Algérie

Affaire «John Crane» 18 hauts cadres de Sonatrach en liberté provisoire



18 hauts cadres du groupe Sonatrach sur les 104 auditionnés mercredi dernier, par deux juges instructeurs près le tribunal d'El-Harrach, ont été laissés en liberté provisoire. Il ne s'agit pas de simples fonctionnaires mais des hauts cadres de Sonatrach (des directeurs de raffinerie, des directeurs de filiales et des directeurs de finances et de comptabilité). Ces hauts cadres du groupe Sonatrach, exerçant principalement dans les raffineries de Baraki, Mahalma, Skikda et Arzew sont soupçonnés d'avoir conclu des marchés contraires à la réglementation, pour le compte de plusieurs filiales du groupe Sonatrach, avec l'entreprise française «John Crane». Les contrats portent sur la fourniture d'équipements, plus spécialement des pièces de rechange, destinées à des unités à Arzew et Skikda. C'est ce qui a été confirmé jeudi dernier, par le commandant de la section de recherches de la gendarmerie nationale, lors d'une conférence de presse, tenue au siège du groupement de la wilaya d'Alger. Ces hauts cadres du groupe Sonatrach, selon les enquêteurs, ont conclu des marchés non conformes à la réglementation, principalement avec l'entreprise «John Crane», spécialisée dans la fabrication mécanique dans les domaines pétrochimiques et pétroliers. Selon les mêmes sources, les principaux représentants de l'entreprise française «John Crane» installée en Algérie, ne sont que des anciens cadres de la Sonatrach. Ce qui a fait qu'une quasi-exclusivité et un monopole sans partage était exercé par cette entreprise française dont les soumissions sont retenues et sélectionnées lors des ouvertures de plis, à la suite des appels d'offres. Selon l'enquête, les anciens cadres de la Sonatrach qui sont à la tête de «John Crane Algérie» ont trouvé une facilité auprès de certains responsables du groupe Sonatrach, pour jouir d'une certaine complaisance dans l'obtention de marchés. Le conférencier a également précisé que les transactions et toutes les procédures se faisant après l'ouverture des plis et après la sélection de John Crane, se faisaient dans une confidentialité absolue. Le commandant de la section de recherche, sans donner de chiffres exacts, a indiqué que le préjudice économique est énorme. «Ce sont des pertes de millions de dollars» a-t-il souligné. Le commandant de la section de recherche a également affirmé que l'affaire a été déclenchée, en 2005, après le dépôt de plainte du ministère de l'Energie et des Mines au niveau de la Gendarmerie nationale, après avoir constaté des irrégularités dans la passation de marchés entre le groupe Sonatrach et le fournisseur des pièces mécaniques «John Crane». Rappelons que le ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil avait déjà évoqué dans le cadre de ce qui a été appelé «l'affaire des cadres écartés» de Sonatrach durant l'été 2005, que John Crane n'aura plus la possibilité de se voir attribuer un marché dans le secteur de l'énergie et des mines. Il avait même précisé, à l'époque, que les marchés signés et non encore engagés seront annulés et le reste à réaliser des contrats signés sera gelé. Le ministre avait en ce temps-là, précisé que des poursuites judiciaires à l'encontre de ces fournisseurs seraient envisagées par les entreprises. Il avait également informé le PDG de la Sonatrach que les opérateurs algériens «seront sanctionnés pour avoir manqué de professionnalisme et de rigueur dans la conduite des opérations de gestion des affaires économiques dus à l'absence de contrôle». Le département de Chakib Khelil avait reproché aux entreprises algériennes un manque de professionnalisme, pour avoir considéré la garniture mécanique comme étant une pièce spécifique, alors qu'elle relève du domaine public, excepté la garniture mécanique gaz. Ce qui a été également reproché en 2005, au fournisseur John Crane est la surfacturation des garnitures mécaniques complètes, facturées entre 10 et 20 fois de plus que leur prix sur les marchés européens. Idem pour les consommables tels que les ressorts, joints et le reste qui ont été vendus par John Crane aux sociétés algériennes, à des prix 100 fois supérieurs aux prix du marché européen. L'affaire est aujourd'hui entre les mains de la justice. «Il ne s'agit pas d'une simple affaire», a précisé le commandant de la section de recherche de la gendarmerie nationale qui a refusé d'évoquer les détails, du fait que l'affaire est toujours en instruction et que l'enquête judiciaire se poursuit. Pour le moment, plus de 104 personnes ont été auditionnées par les juges instructeurs, et ce, durant toute la journée de mercredi, «jusqu'à minuit», nous dit-on. 18 hauts cadres ont été laissés en liberté provisoire, et d'autres répondront à des citations directes.


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