Algérie - Revue de Presse

Affaire Mohamed Ziane Hasseni : Alger menace



Hier, le ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Communauté algérienne à l'étranger est monté au créneau depuis Paris pour interpeller le gouvernement français sur les conséquences qui pourraient découler de l'affaire Hasseni.

L'Algérie semble passée à une autre phase, plus offensive, dans le traitement du dossier du diplomate algérien retenu par les autorités judiciaires françaises sur le sol français depuis plusieurs mois sous le chef d'accusation d'assassinat, à Paris, de l'avocat algérien Ali Mecili. Du moins, au plan de la communication. Après avoir fait le dos rond en refusant de s'impliquer dans ce dossier par respect, disait-on, pour le travail de la justice française et partant de la conviction que l'affaire allait rapidement connaître son épilogue en innocentant le diplomate algérien, Alger paraît avoir adopté une autre attitude face aux développements pris par cette affaire. Après les déclarations du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui est sorti de sa réserve à la suite des commentaires de la presse relevant la timidité dans la gestion de ce dossier par les autorités algériennes, c'était au tour, hier, du ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Communauté algérienne à l'étranger, Djamal Ould Abbas, de monter au créneau depuis Paris pour interpeller le gouvernement français en termes diplomatiques mais empreints de fermeté, sur les conséquences qui pourraient découler de cette affaire sur les relations bilatérales. Le ministre de la Solidarité, dont il ne fait aucun doute qu'il a été instruit à un haut niveau de l'Etat pour tenir les propos auxquels il s'était livrés vendredi sur Canal Algérie, avait menacé la France, à mots à peine couverts, des pires représailles économiques, rappelant que l'Algérie n'était pas une « République bananière » mais un « Etat souverain et jaloux de sa souveraineté ».LA PRUDENCEDe mémoire d'Algérien, cela fait bien longtemps que l'on n'a pas entendu un ministre ou un haut fonctionnaire algérien, encore moins le chef de l'Etat se permettre une telle liberté de ton et oser des déclarations qui contrastent avec la prudence et les bonnes convenances qui ont toujours caractérisé les relations entre l'Algérie et la France, même au plus fort des crises qui ont jalonné l'histoire tumultueuse entre les deux pays. Hormis l'épisode historique de feu Boumediène en 1974 à la faveur du choc pétrolier de l'époque où il avait pris à partie la France dans des propos virulents et plus près de nous, le président Bouteflika, avec le dossier sur la loi sur la glorification de la présence française en Algérie où il avait ébranlé la classe politique française et les nostalgiques de l'Algérie française en évoquant les pratiques de la torture lors des événements tragiques de mai 1945 en Algérie établissant le lien avec le nazisme. Il est vrai qu'avec cette affaire, le pouvoir - avec à sa tête le président Bouteflika qui n'a eu de cesse de rappeler que l'Algérie a retrouvé sa respectabilité sur le plan international ' ne pouvait pas faire comme si de rien n'était. Alors qu'à travers le diplomate algérien, les insinuations et les non-dits que laissent suggérer du bout des lèvres ' pour le moment ' les accusations pesant sur sa personne, c'est l'Etat algérien qui est mis explicitement en cause. Il reste toutefois à savoir pourquoi le gouvernement a-t-il choisi d'envoyer « au charbon » le ministre en charge de la Solidarité nationale et de la Communauté algérienne à l'étranger alors que le département des Affaires étrangères est politiquement et organiquement le plus indiqué pour plaider ce dossier ' Le gouvernement a-t-il voulu, à ce stade de l'évolution du dossier, ne pas trop politiser l'affaire en la contenant dans les limites d'une violation de liberté, d'un simple cas humanitaire d'un ressortissant algérien victime d'une bavure judiciaire ' Tenus par le ministre des Affaires étrangères, les mêmes propos auraient eu assurément une autre résonance et une autre portée politique. L'Algérie semble avancer prudemment ' avec mollesse selon d'aucuns ' dans la gestion de ce dossier. La sortie médiatique de Djamal Ould Abbas qui n'engage pas que sa personne ou celle de son département ministériel, mais bien évidemment l'Etat algérien, préfigure-t-elle une nouvelle stratégie dans la gestion de cette affaire ' A la position défensive dans laquelle s'étaient réfugiées jusqu'ici les autorités algériennes, on semble à présent privilégier l'attaque. « Il n'y aura pas de procès car le diplomate algérien est innocent », a prévenu Ould Abbas. Il se trouve que le cours suivi par l'instruction de ce dossier mène droit à l'ouverture d'un procès. A présent que le pouvoir algérien est sorti de sa réserve par rapport à cette affaire qu'il n'a vraisemblablement pas pu régler par les voies diplomatiques, eu égard à l'indépendance réelle ou supposée de la justice française, il n'a plus le droit ni de faire preuve encore de patience dans une affaire qui a trop duré, de faire machine arrière.




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