Algérie

Affaire du Niqab au lycée de Bordj Ménaïel



L'appel lancé par un groupe de salafistes en signe de désapprobation de la décision de la Direction de l'éducation de Boumerdès d'obliger une élève du lycée Khoudi-Saïd de Bordj Menaïel, qui portait le niqab, de dévoiler son visage à l'intérieur de l'établissement, n'a pas eu l'écho escompté par ses initiateurs.La plupart des citoyens, notamment les parents d'élèves, rencontrés jeudi à Bordj Menaïel se sont montrés solidaires avec la directrice de ce lycée qui, selon eux, n'a fait que son devoir pour protéger l'élève mais aussi l'établissement qui est ?situé dans une zone très sensible?. Mais le soutien le plus important apporté à la directrice est celui émanant du cheikh Nour de la zaouïa de Sidi-Abderrahmane-Ethaâlibi, l'une des plus grandes zaouïas du pays.
Contacté hier, cheikh Nour a indiqué que ?la décision de la directrice de l'établissement est conforme aux préceptes de l'islam et elle a eu raison de demander à l'élève de dévoiler son visage dans l'établissement car le visage et les mains ne sont pas considérés comme des parties du corps à dissimuler obligatoirement?, a-t-il précisé, se référant aux fatwas des ulémas notamment ceux d'El-Azhar. ?Ce problème a aussi une relation directe avec la sécurité de l'établissement et de la région en général?, a-t-il ajouté. Notre interlocuteur s'est félicité de l'attitude des parents qui se sont montrés ?compréhensibles?, soulignant que ?cette élève a besoin de conseils et de soutien?. ?Et si cette élève se présente chez le médecin, va-t-elle se présenter avec un visage voilé '? s'est-il encore interrogé. Des syndicalistes du Cnapest et du Satef ont également appuyé la décision de la directrice du lycée Khoudi-Saïd de Bordj Menaïel. Ainsi, pour Si Youcef, membre du conseil national du Cnapest, ?la décision prise par les responsables est très logique?.
?Comment peut-on accepter une élève avec un visage caché?, s'est-il demandé, avant d'ajouter : ?n'importe quel chef d'établissement aurait réagi de la même façon.? Cet avis est partagé également par le coordinateur du Satef, M. Mustapha, qui a fait savoir qu'?un visage dissimulé d'une élève n'est pas conforme à celui de la photo figurant sur sa pièce d'identité?. ?Les enseignants sont sommés de reconnaître les élèves se trouvant dans la salle pour le bon déroulement des cours?, a-t-il soutenu.
De son côté, un responsable d'une association culturelle de Bordj Menaïel a, lui aussi, trouvé ?juste et logique la décision de la directrice de l'établissement, d'autant plus que celui-ci est situé dans un endroit connu pour avoir été le théâtre de nombreux attentats à la bombe?. Ce qui expose, selon lui, la vie des élèves au danger. De leur côté, ces derniers avouent qu'ils n'ont pas pu reconnaître leur camarade avec sa nouvelle tenue. ?L'intendante de l'établissement pensait avoir affaire à une parente d'élève et l'a invitée à se rapprocher du bureau du surveillant général. Et ce n'est quelques instants plus tard qu'elle s'est rendu compte qu'il s'agissait d'une élevé de 1re année.? La seule voix discordante est venue des milieux salafistes. ?Montrez-nous quelle est la loi de la charia qui interdit à une élève de porter le niqab dans un établissement scolaire?, affirme Saïd, un militant d'un parti islamiste, sous le couvert de l'anonymat. Un autre estime qu'?il existe un vide juridique dans ce sens puisque le règlement intérieur de l'établissement ne parle que de tenue correcte sans plus?.
Interrogée avant-hier, la directrice du lycée en question affirme ?n'avoir jamais empêché la fille de suivre les cours?. ?Après m'avoir entretenu avec mes responsables, j'ai demandé à cette élève juste de dévoiler son visage une fois à l'intérieur de l'établissement pour se faire connaître?, a-t-elle indiqué. Et d'enchaîner : ?Nous avons pris cette décision avec l'accord des parents de l'élève pour le bon fonctionnement du lycée, mais aussi pour la sécurité de l'élève elle-même ainsi que la sécurité intérieure et extérieure de l'établissement.? De son côté, la directrice de wilaya de l'éducation de Boumerdès, Mme Gaïd Sonia, a qualifié ce problème de ?non-événement? et s'est interrogée sur les raisons de cette polémique qui n'a pas eu lieu d'être. ?Nous avons convoqué les parents de l'élève et on a convenu avec leur accord de demander à leur fille d'exhiber son visage dès qu'elle accède à son établissement?.
Mme Gaïd rappelle que l'élève a commencé à porter le niqab depuis une dizaine de jours. Par ailleurs, un communiqué a été rendu public la semaine dernière par la Direction de l'éducation dans lequel elle revient sur cette affaire précisant que l'élève suit ses cours le plus normalement du monde avec ses camarades et n'a fait l'objet d'aucune pression.
M. T.


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