Algérie

Affaire Khalifa



« Ce n?est pas les déposants qui sont coupables » Permettez-moi de réagir aux informations diffusées dans l?article sur l?affaire Khalifa du 17 août 2004. Etant retraité et étant une des innombrables victimes de l?affaire dite « El Khalifa Bank » comme petit déposant, j?espérais un dénouement juste à cette affaire ou tout au moins connaître un jour les véritables raisons ayant conduit à la cessation d?activités d?El Khalifa Bank. La lecture de l?article cité m?a ôté tout cet espoir ! La démarche initiée par le liquidateur, en saisissant la justice contre les gestionnaires des entreprises publiques ayant placé à terme des liquidités auprès de la banque, rend l?affaire encore plus obscure ! Il y aurait de ce fait des déposants victimes et des déposants coupables ! Mais coupables de quoi ? En m?appuyant sur les faits connus du grand public et en restituant le contexte dans lequel moi-même comme des milliers d?autres clients d?El Khalifa Bank ont déposé leur argent dans un compte à terme, en signant un contrat en bonne et due forme avec une banque agréée, je ne vois pas comment concevoir une responsabilité pénale là où il y a un acte commercial simple ! La victime d?une escroquerie serait, dans ce cas, coupable de n?avoir pas pu s?en préserver. Cela me rappelle une blague très raciste, du Noir américain condamné à titre posthume pour port d?arme prohibé parce que son cadavre portait un couteau planté dans le dos ! La banque pratiquait des taux d?intérêt supérieurs à ceux des autres banques. Si cela était illégal, pourquoi les autorités financières du pays avaient-elles laissé faire ? La banque avait été placée sous la gouvernance d?un administrateur désigné par la Banque d?Algérie, pendant plusieurs mois, sans qu?aucune information officielle soit donnée à l?adresse des clients et fournisseurs de la banque El Khalifa. Si « l?escroquerie » dont il est question dans l?article était connue des autorités financières du pays, pourquoi désigner un administrateur pour gérer El Khalifa Bank alors qu?il fallait mettre immédiatement cette banque sous l?autorité d?un juge qui aurait désigné un administrateur judiciaire pour faire toute la lumière sur les pratiques passées de la banque. C?est bien la première fois qu?une banque de cette importance est mise en liquidation sans administration judiciaire... Comme s?il fallait la liquider d?abord et vite et chercher des coupables ensuite. Demain, un marchand pourrait escroquer sa clientèle et on invoquera le curieux principe que ses victimes n?ont pas pu s?en prémunir. Une façon de disculper les responsables institutionnels du pays ! Nous serions alors sous le règne de la loi de la jungle ! Que faisait la Commission de surveillance des banques ? Que faisait le fisc ? Que faisait la banque des banques ? Rien. Ils laissaient les clients répondre à l?offre commerciale de la banque jusqu?à ce qu?il soit décidé d?arrêter le fonctionnement de cette banque. Considérer aujourd?hui qu?il existe une différence de nature entre un déposant privé, personne morale ou physique, et un déposant « public », lesquels, ensemble sont désormais régis par le même code de commerce, appelle de sérieuses remarques : L?argent des sociétés privées n?aurait pas la même nature que celui des entreprises publiques ? Une différence de nature de patrimoine ? L?un serait sous l??il vigilant de notre liquidateur et l?autre ne méritant pas qu?on s?y intéresse ? Il y aurait tout intérêt alors à étatiser toutes les entreprises privées du pays ! Un manager a placé sur le marché des liquidités oisives. Après coup, il s?est avéré que la banque aurait commis des irrégularités, et une cessation d?activité a été décidée. Encore une fois, nous ignorons tout de ces « irrégularités » tant qu?un juge disant le droit au nom du peuple ne l?a pas établi ! Voilà donc des « irrégularités » non établies par un jugement régulier, qu?on annonce le jugement des gestionnaires qui n?auraient pas su « prendre les mesures nécessaires pour se préserver d?une éventuelle escroquerie ». Merci pour « éventuelle », dans l?article, et selon les déclarations du Premier ministre, il s?agit bien d?une escroquerie réelle ! Mon désespoir est sans limite ! Car dans cette obscure affaire, les seules certitudes sont affligeantes : Une banque, personne morale régie par des lois, est mise en liquidation hors les lois de la République, dans l?ignorance des droits des tiers notamment, y compris les clients institutionnels ! Un liquidateur saisit la justice « avec un dossier bien ficelé » pour mettre en cause un catégorie de la clientèle d?El Khalifa Bank. L?accusation d?escroquerie demeure à ce jour extrajudiciaire et ne peut emporter de conviction tant qu?un jugement régulier n?est pas rendu en l?espèce. Les conséquences sont effarantes ! Quel avenir pour le développement de l?économie ? Il est clair que l?économie privée a reçu un choc inhibiteur pour au moins une génération d?entrepreneurs. Quid de l?économie étatique ? Quelle mode de management induirait ce procès en sorcellerie ? Le meilleur manager serait celui qui ne fait rien, on en a du reste tellement déjà dans nos sociétés nationales, qu?il faudrait songer à un concours pour distinguer celui qui excelle dans le « rien ». Et les autres ? Il serait naïf de croire que l?affaire Khalifa laisse indifférents nos partenaires potentiels. Ils scrutent avec beaucoup d?attention la manière dont nos institutions réagissent et se comportent. Excellent test de « bonne gouvernance »... A tout le moins très opaque jusqu?à ce jour. Et ce n?est pas l?audition de quelques malheureux gestionnaires étatiques qui les emballerait à investir dans notre pays. Une dernière question : de grâce, pourquoi nous présenter de prétendus coupables en lieu et place de la « vérité » ?


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