Algérie

Agression contre Ghaza: Une nouvelle feuille de route américaine


Samedi, 239e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le nombre de victimes s'est élevé à 36.379 martyrs et 82.407 blessés, a indiqué, hier, le ministère de la Santé de l'enclave. La même source a ajouté que l'occupation a commis, vendredi, 5 massacres faisant 95 martyrs et 350 blessés.

Hier, l'occupation a bombardé plusieurs zones, du nord et au sud, de la bande de Ghaza. L'aviation militaire sioniste a lancé une ceinture de feu sur la région de Beit Hanoun, dans le nord de Ghaza. Au même moment, l'artillerie ciblait des quartiers du centre et du sud de la ville de Rafah, au sud de l'enclave. La journée d'hier a été marquée par le martyr de la journaliste palestinienne Ola Al-Dahdouh, animatrice de la radio Sawt Al-Watan à Ghaza. La chaîne palestinienne Al-Aqsa a rapporté que la journaliste Ola Al-Dahdouh a été tuée dans un bombardement ciblant une maison dans la rue Al-Jalaa dans la ville de Ghaza à l'aube de samedi.

Depuis le 7 octobre 2023, l'armée sioniste a tué pas moins de 140 journalistes, photographes et professionnels des médias dans la bande de Ghaza, dans des bombardements et des tirs de drones les ciblant.

Samedi également, un correspondant d'Al Jazeera a rapporté que deux Palestiniens ont été tués et d'autres blessés dans un bombardement israélien visant une école abritant des personnes déplacées dans le quartier d'Al-Zaytoun, au sud-est de la ville de Ghaza. D'intenses tirs de l'artillerie ont ciblé, hier, plusieurs zones de l'est de la ville de Rafah, a indiqué le correspondant d'Al Jazeera.

Par ailleurs, l'agence Associated Press a cité un communiqué de l'armée israélienne selon lequel 36 personnes de la bande de Ghaza sont mortes dans les centres de détention israéliens depuis le 7 octobre.

A ce sujet, de nombreux rapports d'organisations des droits de l'homme ont rapporté, précédemment, des conditions de détention inhumaines des Palestiniens de Ghaza arrêtés par les troupes sionistes. De très nombreux cas de torture de détenus de Ghaza par l'armée sioniste, y compris des travailleurs d'agences de l'ONU, comme l'UNRWA, ont été documentés par ces organisations.

Ces pratiques barbares, relevant de la déshumanisatation des palestiniens par l'entité sioniste, ont été poussées jusqu'à désigner l'UNRWA, une organisation sous l'égide des Nations Unies, comme entité «terroriste».

Hier, la Belgique a condamné, par la voix de sa ministre des Affaires Etrangères, citée par Al Jazeera, la désignation de l'UNRWA comme «organisation terroriste» par le parlement sioniste. «Nous condamnons les tentatives de la Knesset israélienne de classer l'UNRWA parmi les organisations terroristes et de lever l'immunité de ses employés.

Les activités de l'UNRWA sont essentielles pour permettre aux Palestiniens de faire face à la situation humanitaire tragique dans la bande de Ghaza», a déclaré Hadja Lahbib.

Destruction délibérée des établissements de santé

Vendredi, les États membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont voté massivement pour une résolution appelant à une «conférence des donateurs pour financer les «vastes besoins de santé dans le territoire palestinien occupé».

La résolution a également exigé davantage de documentation et de reportages sur la situation «catastrophique» à Ghaza et sur la «destruction gratuite des établissements de santé» par Israël. Le vote de cette résolution, selon Al Jazeera, s'est déroulé après des tentatives israéliennes d'inclure dans le texte un appel à la «libération de tous les captifs détenus à Ghaza». Toute décision «qui n'exige pas la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages est un échec moral impardonnable», a déclaré l'ambassadrice israélienne Meirav Eilon Shahar, lors de l'Assemblée mondiale de la santé, le rassemblement annuel à Genève des 194 États membres de l'OMS.

La résolution a finalement été adoptée par 102 voix pour, 6 voix contre, dont celles d'Israël et des États-Unis, tandis que 69 pays disposant du droit de vote se sont abstenus ou étaient absents lors du vote.

