Algérie

Affaire Khalifa Bank



Affaire Khalifa Bank
Vingt-deuxième jour du procès en appel de Khalifa Bank, à entendre toujours le même refrain, on se surprend à souhaiter que tout cela cesse et la salle presque vide en témoigne. Les témoignages des uns et des autres se devinent avant même leurs réponses qui se ressemblent : les milliards de dinars déposés auprès de Khalifa Bank à cause des taux d'intérêt dépassant souvent les 12% alors qu'au même moment, les banques publiques revoient à la baisse les leurs qui sont passés de 21% pour certaines à seulement 5 ou 6%. Le timing est plutôt étonnant, comme si on avait voulu pousser les grosses fortunes à changer de banque, mais curieusement, personne n'a voulu soulever ce problème. Enfin, et pour hier, le président du tribunal criminel près la cour de Blida, M. Antar Menouar, a appelé à la barre, en premier, M. Mokrani Mohand-Ameziane qui occupe depuis 1999 le poste de directeur de la coopérative nationale de la sûreté nationale et qui a reconnu que l'institution qu'il dirige a déposé un montant total de 257 millions de dinars auprès de Khalifa Bank pour des taux allant de 12 à 14%. Le témoin rappelle qu'un premier dépôt de 107 millions de dinars a été effectué suite à une décision prise par le conseil d'administration et qu'il a lui-même signé la convention avec le directeur de l'agence de Cheraga.Par la suite, un autre dépôt de 50 millions de dinars a été réalisé auprès de l'agence des Abattoirs de Khalifa Bank avec un taux d'intérêt de 13%. Selon la convention, ce dépôt a été fait pour une durée de deux années, les intérêts étant retirés chaque 3 mois. D'autres dépôts ont suivi avec des taux d'intérêt de plus en plus élevés. Après la mise en liquidation de Khalifa Bank, les responsables de la coopérative ont tenté par tous les moyens de récupérer l'argent déposé mais en vain, ils ne réussirent à se faire rembourser que la somme de 12 millions de dinars par le liquidateur. Le témoin précise qu'au moment où l'administrateur avait été désigné pour diriger Khalifa Bank, il lui a écrit de manière officielle mais la réponse avait été orale et le liquidateur leur avait conseillé, selon les propos du témoin, de ne pas s'inquiéter car la banque marchait très bien. Un autre témoin, M. Saïsse Nacer, ancien directeur de l'entreprise d'assurance des hydrocarbures, abonda dans le même sens et informa le tribunal que c'est son prédécesseur qui avait déposé la somme de 741 millions de dinars auprès de Khalifa Bank. Il déclara que l'entreprise qu'il dirigeait avait ouvert deux comptes courants auprès de l'agence d'El Harrach. Là aussi, le témoin reconnaît que son entreprise n'a pu récupérer que 36 millions de dinars par le biais du liquidateur, sur les 741 millions déposés, en plus des sommes contenues dans les deux comptes courants qui se sont volatilisées. Un autre témoin, d'un autre genre, fut ensuite appelé à la barre par le président, il s'agit d'un ancien employé de l'agence Khalifa Bank de Koléa, M. Chadi Noureddine, qui raconte au tribunal que M. Baïchi, le directeur des transferts de fonds, s'est présenté à l'agence de Koléa où il était employé en compagnie de deux agents et qu'il a pris avec lui la somme de 14 millions de dinars pour les transférer vers la caisse principale.Mais après vérification, le témoin avait découvert que l'argent n'avait pas été porté sur les registres de la caisse principale, ce qui l'a porté à demander des comptes, tout en affirmant qu'il n'acceptait pas qu'on interfère dans son travail, ce qui lui a valu d'être licencié. M. Ouanani Mohamed-Saïd a été employé en qualité de directeur adjoint de l'agence Didouche Mourad de Khalifa Bank entre 2001 et 2003 et a été inculpé dans ce sens avec les autres responsables mais les poursuites contre lui ont été abandonnées quelque temps après. Il déclara que la caisse principale avait envoyé la somme de 5 millions de dinars dans des sacs, mais quand lui et ses subordonnés ont compté l'argent, ils ont découvert que la somme de 20 millions de centimes manquait. Il en a fait part par écrit à la caisse principale mais n'a pas reçu de réponse. M. Krisset Abdelaziz était directeur général de l'Entreprise des travaux aux puits de 1982 à 2002 et affirme que l'entreprise qu'il dirigeait avait effectué un dépôt de 100 millions de dinars en plusieurs tranches. Il affirme que c'était le directeur financier qui avait signé la convention et que lui-même était parti en retraite le mois où la convention avait été signée. Il nia avoir reçu quelque avantage que ce soit. Directeur général de l'Entreprise nationale des peintures de Lakhdaria de 1995 à 2009, M. Hassaïne Madjid déclare que la somme de 400 millions de dinars avait été déposée par l'entreprise qu'il dirigeait car les taux d'intérêt étaient autrement plus intéressants que ceux proposés par les banques publiques. Il nia avoir reçu des avantages en compensation de ses dépôts. Pour cette entreprise aussi, il n'y eut que la somme de 15 millions de dinars représentant les intérêts engrangés qui a pu être récupérée, le reste demeure toujours dans les coffres de Khalifa Bank. Les autres témoins ont fait état de dépôts assez importants auprès de Khalifa Bank, le taux d'intérêt étant toujours cité comme unique cause de ce choix.




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