Algérie

Affaire Khalifa : Un procès entré dans l?histoire



Jamais dans l?histoire de la justice algérienne un procès n?a été autant suivi et commenté par la presse mais aussi par l?opinion publique. Il s?agit du procès Khalifa qui a marqué, faut-il le préciser, l?année 2007. D?abord par sa durée, puisqu?il a retenu l?attention des Algériens, durant deux mois et demi, soit 75 jours (du 8 janvier au 22 mars), mais aussi par le fait que, pour la première fois dans l?histoire de l?Algérie, 5 ministres, dont trois en fonction, ont été entendus même en tant que témoins par le tribunal criminel près de la cour de Blida. Il s?agit des ministres des Finances, Mourad Medelci, du Budget, Karim Djoudi, mais aussi de Bouguerra Soltani, ministre sans portefeuille, représentant du président de la République, alors en activité, mais également Abdelmadjid Tebboune et Mohamed Terbèche, respectivement anciens ministres de l?Habitat et des Finances. Mieux, ces hauts fonctionnaires n?ont pas été simplement entendus, mais malmenés par un interrogatoire des plus sévères, mené tantôt par Mme Fatiha Brahimi, présidente du tribunal criminel, tantôt par ses deux conseillers et tantôt par le procureur général. Pour la première fois des ministres de la République dévoilent publiquement leur manque d?intelligence et leur cupidité. Le patron de la centrale syndicale de l?UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, surprend tout le monde, en avouant à la face du tribunal qu?il assumait le faux qu?il a signé et pour lequel des cadres de la Caisse des assurés sociaux (Cnas) ont été condamnés à des peines de prison. Durant ce procès, ce sont également plus d?une cinquantaine de PDG d?OPGI, des caisses d?assurance et d?entreprises publiques qui se sont succédé à la barre, tout comme des dizaines de présidents de clubs sportifs, principalement de football, éclaboussés par des opérations douteuses de sponsoring. Les 75 jours d?audience ont montré la facilité déconcertante avec laquelle Abdelmoumen Khalifa a réussi à ruiner le Trésor public, en corrompant tous les responsables de l?Etat qu?il rencontrait. Le procès a continué à alimenter la presse nationale, après que l?ancien inspecteur général de Khalifa Airways, Mir Ahmed, condamné à 2 ans de prison, eut bénéficié d?une mise en liberté, quelques mois seulement après le verdict, et s?est envolé au Canada, avant même qu?il ne termine sa peine en dehors de la prison. Mais cette affaire ne semble constituer qu?une partie infime de ce dossier colossal, actuellement au niveau de la Cour suprême. Cette haute institution judiciaire a décidé de faire des quatre affaires en instruction (l?acquisition des stations de dessalement de l?eau de mer, Khalifa Airways, Khalifa Construction et les transferts de devises) un seul dossier lié aux transferts illicites de devises. Ce dernier va certainement marquer l?année 2008, puisque des sources judiciaires affirment qu?il est en phase finale et qu?il risque d?être renvoyé devant le tribunal criminel de Blida. Quant à Abdelmoumen Khalifa, même en détention en Grande-Bretagne, il continue à être l?homme par qui les scandales arrivent. Les erreurs volontaires ou liées à l?incompétence contenues dans la demande d?extradition présentée par le département de Tayeb Belaïz (lui même cité dans cette affaire) réduisent à néant les chances de sa remise à la justice algérienne. Une défection qui profite aux tribunaux français lesquels auront le privilège d?avoir entre les mains celui qui détient les secrets de ce que certains appellent les « égouts d?Alger ».


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