«Réveille toi, Amérique.» L'appel de détresse, lancé par le démocrate de gauche à la Chambre des représentants, Dennis Kucinich, traduit le malaise généralisé provoqué par les fuites sur les documents secrets publiés par le suite Wikileakes. Au creux de la vague, l'Amérique d'Obama, porteuse d'un rêve de changement et proclamant son souci de rompre avec l'ère honnie de son prédécesseur, s'enlise dans un faisceau de contradictions de nature à semer le doute sur la stratégie d'ensemble. Fondamentalement, la valse-hésitation d'Obama et l'impuissance révélée par la défiance coutumière israélienne ont laminé l'espoir d'un règlement rapide et définitif du conflit du Proche-Orient, présenté en priorité absolue. Prisonnière des desiderata de son allié stratégique dans la région, l'Amérique vit le risque d'enlisement dans la sale guerre en Afghanistan, comparable à bien des égards à la situation chaotique en Irak. Au milieu du gué, Washington peine à trouver ses marques : un retrait à l'irakienne ou un renforcement de la présence militaire. A la faveur des révélations massives sur la sale guerre afghane, le débat est ainsi relancé. Les critiques se sont amplifiées. Dans le camp des récalcitrants, les partisans du retrait se fondent sur les dispositions réglementaires d'un texte adopté, en 1973, après la guerre du Vietnam, et donnant au Congrès seul le pouvoir d'autoriser des conflits. Une résolution, présentée à cet effet par le représentant démocrate Kucinich et le républicain Ron Pau a été rejetée par la Chambre des représentants (32 voix contre 372). La tendance majoritaire reste acquise à l'option militaire légitimée par le refus de «Â couper les vivres au milieu du combat ». La Chambre des représentants a consenti près de 60 milliards de dollars pour le financement de la guerre et l'envoi de 30.000 soldats supplémentaires.Après la déroute irakienne des G'Is, le fiasco afghan est redouté. Le scénario du pire, révélé par l'ancien commandant les forces américaines en Afghanistan, le général Stanley McCrystal, démis de ses fonctions, se confirme. En août 2009, il a plaidé dans un rapport, rendu public, l'urgence d'une redéfinition de la stratégie américaine. Mais, entre le plan du général McCrystal préconisant l'envoi des renforts (30.000 à 50.000) et le retrait pur et simple des troupes exigé par le vice-président Joe Biden, le compromis d'Obama prône le lancement d'une offensive généralisée pour vaincre les talibans et amorcer une sortie voulue victorieuse en 2014. La fin du cauchemar n'est pas pour bientôt. Les 9 ans de guerre totale n'ont rien changé. Dans cette «guerre infructueuse» et aux relents génocidaires avérés, comme le montrent les révélations du Wikileakes, l'état des lieux dressé par le quotidien britannique The Guardian reste éloquent. «Les carnets de guerre, écrit-il dans un éditorial, que nous publions aujourd'hui sont une chronique détaillée d'un conflit qui aura duré plus longtemps que la guerre du Vietnam, plus longtemps que les deux guerres mondiales ; ils brisent l'illusion selon laquelle des guerres peuvent se planifier et s'exécuter méticuleusement, et contredisent le principe voulant que les effusions de sang sont acceptables si elles ne se font que de manière limitée.»
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Posté Le : 28/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Larbi Chaabouni.
Source : www.horizons.com