La commission électorale la prévoit autour de 40 à 50%. Mais « on est à 10% à Kandahar, à 25 ou 30% dans l'arc sud-est », note un diplomate occidental.
L'Afghanistan est devenu depuis vendredi un pays à deux têtes, avec ces deux présidents qui s'autoproclament « élus ». Hamid Karzaï et son rival Abdullah Abdullah ont annoncé presque en même temps leurs victoires respectivement ! Après l'épreuve des urnes, qui n'a pas été un modèle de transparence, les deux candidats à la présidentielle afghane jouent chacun sur les effets d'annonce pour forcer la décision et imposer ne serait-ce que par la parole, sa victoire. Ces déclarations jugées agressives par certains, interviennent dans un climat marqué par de gros soupçons de fraude dont aurait profité le clan Karzaï. La tactique était claire :annoncer le premier sa victoire pour conditionner l'opinion et étouffer son rival. Le directeur de campagne du président Karzaï, Din Mohammad, a tôt fait d'annoncer, vendredi matin, que son candidat avait remporté la présidentielle dès le premier tour, selon des chiffres fournis par ses observateurs sur le terrain. Presque au même moment, Sayed Aqa Fazil Sancharaki, porte-parole de campagne de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, se fendait d'une déclaration similaire.La commission électorale elle, ne cesse d'appeler les deux parties à être « prudentes » et « patientes », tout comme l'ONU et l'Union européenne. Mais à ce jeu, et bien que le taux de participation soit « anecdotique » par endroits, les supporters de Karzaï peuvent déjà festoyer compte tenu des premiers commentaires émanant des grandes puissances qui se félicitent d'une élection en plein guerre contre les talibans. Les pays occidentaux ne souhaitent surtout pas que l'Afghanistan sombre dans une instabilité politique alors qu'il est déjà en proie à une vague de violence. Un autre bail pour Hamid Karzaï ferait leur affaire. Mais les déclarations de l'équipe d'Abdullah évoquant des cas de « fraude et des irrégularités », risquent de compliquer les choses.L'effet d'annonceDes sources diverses parlent de fraude et d'irrégularités massives selon certains observateurs dont la majorité d'entre elles concernent le Sud et le Sud-Est, des terres pachtounes, la première ethnie du pays, celle de Hamid Karzaï. Ainsi à Kandahar, dont le conseil provincial est dirigé par son frère, l'influent Ahmad Wali Karzaï , Abdullah y évoque une fraude « évidente », citant le « bourrage des urnes », des « menaces contre les organisateurs et observateurs des élections » au profit de Karzaï. Son camp a déposé au moins 30 plaintes à propos du scrutin. Plusieurs sources occidentales évoquent également des « intimidations » et des « achats de voix » en faveur du sortant dans cette région. L'une d'el-les cite le cas de Daman, district de Kandahar où les 400 femmes qui ont voté ont choisi Karzaï. « La fraude aux cartes d'électrices fictives fonctionne très bien, dans le Sud et nombre d'autres régions », déclare Mariam Abou Zahab à l'AFP. L'autre rival de Karzaï, son ancien ministre des Finances, Ashraf Ghani, l'a accusé vendredi d'avoir distribué « de l'argent en masse pendant la campagne ». C'est dire que l'annonce de la victoire de Hamid Karzaï est juste une question de temps- début septembre- histoire de lui assurer un emballage démocratique qui répondent aux « standards » démocratiques pour les pays du tiers-monde. Reste l'énigme du taux de participation à ce scrutin. Les observateurs annoncent déjà qu'on serait loin des 70% de la présidentielle de 2004.La commission électorale la prévoit autour de 40 à 50%. Mais « on est à 10% à Kandahar, à 25 ou 30% dans l'arc sud-est », note un diplomate occidental cité par l'AFP. En somme, on s'attend à un taux de participation qui se rapprocherait des 40%. Cela permettrait aux Etats-Unis de valider un processus « démocratique » version Karzaï et surtout justifier sa présence encore prolongée pour soutenir la « démocratie naissante » en Afghanistan. En attendant l'annonce des résultats par la commission électorale, les observateurs craignent la résurgence des tensions ethniques entre Tadjiks du Nord-Est, en général acquis à Abdullah, et Pachtounes du Sud, l'ethnie de Karzaï. Mais comme ailleurs, la communauté internationale, pourrait désamorcer la bombe en sauvant la face d'un Karzaï mal élu par un gouvernement d'union nationale que dirigerait son rival Abdullah. Une solution à la « Mugabe Tsvangiraï » au Zimbabwe semble la plus plausible dans la poudrière afghane.
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Posté Le : 23/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hassan Moali
Source : www.elwatan.com