Algérie

Affranchissement



Le football, qui est connu pour être un sport de masse par excellence, est-il en passe de s'affranchir du politique ' C'est en tout cas l'une des explications avancée par certains analystes qui essayent de comprendre cette révolution tranquille apparemment bien en marche du football algérien, illustrée par une série ininterrompue de performances depuis son engagement dans l'aventure combinée de la Can et de la Coupe du monde 2010. Depuis toujours et jusqu'à un passé encore récent, il était de notoriété publique que la liste du onze national de football était faite partout sauf par le coach et le staff de l'équipe nationale. Le FLN au temps du parti-Etat, la présidence de la République et les autres parties concernées : le ministre de la Jeunesse et des Sports, le président de la Fédération algérienne de football (FAF ) ou tout simplement des personnalités influentes du système, civiles et militaires, avaient directement ou indirectement, à travers des canaux officieux, leur mot à dire sur la composition de l'équipe nationale.Cela, quand ils ne faisaient pas et défaisaient les équipes nationales en fonction de critères, où le mérite, le talent et l'engagement pour défendre les couleurs nationales, n'ont jamais été les véritables étalons 'mesures dans le choix des joueurs'. Le sport de manière générale et le football de façon particulière ont fait les frais, à l'instar d'autres secteurs, de la politique du tout Etat, du dirigisme que l'on appelait pudiquement : centralisme démocratique. N'avait-on pas poussé l'aberration jusqu'à reproduire les équilibres politiques du système dans la sphère sportive en veillant au principe sacro-saint de l'équilibre régional même dans la confection de l'équipe nationale de football ' La légitimation du système passait également par le sport et les performances sportives que le pouvoir exhibait comme autant de signes et de preuves de la vitalité du pays. Aujourd'hui, s'il persiste encore des pressions sur les staffs des équipes nationales et notamment du sport roi, elles sont beaucoup moins techniques que psychologiques et politiques.Et ce ne sont certainement pas les jeunes, qui ont pris d'assaut le stade de Blida en rompant le jeûne dans les tribunes pour s'offrir le plaisir de voir jouer l'équipe nationale qu'ils ont vite adoptée et chérie qui se plaindront de cette réappropriation opportune des stades, lesquels reprennent leur vocation naturelle de lieux de loisirs, de spectacle, d'identification sociale à travers le club local ou l'équipe nationale ! Voire de lieu de contestation sociale depuis les événements d'octobre 1988 et le verrouillage des espaces politiques et sociaux qu'a connu le pays par la suite. L'ambiance que renvoient nos stades en tant que phénomène social et sociétal offre aux sociologues une matière brute de première importance, un panel suffisamment parlant pour comprendre les aspirations de la jeunesse algérienne.


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