Affaires, sentiments, intérêts, nostalgie... L'Afrique du Nord et les Français : relations complexes

Pieds-noirs, une force avec laquelle il faut compter
Ligne de conduite n Ils défendent leur carrière et leur croûte et ne prennent position dans un problème maghrébin qu'en fonction de leurs intérêts personnels ou des intérêts de la France.
Qu'ils soient originaires d'Algérie, du Maroc ou de Tunisie, la plupart des pieds-noirs qui ont choisi de rester Français, se sont fondus dans la masse à travers l'Hexagone.
Rien ne les différencie aujourd'hui des Français lambda sauf peut-être un léger accent qu'ils perdent d'ailleurs au fur et à mesure du temps.
Certains parmi eux du moins leurs enfants qui sont arrivés très jeunes dans ce pays, occupent aujourd'hui des postes stratégiques dans tous les secteurs d'activité dans les ministères, dans tous les partis politiques, dans la diplomatie et bien sûr dans la recherche et l'enseignement supérieur. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ils ne forment pas un lobby et n'ont aucun désir de le construire. Ils défendent leur carrière et leur croûte et ne prennent position dans un problème maghrébin qu'en fonction de leurs intérêts personnels ou des intérêts de la France. Et les rares fois où ils le font c'est généralement en fonction des facilités que leur offre leur pays d'origine et des invitations princières qui leur sont adressées ainsi que des séjours royaux dont ils sont l'objet.
A cet égard, les Marocains sont très en avance sur nous dans la mesure où ils ont réussi à tisser d'énormes liens d'amitié avec les hommes en vue qui comptent à Paris, principalement les plus actifs. Il n'est pas un jusqu'à DSK qui n'ait son petit nid douillet à Marrakech. C'est d'ailleurs dans cette ville que le gratin français passe généralement les fêtes de fin d'année.
Des témoins très proches de la cour du royaume chérifien, disent qu'ils apercevaient très régulièrement dans ces havres de paix l'ex-Président Sarkozy et sa femme Clara, Brice Hortefeux son ancien ministre de l'Intérieur, Alain Juppe.
Chirac, selon les rumeurs, aurait une villa à sa disposition toute l'année même en n'étant plus à l'Elysée. Il est clair que ces rapports privilégiés avec Rabat ont un coût politique, un retour d'investissement.
Il ne faut donc pas s'étonner que les Français par gratitude renvoient l'ascenseur en souverains. La preuve, dans la question saharienne qui partage les Algériens et les Marocains, les Français ont naturellement épousé les thèses du roi et pris position pour lui. Le lobby français des Marocains est donc constitué beaucoup plus par des Français qui ont des intérêts bien précis au Maroc que par des Français nés au Maroc et qui ont mis un trait sur leur passé.
Bien que quelques-uns éprouvent souvent de la nostalgie pour la terre qui les a vus naître et même parfois de l'amitié pour leurs anciens qui les ont vus grandir. A cet égard, Michel Galabru qui a vu le jour dans le port de Safi au bord de l'Atlantique ne tarit pas de louanges et d'éloges sur ses précepteurs berbères.
Imaad Zoheir