Algérie

Afrique - Accord de l'Egypte à un immense barrage éthiopien sur le Nil



Afrique - Accord de l'Egypte à un immense barrage éthiopien sur le Nil




L'Egypte et le Soudan ont donné lundi leur accord de principe à la construction par l'Ethiopie d'un immense barrage sur le Nil bleu, dont Le Caire craignait qu'il ne diminue ses approvisionnements en eau du Nil.

L'accord de principe au barrage Grande renaissance a été signé à Khartoum entre le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi, son homologue soudanais Omar el-Béchir et le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, a constaté un correspondant de l'AFP.

«Je confirme que la construction du barrage Grande renaissance ne nuira pas à nos trois Etats, et en particulier au peuple égyptien», a déclaré M. Desalegn, dont le pays est à l'origine du projet.

L'Ethiopie a commencé à détourner les eaux du Nil bleu en mai 2013 pour construire le barrage de 6.000 mégawatts, qui sera le plus grand d'Afrique lorsqu'il sera terminé en 2017.

Le Nil bleu rejoint le Nil blanc à Khartoum pour former le Nil qui traverse le Soudan et l'Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée.

L'Egypte, qui dépend du Nil pour s'approvisionner en eau potable et pour son irrigation, redoutait que le barrage éthiopien n'affecte le débit du fleuve.

«Nous avons choisi de coopérer, et de nous faire confiance mutuellement», a commenté le président égyptien à Khartoum, rappelant qu'il «s'agit d'un accord de principe qui doit être complété».

Cet accord comprend dix points, prévoyant d'«user équitablement des eaux (du Nil), de ne pas nuire aux intérêts des autres Etats» et de mettre en place «un mécanisme pour résoudre les différends», a expliqué le ministère égyptien de l'Eau et de l'Irrigation, Hossam Mohamed al-Moughazi.

Il n'a pas précisé la date à laquelle sera signé l'accord final qui, selon M. Sissi, «sera bénéfique à l'Ethiopie, sans nuire aux intérêts de l'Egypte et du Soudan».

Omar el-Béchir a de son côté salué un accord «historique» aux «conséquences positives pour la sécurité» régionale.

Une fois terminé, l'ouvrage, également baptisé «Barrage du millénaire», devrait s'étendre sur 1.780 m, pour une hauteur de 145 m, selon les autorités éthiopiennes.

Ce projet de 4,2 milliards de dollars (3,2 mds EUR) selon Addis Abeba, inquiétait l'Egypte, pays de 85 millions d'habitants qui tire du Nil environ 90% de son eau.

«Pour l'Egypte, le Nil est la seule ressource en eau et en ce sens conditionne l'existence même du pays, en approvisionnant ses villes, ses industries, ses fermes et en produisant de l'énergie hydroélectrique», explique Dale whittington, professeur à l'Université de Caroline du Nord aux Etats-Unis.

L'Egypte, qui s'est dotée de l'immense barrage d'Assouan en 1964, a précédemment insisté sur ses «droits historiques» sur le Nil, garantis par deux traités datant de 1929 et 1959. Ils lui accordent, ainsi qu'au Soudan, des droits sur 87% du débit du Nil, et un droit de véto sur tout projet en amont du fleuve.

Ces accords sont toutefois contestés par la majorité des autres pays du bassin du Nil, dont l'Ethiopie, qui ont conclu un traité distinct en 2010 leur permettant de développer des projets sans avoir à solliciter l'accord du Caire.

L'Egypte avait manifesté son mécontentement en se retirant de l'Initiative du Bassin du Nil (NBI) qui regroupe les dix Etats riverains du fleuve, avant de la réintégrer en février 2015.

* Photo: Le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi (G), son homologue soudanais Omar el-Béchir (C) et le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, le 23 mars 2015 à Khartoum - Ashraf Shazly AFP



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