A la situation catastrophique du secteur de la santé à Ghaza, soumis aux bombardements dès la première semaine de l'agression sioniste, s'ajoute la grosse problématique de la gestion des déchets et des eaux usées, ainsi que de l'alimentation en eau potable.

Samedi, le maire de la ville Ghaza, Yahya al-Sarraj, a expliqué sur Al Jazeera que l'occupation, dans le cadre de sa démarche criminelle de «vider les villes et à déplacer les populations» de l'enclave assiégée, a «systématiquement ciblé les services et les installations municipales».

«Nous sommes confrontés à de grands défis, le plus important étant celui de la fourniture de services d'eau et de l'assainissement. Nous ne sommes toujours pas en mesure d'ouvrir les rues fermées à cause des décombres, ce qui gêne la fourniture des services d'urgence», a-t-il déclaré, regrettant que «nos services ne répondent pas à ce qui est requis» en raison de multiples problèmes dont le plus épineux est l'absence d'engins pour les travaux, mais surtout l'insécurité totale due aux bombardements incessants de l'armée sioniste.

«Cessez-le-feu» : une «feuille de route» américaine

Vendredi après-midi, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, le président américain Joe Biden a déclaré qu'Israël avait présenté «une nouvelle proposition globale» pour mettre fin à la guerre.

Israël a accepté une proposition qui conduirait à un cessez-le-feu «durable» dans la bande de Ghaza, a annoncé le président Biden, appelant le Hamas à accepter la proposition.

Quelques heures plus tard, c'est le ministre des Affaires étrangères britannique, David Cameron qui emboite le pas à Biden, en déclarant que le Hamas «doit accepter» la proposition israélienne « d'arrêter les combats, de libérer les détenus et de permettre l'acheminement de l'aide vers Ghaza».

Cette attitude immorale à vouloir coller au Hamas, et à la résistance palestinienne, un éventuel échec de la démarche, cache mal le parti pris des puissances occidentales en faveur d'Israël. Faut-il rappeler que la précédente proposition de deal, du début du mois de mai dernier, soutenue pourtant par les Etats-Unis, a été acceptée par le Hamas et refusée par Israël ?

Cette fois aussi, au moment où les grandes puissances demandent au Hamas de valider, sans discussion, la «feuille de route» annoncée par Biden, le refus est venu de l'allié sioniste, Netanyahu qui a réaffirmé, quelques heures après la conférence de presse du président américain, sa volonté de «ne pas vouloir mettre fin à la guerre».

L'annoncé a été faite, vendredi, par le Cabinet du Premier ministre sioniste qui a déclaré que sa «détermination à ne pas mettre fin à la guerre tant que tous ses objectifs n'auraient pas été atteints». Le communiqué indique clairement qu'il n'y aura d'arrêt de la guerre jusqu'à «l'élimination du Hamas».

Alors, par quel miracle Biden et Cameron présentent la proposition de «cessez-le-feu» comme étant une «offre israélienne», et que c'est au Hamas de l'accepter ?

Comme le souligne Abdallah al-Arian, professeur d'histoire à l'Université de Georgetown au Qatar, sur Al Jazeera, « les conditions d'Israël pour mettre fin à la guerre n'ont pas changé : la destruction des capacités militaires et gouvernementales du Hamas, la libération de tous les otages et la garantie que Ghaza ne constitue plus une menace pour Israël ». Commentant la proposition américaine, l'analyste politique principal d'Al Jazeera English, Marwan Bishara, estime que Joe Biden est «l'un des dirigeants américains les moins fiables et les plus indignes de confiance depuis des décennies», ajoutant qu'il n'avait jamais vu un président américain «soutenir de manière aussi éhontée et sans vergogne les crimes de guerre d'un dirigeant étranger».

Pour M. Bishara, le président Biden a fait preuve d'un «manque de leadership dans sa gestion de la guerre israélienne contre Ghaza». L'analyste estime que l'approche de Biden «a échoué», «faute de clarté et de résolution nécessaires qu'exige une question aussi complexe et sensible».