Les pressions extérieures subies en 2014 ont pesé plus lourdement qu'à l'accoutumée sur le secteur agricole, ce qui représente un défi de taille pour le pays, compte tenu de sa facture des importations. Néanmoins, les mesures prises pour renforcer les performances à long terme du secteur, telles que le déploiement des techniques d'irrigation, commencent à porter leurs fruits. Ainsi, l'Algérie a opté, entre autres mesures, pour la valorisation des eaux usées domestiques afin de préserver ses ressources conventionnelles et répondre aux besoins du secteur agricole qui pompe 65% des volumes disponibles.Actuellement, près de 800 millions de m3 d'eau épurée sont produits annuellement par les 165 stations d'épuration à l'échelle nationale, un volume qui devrait passer à un (1) milliard de m3 d'ici à cinq ans, indique à l'APS le directeur de l'assainissement et de la protection de l'environnement au ministère des Ressources en eau, Ahcène Aït Amara. "C'est un potentiel extraordinaire qu'il faut absolument valoriser étant donné que l'eau devient de plus en plus rare du fait des changements climatiques", souligne le même responsable.Mais faut-il aussi élargir l'utilisation des eaux usées épurées pour rentabiliser les investissements engagés dans ce créneau hydraulique sachant qu'une station de capacité moyenne (pour 150.000 habitants) coûte près de 4 milliards de DA.Pour rentabiliser cet investissement, un schéma directeur a été conçu par le secteur en 2007 avec des prévisions d'irriguer par les eaux recyclées une superficie de 100.000 ha à moyen terme contre 10.000 ha actuellement. De plus, le gouvernement compte porter la superficie des terres agricoles irriguées d'un (1) million d'ha actuellement à deux (2) millions d'ici cinq ans. "A partir de 2020, nous commencerons à avoir des superficies importantes irriguées à l'eau recyclée, et ce, à la faveur de la nouvelle donne du secteur d'introduire le mode de traitement tertiaire (traitements biologique et ultra-violet de l'eau) dans les Stations de traitement des eaux usées (Step)", prévoit le directeur de l'hydraulique agricole au ministère des Ressources en eau, M. Omar Bougueroua. "Le passage au traitement tertiaire va nous permettre d'aller plus loin en matière d'irrigation de façon à utiliser cette eau pour irriguer d'autres cultures comme les maraîchers", selon cet agronome. Toutes les Step fonctionnent avec le système de traitement secondaire (traitement bilogique seulement), mais certaines, les plus importantes, vont passer au tertiaire comme celles de Baraki, de Réghaia et de Beni Messous (Alger) et d'El Karma à Oran. Une eau de qualité cédée gracieusementPour promouvoir cette eau auprès des agriculteurs, les deux secteurs chargés des ressources en eau et de l'agriculture comptent sensibiliser les utilisateurs en mettant en avant l'arsenal juridique et réglementaire existant.M. Bougueroua cite la loi relative à l'eau, qui représente le cadre général, et le décret exécutif portant sur les principes d'utilisation de ce nouveau produit, ainsi que des arrêtés ministériels. Il cite l'arrêté relatif à la fiche des normes comprenant les caractéristiques que doit avoir cette eau à la sortie des Step lesquelles disposent de laboratoires d'analyses, et le texte définissant les cultures à irriguer par type de traitement. Ainsi, le traitement secondaire est réservé uniquement à l'irrigation des arbres fruitiers et au fourrage. "Au niveau des services d'assainissement, nous fournissons cette eau dans les normes requises étant donné que toutes les stations disposent de laboratoires d'analyses dédiés au contrôle de l'eau qui sort de ces stations. C'est une eau produite dans les normes conformément aux normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)", rassure M. Aït Amara. C'est une eau conforme qui peut être utilisée dans l'irrigation agricole à l'instar de ce qui se fait ailleurs dans le monde, ajoute-t-il. "Il faut que les utilisateurs sachent qu'en plus de la préservation de l'environnement, l'utilisation de cette eau permet d'économiser l'eau conventionnelle tout en diminuant la pression sur la nappe phréatique", insiste M. Bougaroua. Il constate, d'ailleurs, l'intérêt particulier qu'accordent les agriculteurs à cette eau cédée gratuitement, en citant des exemples de périmètres irrigués à l'eau usée épurée dans les vignobles à Boumerdès et ceux de Hennaya (Tlemcen) pour les orangers ainsi que l'équipement en cours d'un nouveau périmètre de 5.000 ha à Oran.La politique de valorisation des eaux usées incite à réaliser les futures stations d'épuration en déterminant, au préalable, des objectifs bien ciblés: la préservation de la ressource conventionnelle, la protection de la mer Méditerranée et la réutilisation de cette eau à des fins économiques.Autre produit d'assainissement à valoriser, les boues récupérées des stations d'épuration: "C'est un produit d'une excellente qualité à utiliser comme fertilisant", promet M. Aït Amara. Les stations opérationnelles produisent l'équivalent de 250.000 tonnes de boue/an, l'objectif étant d'atteindre 400.000 tonnes avec l'entrée en production des nouvelles Step. Une étude de valorisation de ces boues, menée avec la Corée du sud, a été d'ailleurs finalisée en vue de promouvoir ce produit.Une chose est sûre, ces mesures devraient permettre d'augmenter la quantité d'eau destinée à l'irrigation, et ainsi améliorer la productivité agricole et contribuer à stabiliser la production. D'autres mesures, visant notamment à renforcer la mécanisation et limiter la fragmentation du secteur en regroupant les petites exploitations pour créer de grandes exploitations, pourraient contribuer à améliorer les rendements. Toutefois, ces mesures doivent s'installer dans la durée, afin qu'elles puissent apporter les résultats escomptés. Le pays des barragesSur le long terme, néanmoins, la production céréalière du pays a augmenté, passant d'une moyenne annuelle de quelque 2.7 millions de tonnes ces 20 dernières années à environ 5 millions de tonnes au cours de la période 2007-2012. L'irrigation est l'une des priorités de l'Etat. Le gouvernement prévoit de porter à 1 million d'hectares la superficie irriguée à l'horizon 2019, et espère ainsi faire grimper les rendements. L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a déclaré avoir distribué quelque 900 systèmes d'irrigation aux cultivateurs locaux en 2014, et ainsi augmenté la superficie des cultures céréalières irriguées à 600 000 hectares en avril. Pour atteindre son objectif, le gouvernement a mis en ?uvre un vaste programme de construction de barrages. L'Algérie, qui était dotée de 44 barrages en 1999, pour une capacité de stockage combinée de 3.7 milliards de mètres cubes, en comptait 68 en 2010, pour une capacité de 7 milliards de mètres cubes. Les autorités ont misé sur la construction de 18 nouveaux barrages entre 2010 et 2014, puis de 30 barrages supplémentaires dotés d'une capacité combinée de 1.5 milliard de mètres cubes entre 2015 et 2019. D'après les articles publiés dans la presse locale en juillet dernier, les autorités prévoient par ailleurs de mettre un terme à la production électrique de deux grands barrages hydroélectriques, et d'utiliser ces barrages pour l'irrigation et l'approvisionnement en eau potable.
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Posté Le : 19/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ouzzani S
Source : www.lemaghrebdz.com