Algérie

Affaire du meurtre de Kerroumi: La demande de contre-expertise rejetée



L'affaire du meurtre de l'enseignant universitaire Ahmed Kerroumi à Oran revient et chaque détail, chaque petit objet de la scène du crime, a son importance. Deux éléments prélevés par les enquêteurs dans le local du parti MDS, 7, rue Chanzy, quartier de Sidi El-Bachir (ex-Plateau St-Michel), Oran, où avait été retrouvé le corps de la victime, le 23 avril 2011, sont au centre d'un nouvel épisode judiciaire de cette affaire. Il s'agit des traces d'une substance «indéterminée» prélevée sur le scooter du présumé auteur du crime, B. Mohamed, et des empreintes digitales détectées sur un papier journal. La chambre d'accusation près la cour d'Oran devait hier se prononcer sur les demandes formulées par les avocats de l'inculpé, relatives à ces deux pièces à conviction. En clair, la défense réclamait le retrait pur et simple du premier élément, en l'occurrence «la selle de la moto entachée d'une matière qui était donnée, au début, comme étant du sang, mais s'est avérée, finalement, une autre substance indéterminée.» «Soit on effectue une contre-expertise pour déterminer la nature exacte de cette matière, soit, à défaut, on écarte cet élément à charge et on n'en reparlera plus», fait remarquer un des avocats du suspect, placé sous mandat de dépôt pour assassinat, il y a près de sept mois. Idem pour l'autre élément, le bout de papier journal sur lequel les enquêteurs ont prélevé des empreintes digitales correspondant au suspect.

«Nous avons demandé le droit de consulter cette pièce, mais en vain. Nous ne savons même pas de quel titre de journal s'agit-il, lequel détail est sans importance au demeurant. Mais nous avons pu savoir qu'il s'agit d'une édition datée du 18 février 1995. Or, que faisait un journal vieux de 16 ans sur le bureau du défunt professeur ? Avec ce détail intriguant, selon l'expertise, on aurait décelé dessus des empreintes digitales de B. Mohamed, selon une configuration qui laisse à penser que celui-ci était en train de lire ce journal.» Il y a lieu de rappeler que le juge d'instruction avait procédé à une reconstitution des faits. A cet effet, le mis en cause a été transféré de la prison d'Oran au lieu (supposé) du crime, le local du MDS. Mais cet acte d'investigation n'a rien donné. Par ailleurs, un autre élément très important est sujet à débat: le listing des appels téléphoniques reçus et émis par le portable de Kerroumi tout au long de son éclipse. La défense trouve à redire sur le compte rendu établi par l'opérateur de téléphonie mobile via commission rogatoire du magistrat instructeur. Plusieurs griefs sont formulés par les avocats de la personne mise en examen s'agissant de cet élément technique, notamment la censure de certains appels ainsi que la non-précision, pour certains appels, des endroits par le système de géolocalisation GPS qu'offre la technologie GSM.

En revanche, et contrairement à ce qu'on laissait accroire au début, il est avéré aujourd'hui qu'il s'agit d'un crime violent et d'une rare monstruosité, comme l'a démontré d'ailleurs l'autopsie. En effet, le rapport du service médico-légal du CHU d'Oran fait état, au titre de l'examen de l'ensemble de la surface corporelle, d'une plaie vitale contuse de 3 cm au niveau du vertex, une excoriation arrondie contuse croûteuse de 3 cm, de multiples excoriations ecchymotiques au niveau de la région pariéto-frontale droite, une plaie vitale de la face interne de la joue droite avec une luxation de la 21e incisive (dent), entre autres. L'autopsie révèle aussi une infiltration hémorragique fronto-pariétale droite, une infiltration hémorragique du muscle temporal droit ainsi que des traces de violence au niveau du cou, la cavité thoracique, la cavité abdominale, entre autres. Dans leurs conclusions, les médecins légistes notent que «la mort est en rapport avec un poly-traumatisme crânien qui s'est déroulé en deux phases. La 1re: la victime a reçu un premier coup au niveau du vertex à l'aide d'un objet contondant acéré. La 2e: s'ensuit une chute sur la cuvette des toilettes; l'agresseur a maintenu et projeté violement et de façon itérative la tête contre le support de la cuvette, jusqu'à fracasser la cuvette. La victime a traîné son corps en dehors des toilettes puis a sombré dans un état comateux estimé à trois jours. Il n'y a aucun signe de lutte ou de défense.» Cependant, plusieurs zones d'ombre persistent: le mobile du crime, la disparition de la voiture de la victime (une P-206 noire), entre autres.

A l'issue des délibérations, la chambre d'accusation a rejeté la demande de contre-expertise formulée par la défense.




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