Algérie

Afrique : l'intrusion d'Israël déjouée



Le grand suspense a pris fin : l'organisation africaine a suspendu hier dimanche la décision d'octroi du statut d'observateur à Israël, marquant la victoire de tous les pays, l'Algérie en tête, opposés à cette intrusion.L'issue des débats autour de cette question était très attendue. Elle a focalisé toute l'attention durant ce sommet, occultant en quelque sorte tous les autres sujets examinés durant deux jours.
Ce 35e sommet est pourtant intervenu dans un contexte marqué par la multiplication des coups d'Etat et l'aggravation des problèmes sécuritaires liés aux groupes terroristes.
Le fait que les discussions autour du statut d'Israël aient été programmées à la fin de la rencontre n'a cependant pas aidé à chasser la tension ni apaiser le climat. Samedi, jour de l'ouverture du sommet, on a vu Moussa Faki appeler à des débats sereins après avoir tenté de justifier la décision qu'il avait prise en juillet dernier.
Le président de la commission exécutive de l'UA a laissé croire que la présence d'Israël pouvait se transformer «en arme pour la paix», mais les réactions dans la salle trahissaient une hostilité très franche.
Des applaudissements retentissants ont fusé après l'appel lancé par le Premier ministre palestinien à retirer la décision d'octroi du statut d'observateur à Israël. Il s'en est pris de manière directe à Moussa Faki, l'accusant d'avoir «récompensé» Tel-Aviv pour «ses exactions contre le peuple palestinien». La veille, le chef de la diplomatie algérienne avait qualifié de «faute» l'acceptation d'Israël au sein de l'organisation africaine. Et ce n'est donc pas une surprise de voir le nom du principal responsable de cette décision unilatérale apparaître dans le premier point de la déclaration de l'UA sur le sujet. Il a été convenu «de geler la décision prise par Moussa Faki d'octroyer le 22 juillet dernier le statut d'observateur à Israël au sein de l'UA», indique le texte.
Les recommandations vont plus loin puisque le sommet a également convenu de mettre en place un comité composé de sept chefs d'Etat parmi lesquels se trouve le Président algérien Abdelmadjid Tebboune. Il comporte également les noms du chef d'Etat sénégalais, en sa qualité de président en exercice de l'UA, des Présidents de l'Afrique du Sud, du Rwanda, de la République démocratique du Congo (RDC), du Nigeria ainsi que du Cameroun.
L'Algérie s'est, quant à elle, totalement investie pour l'obtention de ces résultats. Elle a mené une réelle fronde à la tête d'un groupe de sept pays, représentés dans le comité mis en place. A maintes reprises, Ramtane Lamamra avait évoqué sa crainte d'une sérieuse division de l'organisation. En octobre dernier, une réunion regroupant les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'UA a mis en évidence d'importantes divergences relevées par le MAE algérien.
Le gel de la décision d'octroyer le statut d'observateur à Israël est, de ce fait, considéré comme un grand pas, une grande avancée en la matière. Pour l'instant, il met en échec les tentatives d'imposer Tel-Aviv sans concertation avec les Etats membres de l'organisation africaine qui se prépare également à faire barrage à d'autres coups à venir. La mise en place d'un comité constitué de sept Présidents est l'un des mécanismes adoptés pour dégager les voies et moyens de faire barrage à toutes les éventualités. Ce fait reflète assez largement la délicate conjoncture que traverse l'organisation continentale.
La décision d'opter pour le «gel» et non pas le retrait pur et simple d'Israël peut de ce fait être interprétée comme un pas prudent, le pas le plus sûr, en tous les cas, pour éviter des cassures trop importantes au sein de l'UA. «Introduire une demande de retrait aurait sans aucun doute mis ce sommet à rude épreuve avec l'éventualité de retrait de plusieurs Etats, mais l'adoption de la décision de gel est une grande victoire», commente un diplomate arabe bien au fait de la situation.
La Ligue arabe, a de son côté, réagi en qualifiant la nouvelle comme étant une «correction» de l'erreur commise en acceptant Israël au sein de l'UA et une mise en conformité avec les positions de l'organisation en faveur de la Palestine.
Abla Chérif


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