La Tanzanie ne vendra son stock d'ivoire ni à la Chine ni au Japon. Le gouvernement a décidé, vendredi 21 décembre, de retirer la demande déposée en octobre auprès de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d'extinction (CITES).
La Convention aurait dû se prononcer lors de sa réunion en mars à Bangkok sur la cession des 101 tonnes d'ivoire stockées par le pays depuis vingt-trois ans, soit les défenses de quelque 10.000 éléphants. Le montant de cette opération avait été évalué à 55 millions de dollars (41,5 millions d'euros).
Les raisons de cette volte-face ne sont pour l'instant pas connues, même si le directeur de la faune sauvage au ministère des ressources naturelles, Alexander Songorwa, a laissé entendre, mardi, au quotidien tanzanien The Citizen que le pays n'était pas en mesure de remplir toutes les conditions imposées par la CITES pour obtenir une levée de l'embargo sur l'ivoire en vigueur depuis 1989.
Manque vraisemblablement aux autorités la capacité à maîtriser le braconnage. De récentes saisies en Asie ont permis d'identifier de l'ivoire provenant de Tanzanie.
LA CHINE, PRINCIPAL DÉBOUCHÉ
Alors que l'Afrique connaît une nouvelle guerre de l'ivoire, l'initiative de la Tanzanie avait déclenché l'opposition de plusieurs pays de la région victimes de cette criminalité organisée. Le Kenya, le Burkina-Faso, le Togo et le Mali avaient à leur tour déposé, fin octobre, une "contre-proposition" à la CITES, exigeant qu'aucune dérogation au moratoire ne soit accordée.
Le trafic d'ivoire avait atteint des sommets en 2011. La saisie record de 24 tonnes réalisée en Malaisie en décembre a confirmé cette tendance. Dans plusieurs pays, le massacre des éléphants permet de financer des mouvements armés. Le Conseil de sécurité des Nations unies a ordonné, lundi, une enquête sur l'implication du LRA (Lord's Resistance Army) dans le braconnage en Ouganda.
Les liens entre des groupuscules armés du Soudan et du Tchad et les razzias perpétrées depuis plusieurs années dans le nord du Cameroun sont en revanche établis. Fin 2011, 450 éléphants ont été tués dans le parc de Bouba N'Djida. Les autorités camerounaises ont été contraintes de déployer sur le terrain près de 150 militaires.
Les organisations de conservation, qui se sont félicitées de la décision de la Tanzanie, rappellent toutefois que la bataille contre le commerce illégal de l'ivoire ne pourra être gagnée sans la coopération de la Chine, principal débouché pour les trafiquants.
Pour l'instant, celleci ne fait preuve d'aucune réelle volonté.
* Photo: Le commerce international de l'ivoire d'éléphant a été interdit en 1990 par la convention des Nations unies sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. | ALEXANDER JOE/AFP
Laurence Caramel
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Posté Le : 30/12/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: ALEXANDER JOE/AFP ; texte: Laurence Caramel
Source : lemonde.fr/planete du vendredi 29 décembre 2012