Né le 18 juillet 1918, il intègre l’African National Congress (ANC) dans les années 1940 et prend part à la lutte non violente contre la ségrégation raciale inspirée du mouvement de non-violence du Mahatma Gandhi.
En mars 1960, le Pan African Congres (PAC), un autre mouvement de lutte contre l’apartheid, appelle la population à manifester dans tout le pays pour obtenir l’abrogation du passeport intérieur imposé pour se déplacer et l’augmentation des salaires. La police tue à Sharpeville 69 manifestants noirs. Les organisations politiques comme l’ANC et le PAC sont interdites. Mandela et des militants de son parti constatent que cette forme non violente de militantisme n’a pas abouti à l’émancipation des Noirs. Ainsi, ils optent pour la lutte armée contre le régime raciste de Pretoria.
Arrêté en 1962, Mandela est condamné à la détention à perpétuité en 1964. Outre la répression sanglante, la population noire est confrontée à la violence de la loi. L’arsenal juridique du régime d’apartheid et les exemples sont légion en la matière. En 1913 est promulgué le Native Land Act, révisé en 1936, qui accorde 13% du territoire aux Noirs. Suit la Mines & Works Amendement Act en 1927 réservant certains emplois aux Blancs et interdisant la délivrance de certificats d’aptitude aux mulâtres, Asiatiques et Noirs. L’Apprentice Ship Act de 1944 interdit aux Noirs de bénéficier de la formation professionnelle.
Le régime raciste persiste dans sa politique ségrégationniste avec le Bantu Consolidation Act en 1945, qui permet aux inspecteurs du travail de délivrer ou de retirer les permis de travail aux Africains. Le Group Area Act, en 1950, oblige les populations non blanches à vivre dans des zones spécifiques. Même pour se déplacer, il faut se faire délivrer un laissez-passer comme le stipule le Native Act Area de 1952. Afin d’empêcher la création de syndicats interraciaux, il est élaboré en 1956 l’Industrial Conciliation Act. De telles lois exaspèrent les populations noires.
Une majorité noire pauvre et atomisée
Le contrôle de la population par la loi et la violence se durcit encore avec le Bantu Law Act en 1964 qui interdit à la majorité des Noirs de vivre en dehors des bantoustans. Toutes ces lois ont renforcé l’hostilité de la minorité blanche envers toute réforme. Elle y voit une menace pour ses privilèges. Et l’esprit de la législation relative au travail est lié au refus des ouvriers blancs de toute compétition des Noirs sur le marché du travail. Les syndicats blancs ont imposé des lois qui ne réservent aux Noirs que des emplois non spécialisés et moins rémunérés. Ainsi, l’exploitation des Noirs et des ouvriers des pays voisins, surtout dans les mines, constitue la source principale de profit pour les Blancs. Mais cette politique a des limites du fait qu’il est constaté ensuite la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. D’où l’impact négatif sur la productivité industrielle.
Dans les zones urbaines, la législation fait la différence entre les Noirs mêmes. Il y a ceux qui y vivent légalement car installés depuis longtemps et en mesure de se justifier en conséquence d’un emploi à durée prolongée. Les autres sont tolérés selon les besoins du marché du travail, sinon, ils sont menacés à tout moment d’expulsion vers les homelands. Pour rationaliser le marché du travail, le Premier ministre, Pieter W. Botha, accorde le droit syndical aux Noirs et aux migrants. Mais les syndicats noirs n’ouvrent pas droit aux grèves. Suit la décision de création de nouveaux homelands, une espèce de réserve de main-d’œuvre. Mais toutes ces mesures cachent le souci du système à sauvegarder la suprématie économique des Blancs et empêcher la promotion sociale des Noirs. En juin 1976 éclatent les émeutes de Johannesburg. Des adolescents manifestent contre l’obligation de suivre leur enseignement en langue afrikaans. La répression du régime fait 23 morts.
Fin d’une époque
La fin des années 1980 est marquée par des changements à l’échelle mondiale. Le bloc Est et le mur de Berlin se sont effrités et le vent de la démocratie souffle sur tous les continents. Sous la pression des grandes puissances, Pretoria décide d’ouvrir une page nouvelle d’histoire à commencer par la suppression de l’apartheid. Une nouvelle politique s’amorce dans cet esprit avec la libération de Nelson Mandela en février 1990, après vingt-sept ans de prison. Il devient vice-président de la République sud-africaine. Poste qu’il occupera jusqu’en 1991 puis président de l’ANC de 1991 à 1994.
Avec Frederik de Klerk, il lance le processus de démocratisation du pays. La ségrégation raciale est abolie dans les lieux publics, l’état d’urgence est levé et les dernières lois consacrant l’apartheid sont abolies. Au terme de négociations entamées en 1990, une Constitution intérimaire est adoptée, en novembre 1993, malgré l’opposition des extrémistes.
Elu président de la République en 1994 à l’issue des premières élections multiraciales de l’Afrique du Sud, Mandela forme un gouvernement d’union nationale où F. de Klerk occupe le poste de deuxième vice-Président. Et l’Afrique du Sud retrouve sa place dans le concert des nations. En 1996 est adoptée une nouvelle Constitution. F. de Klerk et le Parti national quittent le gouvernement. Prix Nobel de la paix en 1993, Mandela se retire à la fin de son mandat, en 1999. Lui succède Thabo Mbeki. Après son retrait de la vie publique, il crée la Fondation Mandela, le Fonds Nelson Mandela pour l’enfance et la Fondation Mandela Rhodes pour poursuivre son œuvre.
Vingt ans après la disparition de l’apartheid, le pays Arc-en-ciel s’impose comme puissance économique émergente. Cependant, les inégalités sociales restent importantes. Selon un recensement de 2011, les Blancs continuent à gagner plus que les Noirs avec un revenu moyen de 36.500 euros contre 6.000 euros par an.
Amnay idir
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Posté Le : 08/12/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: france24.com ; texte: Amnay idir
Source : El Watan.com du samedi 7 décembre 2013