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Afrique - Kenya: Eléphants, lions et zèbres souffrent aussi du changement climatique



Afrique - Kenya: Eléphants, lions et zèbres souffrent aussi du changement climatique




De notre envoyée spéciale au Kenya: Audrey Chauvet

Une girafe grignote tranquillement quelques feuilles, tandis que de l’autre côté de la route des autruches se pavanent. Plus loin, des buffles mâchonnent de l’herbe dans la grande prairie qui laisse entrevoir au loin les gratte-ciels du centre de Nairobi. Au Kenya, pas besoin d’aller très loin pour voir des animaux que l’on ne connaît chez nous que derrière les grilles d’un zoo: zèbres, antilopes, phacochères, hippopotames, lions et éléphants sont la fierté du pays et aussi une source de revenus primordiale. Le tourisme représente plus de 10% du PIB kenyan et les safaris restent prisés par les touristes: plus d’un million et demi de personnes visitent les parcs naturels chaque année.

A la recherche de points d'eau

Mais au pays du Roi Lion, le changement climatique pourrait peser lourd sur les animaux.

«Ces dernières années, nous avons connu de grandes sécheresses et des précipitations très irrégulières, témoigne Richard Lesiyampe, secrétaire général du Ministère de l’Environnement kenyan. Cela a provoqué une perte de ressources en eau.»

Chaque goutte d’eau compte pour les espèces locales: Samuel Kasiki, directeur adjoint de Kenya Wildlife Services (KWS) en charge de la biodiversité dans les parcs naturels du pays, explique que «Lorsqu’une espèce adaptée à la vie en prairie voit son environnement se transformer en brousse, elle ne peut pas survivre. L’inadaptation de l’habitat a provoqué des extinctions locales d’espèces».

Pour trouver de l’eau, les animaux sont souvent contraints de changer de territoire. Et quand un éléphant se balade, ce n’est pas sans conséquences: «Nous sommes confrontés à des conflits entre humains et éléphants lorsque ceux-ci s’approchent des villages, raconte Mohamed Kheri, responsable de la réserve de Shimba Hills, à l’ouest du pays. Nous avons dû installer des clôtures pour retenir les éléphants.»

A l’inverse, certains animaux doivent être pris par la main pour rééquilibrer les populations: «Il nous a par exemple fallu déplacer des zèbres pour pouvoir assurer l’alimentation des lions qui s’en nourrissent», illustre Samuel Kasiki.

Dans le célèbre parc du Masaï Mara, les migrations des animaux ont aussi été perturbées par les précipitations inhabituelles.

«Si on protège les éléphants, on protège tout l’environnement»

Si les équipes de KWS surveillent de près l’évolution de la faune et de la flore, elles ont besoin de soutien financier. L’Agence française de développement (AFD) participe ainsi au financement d’un projet de conservation de la biodiversité dans le nord du Kenya: huit millions d’euros ont été prêtés par l’AFD pour préserver la forêt de Marsabit et y développer le tourisme tout en préservant les ressources en eau et en nourriture pour le bétail des populations locales.

«Protéger une source d’eau permet de faire comprendre l’importance de la protection des parcs à la population, mieux que lorsqu’on parle de la forêt ou des éléphants», estime Rémi Fritsch, directeur adjoint de l’agence de l’AFD à Nairobi.

Dans le parc de Shimba Hills, certains voisins des éléphants semblent pourtant bien avoir compris l’enjeu: «Nous avons créé des "clubs éléphants" dans les écoles pour que les enfants comprennent que la conservation des espèces est un devoir, s’enthousiasme Hamisi Salim Zira, militant dans une association de protection de la nature.

Au Kenya, aucun élève n’a de cours là-dessus et nous n’avons aucun botaniste local, par exemple.»

Alors que les autorités rappellent à qui veut l’entendre que la biodiversité kenyane est un héritage mondial dont tous les pays doivent se soucier, Hamisi Salim Zira espère déjà convaincre les Kenyans de l’intérêt de protéger leur nature: «Si on protège les éléphants, on protège tout l’environnement».

* Photo: Des zèbres dans le parc national de Hells gate, au Kenya, le 20 novembre 2014. - A.Chauvet/20Minutes



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