Depuis maintenant plusieurs semaines, une invasion de criquets dévore toutes les cultures du sud-ouest de Madagascar. Ce fléau menace sévèrement les habitants qui ne survivent que grâce à elles.
En février dernier, le cyclone Haruna a touché l’île de Madagascar. Or, son passage a créé les conditions d'humidité favorables à la prolifération de criquets migrateurs. Les autorités n’ont pas réagi à temps et, aujourd’hui, leur population atteint 500 milliards d’individus, estime une récente mission de comptage.
Comme l’explique à l’AFP Tsitohaina Andriamaroahina, directeur de la Protection des Végétaux au ministère malgache de l'Agriculture, "en une journée, on a compté cinq essaims sur un trajet de 20 km, donc c'est vraiment extrêmement grave, c'est toute la population malgache maintenant qui est concernée".
En réalité, le gouvernement avait déclaré l'état d'alerte dès novembre qualifiant l'invasion naissante de "calamité publique". Malheureusement la majeure partie du budget du centre national anti-acridien part en salaires et les fonds internationaux se font attendre.
"Je ne peux que me mettre à genoux devant le fait, ça me fait mal au cœur", se désole M. Andriamaroahina, qui bien que chef de la mission associant l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) reste totalement impuissant.
Il faut dire que cette invasion est une incroyable catastrophe.
Un essaim de 15 kilomètres de long
Elle prend la forme d'un gigantesque nuage noir de millions de criquets formant un essaim de 15 km de long qui file au ras du sol à 20 km à l'heure.
En un jour, jusqu'à 100.000 tonnes de végétation peuvent disparaître: riz, pâtures, maïs, canne à sucre, les criquets engloutissent tout.
"Après le passage des criquets il n'y a plus rien à manger pour les femmes et les enfants, les bêtes n'ont plus rien à manger non plus, on souffre beaucoup", raconte désespéré Zefa Vilimana, propriétaire d'un champ de cannes à sucre dont les longues feuilles vertes ont été dévorés.
Même chose chez un autre cultivateur, Joseph Rakoto, qui a perdu la moitié de ses récoltes de riz depuis le passage des essaims. Et "les pesticides contre les parasites des rizières, ce n'est pas efficace contre les criquets. Les autorités ne nous donnent rien [ ... ] je cherche d'autres boulots pour me nourrir maintenant".
Ces scènes de désolation se reproduisent un peu partout dans le sud-ouest de Madagascar. Les criquets privent ainsi de leurs récoltes une population qui, pour 70% d’entre elle, vit déjà sous le seuil de pauvreté.
Plus de 30 millions d'euros à rassembler contre ce fléau
Aujourd’hui, selon la FAO, plus de 50% des 22 millions de Malgaches sont menacés dans leur sécurité alimentaire et nutritionnelle. S'il est maintenant trop tard pour faire de la prévention, la FAO a élaboré un plan afin de traiter aux pesticides les larves et les essaims de criquets. Toutefois, pour être mis en œuvre, il faut rassembler quelque 17 millions d'euros d'ici juin et 31,5 millions d'euros en tout afin de pouvoir démarrer en septembre le traitement par voie aérienne des millions d'hectares touchés.
"Le gros problème qu'on a ici, c'est le manque d'argent. On ne peut pas acheter de pesticide, on ne peut pas acheter de carburant. Les agents sur le terrain, les chefs de poste ne peuvent pas effectuer leur travail, du coup nous ne travaillons pas, les agriculteurs souffrent et les criquets se multiplient", déplore ainsi M. Rakotovao Hasibelo, responsable de la lutte terrestre anti-acridienne à Sakaraha.
En savoir plus: http://www.maxisciences.com/criquet/une-invasion-de-criquets-ravage-les-cultures-de-madagascar_art29458.html
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 10/05/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo et texte: Publié par Emmanuel Perrin, le 07 mai 2013
Source : maxisciences.com