Afrique du Sud

La banque centrale sud-africaine a annoncé jeudi l'augmentation d'un quart de point de son taux directeur, pour tenter de juguler une forte inflation liée à la sécheresse et à la dépréciation du rand, renforcée par des remous politiques.Compte tenu notamment "des risques d'augmentation de l'inflation", la banque centrale du pays le plus industrialisé d'Afrique "a décidé d'augmenter le taux de base d'un quart de point à 7%, à compter du 18 mars 2016", a déclaré le gouverneur Lesetja Kganyago, lors d'une conférence de presse à Pretoria. La banque centrale sud-africaine avait déjà augmenté son taux directeur d'un demi-point fin janvier, et d'un quart de point en novembre.Les perspectives de croissance se sont "encore détériorées", a ajouté Lesetja Kganyago. La banque centrale table désormais sur une croissance de 0,8% en 2016, contre 0,9% auparavant, et sur une croissance de 1,4% pour 2017, contre 1,6%.Les prix à la consommation ont "augmenté sensiblement", notamment à cause de la forte hausse des prix des denrées alimentaires, a poursuivi Lesetja Kganyago. L'inflation en janvier était de 6,2%, contre 5,2%.L'augmentation des prix des denrées alimentaires (6,9% en janvier, contre 5,9% en décembre) s'explique par "l'aggravation de la sécheresse er la dépréciation du rand", a expliqué la banque centrale.L'Afrique du Sud, grenier à céréales de la région, traverse la pire sécheresse depuis un siècle. A tel point que le pays va devoir importer cette année six millions de tonnes de maïs, soit la moitié de sa récolte annuelle habituelle."Le taux de change du rand a quelque peu récupéré des baisses enregistrées en décembre et janvier" après le limogeage surprise du ministre des Finances, Nhlanhla Nene, très respecté des marchés, a poursuivi Lesetja Kganyago.Le rand s'est apprécié de 4,5% par rapport au dollar depuis fin janvier, après avoir perdu 13,5% de sa valeur face au billet vert entre mi-novembre et fin janvier.Cependant la devise nationale "reste extrêmement volatile et vulnérable aux développements nationaux et internationaux", a reconnu la banque."Les événements politiques nationaux ont eu ces derniers jours des conséquences significatives sur le rand", a-t-elle relevé. Une référence notamment aux révélations sur les interférences politiques supposées d'une richissime famille d'hommes d'affaires et sur les tensions entre le ministre des Finances Pravin Gordhan et l'unité d'élite de la police.