Algérie

Affinités ou mésestimes «guident» les lectures critiques



Affinités ou mésestimes «guident» les lectures critiques
Entre la simple appréciation et la critique, la limite demeure floue. Dans la presse, on en voit de toutes les couleurs et les conférences de presse vouées aux arts n'en sont pas moins chargées. Le journaliste se transforme en «juge» sans assesseur. Parfois, la critique et le sens de la responsabilité, ce tandem indissociable, cèdent la place à des jugements infondés. Le hic : l'interlocuteur, artiste ou responsable culturel, au lieu de répondre, s'adonne à son tour des réponses «critiques», et profite d'une éventuelle fébrilité journalistique pour mettre son grain de sel. Mêlant davantage l'aspect critique du sujet traité, lequel répond à des critères et fondements.De nombreux experts considèrent que le domaine artistique en Algérie manque de véritables critiques. C'est un fait compte tenu des différents écrits et sorties au travers desquels on peut voir transparaitre des affinités, voire des connivences, ou des mésestimes, quand ce n'est pas de l'incompétence. Ce qui donne souvent lieu à un entassement de compliments plutôt qu'à une évaluation stricte, même subjective, mais puisant ses arguments dans les règles de base de l'expression artistique dans laquelle s'inscrit l'?uvre soumise à lalecture critique. Le journaliste doit avoir une crédibilité, avoir une connaissance des «mécaniques» et des règles de l'art (cinéma, musique, théâtre littérature,...), sur lequel il se propose d'écrire, et non un rapport personnel avec l'artiste qui guiderait sa lecture de l'?uvre qu'il mousserait ou qu'il briserait, selon ce rapport. Dès lors, ce n'est plus une lecture critique qui sortira mais un simple compte-rendu truffé de commentaires où l'argument est quasi absent, sans la moindre référence aux codes régissant l'art ou la critique. Or, aujourd'hui les rédactions, notamment régionales, affichent des insuffisances en spécialistes. «La spécialisation est le talon d'Achille dans la presse culturelle locale», relève un lecteur. A titre d'exemple, en matière cinématographique, il est hasardeux de dire que des articles rassasient le lectorat et les amateurs du septième art. On raconte le film et on le descend en flamme ou on le monte aux plus hauts sommets de l'art cinématographique sans un mot sur le scénario, le choix des acteurs, leur jeu dans l'interprétation de leurs rôles, le montage, le script, la direction photo... C'est le cas pour les autres disciplines : musique, théâtre, littérature, qui donnent lieu à des sentences loin de l'analyse spécialisée. C'est le coup de gueule ou le coup de c?ur qui détermine l'orientation et le type d'article du journaliste. Un livre descendu en flamme alors qu'on n'a aucun rapport avec la littérature est un crime. Un court métrage applaudi sans la moindre connaissance du 7e art en est un autre. Une accointance éditoriale avec des auteurs pour estampiller des «pseudos best-sellers» l'est tout autant. Cela mine l'exercice du journaliste. Et par ricochet dessert le lectorat qui attend l'information, d'abord, le commentaire et la critique, ensuite, mais à condition qu'elle s'appuie sur desarguments objectifs et non des sentiments uniquement, la critique étant par définition subjective, car impliquant le rapport du critique à l'?uvre. En Algérie, la critique aura dépassé tout entendement puisqu'entre écrivains, musiciens, cinéastes,... et les journalistes qui se sont érigés en critique, les rapports se nouent souvent sur le terrain des relations personnelles, amicales ou tendues. Et le comble, les débats se font rares pour cerner cette problématique. A titre d'exemple, à Constantine qui est fière de son malouf, ce genre musical est considéré comme la propriété privée des diverses associations musicales qui le pratiquent et l'enseignent. Quand il s'agit de débattre d'unequelconque composition, seules leurs voix ont droit de cité, refusant à desmusicologues attitrés tout avis qui irait à l'encontre du leur. Ainsi, l'ouvrage de Maya S. n'a pas fait, à sa parution, l'unanimité au sein de la sphère locale. Pourtant, l'auteure a disséqué le chant du constantinois avec toutes ses mutations modales ou tonales. In fine, critiquer parce qu'on aime ou on n'aime pas l'?uvre, ou pis, son producteur et faire passer ça pour une critique «professionnelle» ne servira ni l'art ni la culture encore moins les artistes. Seule la spécialisation ou la connaissance parfaite du domaine d'exercice pourront concourir à constituer une véritable critique.N. H.




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