concernent : la
préservation, l'extension et la valorisation du patrimoine forestier national,
la protection des bassins versants englobant près de 3,5 millions d'hectares,
la lutte contre la désertification concernant près de 20 millions d'hectares et
la conservation des écosystèmes naturels. On oublie souvent que l'arbre
forestier cache l'arbre agricole et que le génie hydraulique concoure à la
survivance végétale. Le renouveau agricole prend, à ce titre, compte du facteur
aussi bien endogène qu'exogène. Il n'est laissé place à aucune hypothèse
dut-elle être favorable pour se prémunir des rêveries. La pluviométrie
exceptionnelle en est le meilleur exemple. Les réveils peuvent être souvent
brutaux. Les généreuses précipitations n'expliquent pas à elles seules, la
forte croissance agricole ; les multiples mesures managériales et incitatives
sont pour beaucoup dans cette embellie agricole. Cette exceptionnelle
croissance relevée dans toutes les filières, selon le membre du gouvernement,
est le résultat d'une production céréalière de 60 millions de quintaux contre
17 en 2008, une production oléicole de près de 5 millions de quintaux contre
2,5 en 2008 et une production fourragère qui a doublé en 2009. Elle atteignait
à peine les 19,5 en 2008.
Pour cette dernière spéculation, il n'est nul
besoin de noter le caractère moteur de celle-ci dans les filières lait et
viandes. Surpris un tant soi peu par cette manne, le secteur a dû faire face
aux difficultés dans les capacités de moisson-battage, d'ensilage et de réseau
performant d'huileries. Mais ce n'est qu'un impondérable qui trouvera sa
solution dans le package opérationnel du département. Les cibles sont à présent
objectivées, le nouveau bréviaire inclut désormais dans sa terminologie des
filières nommées : céréales, viandes, lait, pomme de terre et autres. Il est
clair que la stratégie agricole se dessine et ses contours bien cernés, ils ne
dépendent plus d'aléas organisationnels ou climatiques. Le froid est cet autre
facteur de conservation, longtemps livré à lui-même, il se rapproprie son rang
stratégique dans la sauvegarde du produit agricole qu'il soit pour la bouche ou
l'ensemencement. La wilaya de Aïn Defla, citadelle de la pomme de terre, est en
train de déstocker ses réserves de pomme de terre pour assurer la soudure
d'arrière-saison. La réhabilitation de ce segment ne pourra que stabiliser un
marché jusque là livré à la curée de la spéculation. Les réactions des tenants
de cette dernière ne peuvent être que fulgurantes. Il y va de leur survie !
En ce qui concerne l'action gouvernementale,
notamment dans les autres secteurs, y a-t-il intégration de l'acte agricole
dans les projections sectorielles pour aller vers une synergie fédérée à
l'effet d'un renouveau rural intégré et global ? Et même si c'est le cas, la
ruralité est à plusieurs consonances eu égard, à la configuration géo-humaine
du territoire national. Le profil des Aghbal dans la Chenoua, n'a certainement
pas les mêmes contours que celui des étendues steppiques de Naâma encore moins
que celui du Gourara. La question ne mériterait pas d'être posée si l'on
considère que ce plan national dépasse de loin les ambitions sectorielles et si
leurs finalités ne concourent à la promotion des populations rurales,
distraites pendant longtemps par les turbulences qu'a subies le pays.
Le retour au terroir relève de plusieurs
facteurs incitatifs pour la bonification du cadre de vie sous-tendu par la
route, les télécommunications, l'énergie électrique, l'eau, l'école, la veille
sanitaire aussi bien humaine qu'animale. Les programmes d'apprentissage et
d'emploi durable doivent impérativement répondre au profil contextuel. Il n'est
donc plus permis d'oeuvrer à l'emporte-pièce où il n'est pas tenu compte, de
pertinence et de cohérence, dans la démarche imprimée à la dynamique de
valorisation du fait agricole. Le circuit de l'information, figé par tradition
bureaucratique, a montré ses limites ; il devra investir l'aire d'évolution des
partenaires par une approche informative de proximité. Le retour de
l'information traitée est un acte de civilité managériale. Il valorise et
rétablit la confiance perdue générée par les prétentions démesurées et les
promesses non tenues.
Les moyens actuels de télécommunication sont
tous faits, pour dénouer les noeuds les plus serrés dans la collecte et la
transmission de l'information. L'information climatologique, délivrée par
l'Office national de la météorologie (ONM) depuis longtemps par le Net et le
réseau de téléphonie mobile, en est le meilleur exemple.
Les prévisions thermiques et pluviométriques
par région courent jusqu'à la fin de l'année. L'amélioration des facteurs de
production et de rendement à l'hectare est à présent, à portée de main. La
décrue de la facture alimentaire sera l'unique observatoire par lequel, le
citoyen peut espérer voir ses besoins nutritionnels ne plus dépendre des
céréaliers en rade dans les ports. L'avenir nous le dira !
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Posté Le : 17/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Farouk Zahi
Source : www.lequotidien-oran.com