Agir privé, penser public
A quoi sert la presse privée ' A faire des histoires, à engranger de la publicité, à remuer le couteau dans la plaie ou la plaie sous le couteau. Pourtant, Ahmed Rouadjia, professeur victime d'un licenciement abusif pour avoir critiqué la gestion de l'université de M'sila, en sait quelque chose. Après plusieurs articles dans la presse privée et des manifestations de soutien, il vient d'être réintégré.A aucun moment la presse publique, encore moins la radio ou l'ENTV, n'a parlé de son cas, pourtant exemplaire, d'un abus d'autorité. Défendre les injustices quand elles sont le fait de commis de l'Etat est l'une des fonctions de la presse privée, par opposition à la presse publique qui, elle, choisit de ne parler que des choses positives et de masquer tout arbitraire émanant de l'autorité centrale et de ses représentants.Le cas d'Ahmed Rouadjia pourrait arriver à n'importe quel Algérien pris en flagrant délit de critique de sa hiérarchie, en ces temps où il faut embrasser la main du plus haut que soi pour continuer à manger. Dernièrement, Chérif Belkacem, l'un des membres du Conseil de la Révolution, est mort, déclassé jusque dans l'Au-Delà pour ses différends connus avec l'actuel président, ex-ami au sein du même Conseil où les deux « frères » étaient liés dans la fonction et le pouvoir comme dans la vie. Aucun message de condoléances ne lui a été adressé, lui qui a fait des walis et des ministres et fait grimper des centaines de carrières. L'Algérien public, celui qui occupe des fonctions liées à l'Etat, étant à ce point empreint de lâcheté que pas un seul d'entre eux n'a osé publier une pensée, préférant en toute féodalité envoyer des messages de condoléances à la défunte mère du président sans la connaître. La presse publique dans tout ça ' Même principe, c'est avec la lâcheté que l'on construit des cimetières et que l'on vend l'avenir de nos enfants.
Posté Le : 19/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com