Algérie

Affaire «Sophie»: La justice tranchera la mi-juin



La mi-juin s'annonce comme une date cruciale dans l'affaire Safia. La justice algérienne devra statuer sur les deux requêtes déposées par le conseil de Yousfi Mohamed revendiquant sa qualité de paternité légitime. Les 7 et 8 juin, auront lieu les audiences consacrées aux plaidoiries. Une semaine plus tard, la chambre du statut personnel près la cour d'Oran rendra son verdict. La première requête introduite par l'avocat de l'époux algérien de la défunte mère de Safia, maître Berbedj Rabah, appuyée par deux expertises médico-légales, concernait la filiation de la fillette. La deuxième requête, quant à elle, visait la validation du mariage religieux (par la Fatiha) entre Yousfi Mohamed et la défunte mère, mariage contracté par le couple quelque temps après leur divorce à l'amiable.

Naturellement, Jacques Scharbook n'est pas resté les bras croisés face aux actions entreprises par la partie adverse. Son avocat entend faire valoir des contre-arguments devant le juge, le 7 et le 8 juin. Or, son adversaire Me Berbedj Rabah, contacté hier par le Quotidien d'Oran, se disait « confiant » quant à l'issue de l'affaire. Raison ? « Nous avons remis à la justice deux expertises irrécusables, deux tests de paternité prouvant que Safia est née du lit de Yousfi Mohamed. Le premier concerne un examen d'ADN effectué par le Laboratoire national scientifique de la police algérienne à Alger à partir d'un prélèvement de salive, le deuxième reposait sur les empreintes digitales. De plus, nous allons présenter sept témoins qui ont assisté et à la cérémonie du mariage religieux entre Yousfi et sa défunte épouse et à leur noce».

Là justement, il y a un gros point d'interrogation. Un détail d'importance. Yousfi, et toute sa belle-famille derrière lui, soutient qu'il s'est réconcilié et remarié avec sa femme avant, bien avant même que celle-ci n'aille avec le Français dans son pays. Il reproche au juge algérien «la monumentale et grossière erreur» d'avoir validé le mariage par acte civil établi au Var (France) entre Jacques Scharbook et la défunte mère de Safia. A l'imam qui a officié la cérémonie du mariage religieux entre ces deux derniers, il reproche «la monumentale et ignominieuse bourde» d'avoir uni par le lien sacré une femme musulmane avec un étranger. «Si ce religieux avait accompli cet acte suivant les règles, c'est-à-dire conformément à la charia, il aurait remarqué que le Français n'avait pas une attestation de conversion à l'Islam, document délivré par le ministère des Affaires religieuses après délibération d'un conseil scientifique territorial. Il aurait appris que la mariée était sous l'autorité conjugale d'un autre homme. Il aurait enfin mais surtout remarqué que cette femme dont il voulait ‘authentifier' le mariage avec un étranger était à l'époque en état de grossesse», indique Me Berbedj.

Le Français n'est pas d'accord. Cette version des faits est l'exact opposé de celle de l'avocat algérien. Lui soutient que son mariage avec la défunte «a eu lieu bien après qu'elle ait été répudiée par son ex». Il dénonce le «simulacre du mariage religieux de ma défunte femme avec son ex qui a eu lieu après son retour en Algérie».

Les deux familles qui se disputent la garde de l'enfant, actuellement sous protection légale, ne sont pas les seules à tendre l'oreille vers le palais de justice d'Oran. Paris aussi attend, impatiemment, la suite que donnera prochainement la justice algérienne à ce dossier. Aussi, le quai d'Orsay réagira-t-il en conséquence. Par la voix de son porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Frédéric Desagneaux, Paris avait réclamé dernièrement que «l'enfant soit rendue à son père». Le ministère français des Affaires étrangères avait affirmé que la situation juridique de «Sophie Scharbook est clairement établie et la France continue de demander qu'elle lui soit rendue».




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