L'affaire du transfert illégal de capitaux de l'Algérie vers l'Espagne a
été reportée au 15 décembre. Prévu jeudi devant le pôle spécialisé du Centre, sis
tribunal de Sidi M'Hamed (Alger), ce procès de crime
économique impliquant 53 personnes, a été différé sous trentaine, à la demande
d'avocats. Raison de ce deuxième renvoi consécutif : le cadre «inapproprié» de
l'audience, avec, en prime, une salle disproportionnée par rapport à
l'envergure du procès. Un motif technique qui revient presque mécaniquement
dans la chronique judiciaire nationale dès qu'il s'agit d'un méga-procès, en termes d'ampleur du dossier et du nombre de
mis en cause. L'affaire BCIA, jugée devant le tribunal criminel d'Oran, en
février 2007, en est l'exemple le plus révélateur.
Le branle-bas de combat a commencé, tôt le matin, dans l'exigu prétoire
et la salle des pas perdus. Une nuée de robes noires qui débordait de l'étroite
salle audience, s'est ébranlée dès l'appel du dossier par le tribunal. C'est
presque la confusion générale dans un prétoire en mal d'espace.
Le fait d'avoir enrôlé ce procès fort consistant et très technique parmi
un gros paquet hétéroclyte de dossiers, dont certains
ayant trait au trafic de drogue, n'arrangeait en rien les choses. C'était une
décision déraisonnable, estimaient à l'unisson les avocats. «A défaut d'un
espace adéquat pour un procès de cette taille, le bon sens, à lui seul, aurait
voulu qu'on lui réserve une audience spéciale», remarque Me Fahim
Hadj Habib, le conseil de l'un des 27 prévenus originaires de l'Oranie. Signe de la mauvaise organisation : le président
d'audience a dû ordonner de «desservir» l'une des banquettes réservées au
public pour faire asseoir un groupe d'accusés.
Les toges noires se sont massées au pied de la tribune pour réclamer de
pied ferme, le report de l'audience, estimant - à juste titre - qu'il était
impossible de tenir le procès dans de telles circonstances. Au bout de 2 heures
de discussions, entrecoupées d'incidents quoique majeurs et sans gravité, le
juge a dû se plier à l'exigence des avocats. Le procès aura lieu finalement le 15
décembre. Une audience lui sera consacrée à titre exclusif.
Au total, 53 personnes, entre businessmen, commerçants et passeurs de
devises, sont poursuivies dans cette affaire. Elles doivent répondre des délits
de contrebande (de devises), le transfert illégal de capitaux vers l'étranger
en violation de la loi sur les changes et les mouvements de capitaux, ainsi que
du blanchiment.
A l'origine du déclenchement de l'affaire, une liste «noire» de 43 noms
d'Algériens suspectés d'appartenir à un réseau transfrontalier de soutien
financier au terrorisme et au crime organisé, transmises par les autorités
espagnoles à l'Algérie, en milieu de l'année 2009. Menées dans le cadre de la
traque des fonds susceptibles de financer le terrorisme et le grand banditisme,
des recherches pour définir la traçabilité des fonds
transférés par des Algériens vers le marché ibérique, en passant outre le
circuit bancaire et fiscal, ont accouché de cette liste nominative. Au total, plus
de 600 millions d'euros ont été transférés de l'Algérie vers l'Espagne, où ils
ont alimenté, en cash, des transactions d'import-export ou carrément blanchi, en
fin de circuit, dans l'immobilier, selon l'accusation.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 19/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com