Algérie

Affaire Wolfowitz : Les critiques contre le FMI et la Banque mondiale remises au goût du jour


Les déboires du président de la Banque mondiale qui est au c?ur d?un scandale provoqué par la promotion qu?il a accordée à sa compagne est un coup dur pour l?institution qui est censée lutter contre la corruption dans les pays pauvres. L?institution internationale toute puissante se révèle être elle-même sujette à des pratiques internes de népotisme et de passe-droits, et le scandale est d?autant plus gros que lors de sa désignation en 2005 à la tête de l?institution, Paul Wolfowitz avait clamé vouloir éradiquer la corruption et oeuvrer à la "bonne gouvernance" dans les pays pauvres. L?affaire remet en tout cas au goût du jour les critiques contre les institutions financières internationales et nous rappelle qu?en Algérie, même si le tabou lié au recours à la Banque mondiale et au FMI est passé de mode, la pilule a été difficile à avaler et son goût très amer, les répercussions sociales étant encore largement visibles et lourdement quantifiables. Du côté du siège de l?institution financière basée à Washington, le scandale n?embarrasse pas pourtant outre mesure le numéro un de la Banque mondiale qui fort d?un soutien américain tout droit venu de la Maison-Blanche fait la sourde oreille aux critiques qui ciblent la Banque mondiale et aux appels répétés à l?intérieur et à l?extérieur de l?institution réclamant sa démission. Une attitude qui n?est apparemment pas près de changer, puisque Wolfowitz qui était avant sa nomination par George Bush à ce poste à la Banque mondiale, numéro deux du Pentagone, et qui a déjà essuyé beaucoup de protestations et de critiques arguant notamment que son expérience soit limitée aux stratégies militaires. La Maison-Blanche a indiqué en tout cas qu?elle ne "laissait pas tomber" Paul Wolfowitz, dont l?avenir à la tête de la Banque mondiale est menacé par des accusations de népotisme. "Nous le soutenons toujours entièrement", a déclaré le porte-parole de la présidence américaine Tony Snow. Ce dernier, rapporte l?AFP, avait éludé une question de la presse qui lui demandait si le président George W. Bush continuait à insister pour que M. Wolfowitz reste à la tête de la Banque mondiale. "Les discussions en ce moment ne se tiennent pas entre l?administration américaine et la Banque mondiale, elles se tiennent entre M. Wolfowitz et la Banque mondiale et je crois qu?il est approprié de laisser le processus se dérouler plutôt que d?essayer de nous en mêler", avait dit M. Snow. "Cela ne revient pas à laisser tomber Paul Wolfowitz", a-t-il estimé. Un soutien qui explique largement que malgré "la grande inquiétude" exprimée la semaine dernière, par le Comité du développement de la Banque mondiale et du FMI, le président de la Banque mondiale refuse de démissionner."Je crois dans la mission de cette organisation et je crois que je peux la mener à bien", a déclaré Paul Wolfowitz, lors d?une conférence de presse, peu après la publication de la déclaration exprimant en des termes très fermes l?inquiétude du Comité du développement de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Des sanctions réclamées en vain Parmi les 24 membres du Conseil d?administration de la Banque mondiale les plus critiques envers le patron de la Banque mondiale figurent des pays européens dont la Grande-Bretagne, l?Allemagne et la France Cette dernière a souhaité que le conseil d?administration de la Banque mondiale (BM) "se réunisse rapidement pour se prononcer" sur le sort de son président accusé de népotisme. Pour leur part, le personnel de la Banque mondial et les militants du développement à travers le monde se demandent comment " l?institution pourrait garder son autorité morale et contraindre en particulier les pays à rendre des comptes pour l?argent reçu". Eric Gutierrez, coordinateur de la politique internationale à ActionAid, une organisation humanitaire internationale, estime ainsi qu?" il est absolument hypocrite de la part de la Banque mondiale de s?élever contre la corruption dans les pays pauvres, alors que son président est enlisé dans un scandale de corruption. Les passe-droits à l?intérieur de la Banque mondiale donnent ainsi des raisons supplémentaires à tous ceux qui militent contre la mondialisation, et les actions des institutions financières internationales de honnir l?interventionnisme de la Banque mondiale dans les affaires des Etats, et ses directives qui se muent parfois en " injonctions ". De Chavez à Stiglitz Des protestations qui s?ajoutent aux bouleversements politiques et économiques survenus en Amérique latine et qui sous l?action décidée de Chavez mettent le FMI et la Banque mondiale dans une position inconfortable. Le président vénézuélien qui poursuit la nationalisation du pétrole a fait savoir que son pays se retirera des deux organisations, qu?il a qualifiées de "mécanismes de l?impérialisme, destinés à exploiter les pays pauvres". Hugo Chavez a même demandé la restitution des fonds investis par le Venezuela dans les deux instances financières disant vouloir créer une institution bancaire régionale financée par les revenus des hydrocarbures, qui se substituerait aux deux organisations responsables, selon lui, de la pauvreté en Amérique du Sud. Les critiques qui ciblent la Banque mondiale et le FMI rappellent la crise qui a secoué au début des années 1990 les deux institutions s?urs, lorsqu?elles furent accusées de forcer les pays pauvres à obéir à des politiques économiques imposées en contrepartie de financements. Joseph Stiglitz, qui a été vice-président et économiste en chef de la Banque mondiale de 1997 à 2000 avant de démissionner de son poste en guise de protestation contre la politique de l?institution. Stiglitz qui a fondé en 2000 l?" Initiative for a Policy Dialogue " à l?Université de Columbia aux Etats-Unis. Initiative qui vise à expliquer aux pays en développement qu?il y a des alternatives aux prescriptions du FMI. " Peu de gens aujourd?hui défendent cette grande hypocrisie : on prétend aider les pays en développement alors qu?on les force à ouvrir leurs marchés aux produits des pays industriels avancés, qui eux-mêmes continuent à protéger leurs propres marchés. Ces politiques sont de nature à rendre les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres - et plus furieux", a écrit Stiglitz dans la Grande Désillusion ouvrage publié en 2003.
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