Algérie

Afrique de l'Ouest : La Cédéao au chevet d'un Mali terrassé par la crise



Un sommet extraordinaire entre dirigeants de pays ouest-africains se tiendra lundi en vue de proposer des mesures pour mettre fin à la crise sociopolitique qui secoue le Mali, a déclaré le président du Niger, Mahamadou Issoufou, qui préside actuellement la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).«Nous avons décidé de faire un compte-rendu à l'ensemble des chefs d'Etat de la Cédéao dans le cadre d'un sommet extraordinaire qui est convoqué pour le lundi» 27 juillet, a déclaré aux médias Mahamadou Issoufou, ajoutant que des «mesures fortes pour accompagner le Mali» seront prises lors de ce sommet qui se déroulera par visioconférence. Le chef de l'Etat nigérien a toutefois reconnu que la tâche était difficile.
Cette annonce est intervenue après l'arrivée, jeudi, au Mali de cinq chefs d'Etats de l'Afrique de l'Ouest pour négocier une issue à la crise socio-politique au Mali. Après deux premières missions de la Cédéao dont la dernière était conduite par l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan (du 15 au 19 juillet), cinq chefs d'Etat (Macky Sall du Sénégal, Mahamadou Issoufou du Niger, Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire, Nana Akufo Addo du Ghana et le Nigérian Muhammadu Buhari) se sont retrouvés jeudi à Bamako pour «écouter» les différentes parties.
Les deux premières missions de la Cédéao ont recommandé entre autres la formation «de toute urgence» d'un gouvernement d'union nationale associant des représentants de la coalition majoritaire, de l'opposition et des membres de la société civile, ainsi que la nomination d'une nouvelle Cour constitutionnelle chargée d'examiner en priorité le litige électoral autour des résultats des législatives.
Le président du Niger, Issoufou, s'est dit optimiste quant à la décrispation du climat socio-politique au Mali. «Nous nous réjouissons de constater que tous les acteurs sont soucieux de la nécessité de trouver une solution rapide et définitive à la situation qui prévaut dans le pays», s'est-il-réjoui.
Les avertissements d'Issoufou
La situation actuelle au Mali découle des élections législatives controversées du printemps dernier. Des dizaines de milliers de Maliens sont plusieurs fois descendus ces dernières semaines dans les rues de Bamako pour contester la gouvernance du président malien Ibrahim Boubacar Keita et dénoncer «la corruption qui gangrène l'Etat» et la «fraude».
Au pouvoir depuis 2013, le président Keïta est massivement contesté dans la rue depuis juin. Au climat d'exaspération, nourri depuis des années par l'instabilité sécuritaire dans le centre et le nord du pays, le marasme économique, où une corruption jugée endémique est venue effectivement s'ajouter l'invalidation par la Cour constitutionnelle d'une trentaine de résultats des élections législatives de mars-avril.
Le 10 juillet, la troisième grande manifestation contre le pouvoir à l'appel du M5-RFP a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako, les pires dans la capitale depuis 2012, qui ont fait 11 morts selon le Premier ministre Boubou Cissé. Depuis, l'opposition réclame le départ du président malien. La Cédéao a cependant tenu à faire savoir qu'elle n'a pas mandat de pousser IBK au départ. Elle a indiqué que la Mali avait «besoin de stabilité et que le départ d'un Président démocratiquement élu comportait des risques».
La crise politique actuelle au Mali, dont une large partie du territoire, en proie à des violences djihadistes et/ou communautaires quasi-quotidiennes, échappe à l'autorité de l'Etat.
Cette situation inquiète ses alliés et voisins, qui craignent que le pays sombre dans le chaos. Dans une lettre ouverte adressée aux cinq Présidents et diffusée jeudi soir, le Mouvement du 5-Juin a accusé le président Keïta de faillir à sa mission, sans explicitement réclamer, cette fois, sa démission. Ce qui laisse la porte ouverte à un possible règlement de la crise multidimensionnelle qui terrasse le Mali.


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