Algérie

Affrontements à Berriane



Affrontements à Berriane
Seconde victime, après Baelhdj Kebaili, des graves affrontements intercommunautaires qui ont ébranlé la vallée du M'zab, Khaled Hadj Saïd a été accompagné hier, très tôt le matin, à sa dernière demeure au cimetière ibadite Cheikh Baba Saâd, par une immense foule qui, tout au long du parcours vers le cimetière n'arrêtait de répéter «Ananha âl el monkar, Annaha âl el monkar».Encadré par un dispositif sécuritaire qui faisait tout pour être à la fois discret et des plus efficaces pour parer à toute éventualité de provocation, qui heureusement n'a pas eu lieu, l'enterrement s'est déroulé dans le calme, dans un cimetière qui s'est révélé bien exigu pour contenir toute la foule.En présence de Yahia Abbaza, président de l'assemblée populaire communale de Ghardaïa, le docteur Mustapha Badjou, qui a lu l'oraison funèbre, a imploré Dieu de «ramener le calme dans cette région et faire en sorte que la haine disparaisse à jamais des c?urs des Algériens». Il a insisté pour que cela ne se reproduise plus. Tout en étant certain que «les coupables des actes criminels auront à rendre compte à la justice divine, celle des hommes doit aussi faire son travail. Il est impératif de démasquer tous ceux qui ont une responsabilité dans cette dramatique situation et de les déférer devant un tribunal». Dès la mise en terre du défunt, en un instant le cimetière s'est vidé dans le calme. Aucun incident n'a été enregistré, ce qui a fait dire à un voisin : «C'est ainsi que nous devrions être tous les jours, respectueux des morts et des vivants. Nous devons nous respecter les uns les autres, comme l'ont fait durant des siècles nos aïeux.»Il faut en effet relever que c'est la nuit la plus paisible qu'a vécue la région depuis le début des événements. Tous les quartiers, qu'ils soient arabes ou mozabites, sont restés calmes, aucun incident n'a été signalé. Même le dispositif sécuritaire a été allégé par endroits, ce qui sous-entend que des prémices de retour au calme sont enregistrées ici et là. Seulement, ces unités prélevées du terrain sécuritaire ont tout de suite été dirigés vers la daïra de Berriane, à 45 km au nord du chef-lieu de wilaya, où des échauffourées ont éclaté vers 23h après que T.D., un chauffeur de taxi clandestin de retour de Ghardaïa, ait été attaqué et brûlé au deuxième degré par un cocktail Molotov qui a calciné son vieux véhicule Spark.Ce qui a mis le feu aux poudres. En un instant, des dizaines d'individus des deux communautés se sont retrouvés des deux côtés de la RN1 qui a toujours fait office de frontière tacitement acceptée par les deux parties, s'affrontant à coups de pierres et de barres de fer. Très rapidement, les éléments de la sûreté de daïra, qui se sont rendus sur les lieux, se sont retrouvés dépassés par l'ampleur des affrontements. Il a fallu user de tirs de grenades lacrymogènes pour arriver péniblement à séparer les protagonistes. Entre temps, alors que la circulation automobile était coupée sur l'importante RN1 qui traverse l'Algérie du nord au sud, une boulangerie, située derrière le siège de la daïra de Berriane, ainsi qu'un kiosque et un restaurant ont fait les frais de la fureur des émeutiers. Ils ont été, à divers degrés, vandalisés, pillés, saccagés et incendiés. Ce n'est que vers minuit que le calme est revenu et que la circulation routière a repris en toute sécurité. Même à Guerrara, on a frôlé la reprise des hostilités, n'eut été la sagesse des notables des deux camps.En effet, un jeune Mozabite qui marchait du côté de l'institut El Hayet a été légèrement atteint par une pierre à la tête. A Ghardaïa, où le calme revient crescendo, une cinquantaine de jeunes du quartier populaire Hadj Messaoud ont organisé, hier matin, un sit-in pacifique en face du siège de la sûreté de wilaya pour demander la libération de leurs amis et voisins arrêtés lors des affrontements. Sur les banderoles déployées on pouvait lire, entre autres : «Ils n'ont fait que se défendre et défendre leurs familles et leurs biens» ou «Ils sont innocents». Bien maillée par le dispositif de sécurité déployé, la ville reste cependant coupée en deux ; la vieille ville (côté mozabite) garde un aspect fantomatique avec ses magasins fermés et une circulation automobile et piétonnière très clairsemée alors que le bas de la ville, la partie adverse, est d'un dynamisme tel que les cafés, magasins et trottoirs restent bondés de monde jusqu'à une heure avancée de la nuit.




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